Kraven, le chasseur – “Chasse ou sois chassé”

CRITIQUE DU FILM – Bien qu’il soit plus proche de Morbius que de Venom, Kraven, le chasseur est loin de la catastrophe annoncée par beaucoup. Ce film propose une dose respectable d’adrénaline, mêlant action sanglante et aventures à travers le globe. Aaron Taylor-Johnson incarne avec charisme et force un protagoniste sûr de lui, ancrant une œuvre qui aurait gagné à se démarquer davantage de l’ombre de ses homologues issus des comics.

 

L’univers Spider-Man de Sony (SSU) a reçu, pour le dire poliment, un accueil mitigé. Au mieux, ses films sont perçus comme des tentatives correctes ; au pire, ils sont qualifiés de désastres embarrassants. Cette réputation a été encore aggravée par les échecs cuisants de Madame Web et de Venom : Let There Be Carnage cette année. Ces films semblent sceller définitivement les chances de Sony de construire une chronologie axée sur des super-vilains parallèlement au MCU.

 

 

Chasses sanglantes et violence exacerbée

 

Après plus d’un an de retard, Kraven, le chasseur était largement considéré comme le dernier clou dans le cercueil du SSU. Contre toute attente, la mise en scène de J.C. Chandor insuffle une énergie inattendue, grâce à des séquences d’action chorégraphiées avec précision, rendant le film bien plus divertissant que ce que prévoyaient les sceptiques.

L’insistance de Chandor sur une classification R (équivalente à une interdiction aux moins de 18 ans en Hongrie) s’avère cruciale : le film atténue à peine la soif de sang de Kraven et ses instincts primaires. Une scène marquante – aperçue dans la bande-annonce interdite aux mineurs – montre Kraven utilisant un piège à ours, une bûche hérissée de pointes et un découpeur de fortune contre ses poursuivants. L’arsenal comprend également un couteau en dent de lion et une arbalète imposante, soulignant davantage la brutalité du personnage.

Aaron Taylor-Johnson brille par sa férocité naturelle, incarnant un Kraven qui grimpe aux murs, escalade les arbres, esquive les balles et impressionne avec sa vision télescopique et son ouïe surhumaine. Son Kraven est à la fois vaniteux et redoutable, n’hésitant pas à se vanter d’être capable de défier le destin lui-même.

 

Kraven the Hunter

 

La dent de lion : la naissance d’un chasseur

 

Le film explore en profondeur l’histoire de Sergei Kravinoff. Le jeune Sergei (interprété par Levi Miller, connu pour Pan) subit une épreuve symbolique face à un lion numérique rappelant Mufasa. Ce moment clé s’ancre dans une expédition de chasse au Ghana, menée aux côtés de son père mafieux Nikolai (Russell Crowe) et de son demi-frère lâche Dmitri (Billy Barratt).

Sauvé d’une mort certaine par une voyante locale mystique – qui se révèle plus tard être Calypso, jouée par Ariana DeBose –, Sergei reçoit un élixir modifiant son ADN, le transformant en « chasseur-né ». Cette transformation lui confère des capacités similaires à celles du Docteur Dolittle, lui permettant de communiquer avec les animaux et de trouver le courage d’affronter son père tyrannique, au prix d’abandonner Dmitri aux griffes glaciales de Nikolai.

Dans le présent, Kraven traque méthodiquement les cibles figurant sur une liste mortelle. Sa première victime est un chef mafieux russe dont la prison sibérienne apparemment imprenable ne résiste pas à l’ingéniosité de Kraven. Une autre cible, un chasseur de buffles, paie le prix fort pour avoir tué sur les terres sacrées de Kraven.

Alors que les tensions s’intensifient, Nikolai entre en conflit avec un gangster rival. Dmitri, désormais incarné par Fred Hechinger (Gladiator II), devient une monnaie d’échange, kidnappé comme levier de négociation. Le Nikolai de Crowe rejette toute idée de capitulation en déclarant : « Si je paie, je suis faible ! » La tâche revient donc à Kraven de neutraliser Aleksei (Alessandro Nivola) dans une démonstration brutale destinée à faire passer un message.

 

 

Russell Crowe vole la vedette

 

Heureusement, Russell Crowe élève même le matériau le plus moyen. Ses maximes paternelles (« Ne crains pas la mort ! », « Sois en harmonie avec la nature ! », « Tue toujours ! ») et ses conseils sur les plaisirs de l’alcool (« Verse comme pour un homme, pas un garçon ! ») insufflent du charisme à chaque scène où il apparaît. La présence de Crowe est si captivante que les spectateurs souhaiteraient qu’il ait davantage de temps à l’écran.

J.C. Chandor offre à Nikolai une conclusion digne de Shakespeare, ponctuée par un hommage subtil à L’Impasse de Brian De Palma. Avec sa bande originale émouvante inspirée de L’Appel de la forêt et ses éléments habilement empruntés, le film trouve un équilibre entre hommage et originalité.

Bien que Kraven, le chasseur ne révolutionne pas le genre des films de super-héros, sa classification R et ses séquences d’action sanglantes le distinguent de l’offre habituelle de l’univers cinématographique de Sony. Aaron Taylor-Johnson incarne Kraven avec assurance, tandis que les scènes de Russell Crowe sont particulièrement mémorables. Malgré ses imperfections, le film offre suffisamment de dynamisme et de brutalité pour divertir dans sa catégorie.

-Gergely Herpai « BadSector »-

Kraven, le chasseur

Direction - 5.6
Acteurs - 7.2
Histoire - 4.6
Visuels/Musique/Sons/Action - 6.1
Ambiance - 6.2

5.9

MÉDIOCRE

Kraven, le chasseur ne bouleverse pas le paysage des films de super-héros, mais sa violence classée R et son action intense lui confèrent un avantage dans l’univers Spider-Man de Sony. Aaron Taylor-Johnson brille en Kraven, apportant assurance et physicalité, tandis que Russell Crowe offre une performance remarquable. Malgré ses défauts, le film propose une expérience brutale et rapide pour les amateurs du genre.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)

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