CRITIQUE DE SÉRIE – Il y a quelques années, en entendant parler de The Bear, jamais je n’aurais imaginé que cette série deviendrait, pour moi, l’une des meilleures de tous les temps. Aujourd’hui, après la fin de la saison 4, je peux l’affirmer : chaque élément de cette série est pensé, ciselé, peaufiné à la perfection, comme un menu dégustation signé par le meilleur chef du monde. The Bear s’est hissée au sommet de mon panthéon personnel des séries.
Et pourtant, si je devais la recommander, ce ne serait pas une mince affaire… car, malgré toutes ses qualités, je sais que The Bear ne sera pas au goût de tout le monde.
« Chaque seconde compte »
Mettons les choses au clair d’emblée : même si les deux premières saisons débutent sur une note légère, ponctuée de traits d’humour, sous la surface, on a affaire à un vrai drame, intense et profond.
Le pitch de base – un jeune chef de génie, formé dans les plus grands établissements culinaires, qui revient chez lui pour reprendre le restaurant familial légué par son frère suicidé – peut sembler moins palpitant, au premier abord, qu’un prof de chimie malade qui vire baron de la drogue. Mais faites-moi confiance : cette série vous embarque sur des montagnes russes émotionnelles, à rire et pleurer presque dans la même scène.
Au-delà de la vie de l’établissement, ce sont des fils narratifs lourds de deuil, de traumatismes, de douleurs inexprimées, de relations humaines cabossées et de quête de rédemption qui secouent le spectateur.
Je n’en dis pas plus : le mieux est de vivre ces émotions par soi-même. Mais la vraie force, c’est l’écriture, chirurgicale : pas une ligne superflue, pas une réplique en trop. Comme le dit la série, « chaque seconde compte » – et c’est terriblement vrai ici. Chaque regard, chaque silence, chaque infime moment est minutieusement pensé et exécuté. Du grand art scénaristique.
« Oui chef ! » – Le casting, recette d’excellence
Impossible d’évoquer The Bear sans saluer les prestations hallucinantes des comédiens. Les rôles principaux – Jeremy Allen White, Ayo Edebiri (qui réalise aussi plusieurs épisodes), Ebon Moss-Bachrach, Liza Colón-Zayas – livrent des performances parmi les plus justes et bouleversantes vues sur le petit écran. Chaque micro-expression, chaque nuance, tout sonne juste. Chacun porte ses fêlures, ses démons, et évolue réellement au fil des saisons. C’est l’une des plus grandes forces de la série.
Côté seconds rôles, Jamie Lee Curtis et Jon Bernthal apportent la cerise sur le gâteau. Jamie Lee n’apparaît que rarement, mais à chaque fois, elle envahit l’écran d’une intensité rarement vue. On en garde le souffle coupé, impossible d’oublier ses scènes.
Honnêtement, je me demande encore comment une telle concentration de talent a pu se retrouver sur une même série. On sent que chaque comédien donne tout ce qu’il a, sans exception. Je pourrais parler pendant des heures de chaque moment marquant, tant il y en a.
Visuel, ambiance, saveurs – Un festin pour les sens
L’un des points qui sautent immédiatement aux yeux dans The Bear, c’est la beauté et l’inventivité de la mise en scène.
Impossible d’oublier l’épisode plan-séquence de la première saison, plongée dans le chaos total de la cuisine. Mais il y a aussi ces panoramas urbains sublimes, ces angles de caméra toujours inspirés.
Parfois, on aperçoit un plat à l’écran pendant deux secondes, et on se dit : « Mon Dieu, combien de temps a-t-il fallu pour créer ce chef-d’œuvre juste pour un plan fugace ? »
Et que dire de la bande-son ? Jamais, ou si rarement, une série n’aura proposé un tel choix musical, aussi parfait, aussi en phase avec chaque instant. Cela contribue grandement à l’aura unique de la série.
Je sais que le public français a tendance à bouder la VO sous-titrée… À l’heure où j’écris ces lignes, les saisons 3 et 4 sont disponibles en VF, mais écoutez-moi bien : regardez The Bear en version originale. Le doublage n’est pas mauvais, honnêtement – mais il manque quelque chose d’essentiel, d’indéfinissable.
Un autre point qui peut déstabiliser : The Bear n’est pas une série légère ou « binge watch » facile. Sous la surface, c’est un drame pur et dur, parfois difficile à encaisser malgré le format court. Il faudra digérer, parfois laisser infuser les épisodes. Ce n’est pas une série à engloutir d’une traite.
Un menu émotionnel – Ce que The Bear laisse en héritage
Je pense que c’est assez clair : cette série m’a littéralement avalé tout entier.
Je n’oublierai jamais comment la fin de la saison 2 m’a laissé en apnée – chaque jour d’attente pour la nouvelle saison m’a semblé une éternité, je n’avais rien attendu avec autant d’impatience depuis longtemps.
Voilà des années qu’une série ne m’avait pas autant remué, en dépassant sans cesse des attentes déjà très hautes.
Alors merci, sincèrement, pour l’expérience, les rires, les larmes… tout.
J’espère vraiment que The Bear raflera tous les prix possibles, elle les mérite de tout cœur.
Cette année, j’attends un feu d’artifice du final de Stranger Things… mais en toute honnêteté, The Bear a déjà gagné mon cœur depuis longtemps, et cette saison n’a fait que confirmer ce sentiment.
—Sonny Cavalera—
The Bear
Direction - 10
Acteurs - 10
Történet - 9.5
Visuels/Musique/Sons - 10
Ambiance - 10
9.9
The Bear est tout simplement l’une des séries les plus marquantes de ces dernières années : chaque scène déborde de passion, de recherche de perfection et d’une profondeur émotionnelle rare. Un casting impeccable, une écriture ciselée, une esthétique soignée – c’est une série qui vous donne faim… et vous rassasie en même temps. S’il ne fallait voir qu’une seule nouveauté en version originale cette année, que ce soit celle-là : une expérience générationnelle qu’on n’est pas près d’oublier.