Y avait-il de la vie sur PC avant Baldur’s Gate ? – L’âge d’or des jeux de rôle Dungeons & Dragons sur PC et consoles

RETRO – Le nom de Dungeons & Dragons, ou D&D pour les intimes, ne désigne pas simplement un jeu ; c’est un univers, une culture à part entière. Ce jeu de rôle sur table, le plus ancien et le plus populaire au monde, a laissé une empreinte indélébile dans le monde du pixel. Que ce soient les adolescents geeks à lunettes ou les gamers hardcore plus âgés, tous étaient scotchés à leurs écrans quand le studio SSI (Strategic Simulations, Inc.) a ramené la magie du D&D numérique à la vie dans les années 80 et 90, comme on a pu le voir dans la série Stranger Things sur Netflix. Prêts pour un voyage nostalgique?

 

Lorsque le jeu de rôle papier et crayon Dungeons & Dragons a fait ses premiers pas dans le monde numérique à la fin des années 1980, il a offert une expérience révolutionnaire aux joueurs de l’époque. À l’apogée du genre RPG numérique, plusieurs titres prestigieux ont vu le jour, non seulement adaptant les règles du D&D à l’environnement informatique, mais aussi les améliorant. Durant cette période, SSI a joué un rôle de pionnier, proposant des aventures allant des écrans PC aux écrans du Commodore, reflétant tout ce que le monde de la fantasy avait à offrir.

 

These Directors are Restoring Classic D&D Gold Box Games, More May Be on the Way - Bell of Lost Souls

SSI : Les premiers pas

 

SSI a été fondée en 1979 par Joel Billings, un fervent admirateur des jeux de stratégie militaire et de D&D. Initialement, SSI produisait principalement des jeux de guerre, mais en 1987, elle a acquis la licence D&D de TSR, le détenteur des droits à l’époque. Cela a donné naissance à la célèbre série “Gold Box”, ainsi nommée d’après les boîtiers dorés dans lesquels les jeux étaient vendus. Le premier de cette série, Pool of Radiance, a été lancé en 1988 sur PC, Commodore 64, Amiga, et d’autres plateformes. Il offrait une aventure captivante dans le monde des Forgotten Realms, où les joueurs pouvaient contrôler une équipe de quatre. Le jeu utilisait les règles de la première édition du D&D, adaptées au moteur propriétaire de SSI. Le gameplay se divisait en deux parties : une carte de la ville en vue isométrique, où les joueurs pouvaient interagir avec les PNJ, acheter et explorer, et une carte de combat en vue externe, où des batailles tactiques étaient menées contre les ennemis.

Pool of Radiance - Alchetron, The Free Social Encyclopedia

Le succès de Pool of Radiance a donné lieu à plusieurs suites, dont Curse of the Azure Bonds (1989), Secret of the Silver Blades (1990) et Pools of Darkness (1991). Ces jeux sont souvent regroupés sous le nom de “quatuor de Pool of Radiance”, car ils permettent de transférer le même groupe de personnages d’un jeu à l’autre. D’autres jeux Gold Box ont également été lancés, comme la série située dans le monde de Dragonlance : Champions of Krynn (1990), Death Knights of Krynn (1991), et The Dark Queen of Krynn (1992), ainsi que ceux basés dans l’univers de Buck Rogers, Countdown to Doomsday (1990) et Matrix Cubed (1992).

Tous ces jeux se caractérisaient par une création de personnage détaillée, des quêtes variées, des combats exigeants et une narration riche. Toutefois, la qualité de leur graphisme et de leur son était limitée et peu de progrès ont été réalisés au fil des ans. Le moteur Gold Box, bien que performant à ses débuts, a fini par montrer ses limites face aux nouvelles technologies, poussant SSI à le remplacer.

 

Des expériences sur console : Commodore 64 et Commodore Amiga

 

SSI ne s’est pas contentée de dominer sur PC ; elle s’est rapidement étendue aux plateformes Commodore 64 et Amiga. Les jeux adaptés pour ces plateformes ont renforcé la réputation de SSI. Malgré une interface simplifiée et des graphiques plus basiques, les versions console offraient une expérience de haute qualité.
Le nouveau moteur de SSI a fait ses débuts dans le jeu “Eye of the Beholder”, sorti en 1991 sur PC et Amiga, développé par Westwood Studios. “Eye of the Beholder” était un autre jeu Forgotten Realms où l’on pouvait diriger une équipe de quatre personnes dans un immense labyrinthe. Le jeu utilisait les règles D&D de la seconde édition et mettait davantage l’accent sur l’exploration et les énigmes que les jeux Gold Box. Sa qualité graphique et sonore étaient supérieures à ses prédécesseurs, et le gameplay était plus rapide et fluide.

“Eye of the Beholder” a eu deux suites : “Eye of the Beholder II: The Legend of Darkmoon” (1991) et “Eye of the Beholder III: Assault on Myth Drannor” (1993). Ces jeux ont renforcé les qualités du premier opus en offrant de nouveaux lieux, ennemis et défis. La série “Eye of the Beholder” est devenue très populaire parmi les fans de D&D, et beaucoup la considèrent comme l’un des meilleurs jeux de rôle.

 

 

Un “jour sombre” qui détruit tout…

 

Le second moteur inédit de SSI a été présenté dans le jeu “Dark Sun”, sorti en 1993 sur PC. “Dark Sun” se déroulait dans un univers fantastique post-apocalyptique où le soleil avait asséché la terre, et les survivants se battaient pour les ressources. Le jeu utilisait également les règles D&D de la seconde édition mais introduisait de nombreuses nouveautés, comme les capacités psi, les gladiateurs et les créatures mi-humaines. Sa qualité graphique et sonore étaient impressionnantes, et le gameplay était plus interactif et varié que celui des jeux Gold Box.

“Dark Sun” a eu une suite : “Dark Sun: Wake of the Ravager” (1994). Ce jeu a continué l’histoire du premier opus en ajoutant de nouveaux lieux, missions et personnages. Bien que la série “Dark Sun” ait été un grand succès, elle a été entachée par un nombre incalculable de bugs. “Wake of the Ravager” était si bugué qu’il était prétendu être impossible à terminer.

La chute et l’héritage de SSI Le dernier jeu D&D de SSI était “Menzoberranzan”, sorti en 1994 sur PC. Utilisant le moteur d'”Eye of the Beholder”, il se déroulait dans une autre région de Forgotten Realms : la cité des elfes noirs. Bien que le jeu n’était pas mauvais, il n’a pas apporté de nouveautés et n’a pas connu le succès de ses prédécesseurs.

 

Adieu à la licence D&D!

 

À cette époque, SSI était en difficulté, ayant perdu la licence D&D et ne pouvant rivaliser avec les nouveaux développeurs de jeux de rôle tels que BioWare ou Blizzard. SSI a tenté sa chance dans d’autres genres, comme les jeux de stratégie et d’action, mais sans succès. Finalement, SSI a été rachetée en 1994 par Mindscape, un autre éditeur de jeux vidéo qui a lui-même connu plusieurs changements. Mindscape a été acquis par The Learning Company en 1996, puis par Ubisoft en 1998. La marque SSI a ainsi disparu, et le dernier jeu à porter le logo SSI fut “Panzer General 3D Assault”, sorti en 1999.

Cependant, les jeux D&D de SSI n’ont pas été oubliés. Nombreux sont ceux qui y jouent encore aujourd’hui ou qui s’en souviennent avec nostalgie. Les jeux de SSI ont défini l’âge d’or des jeux de rôle sur ordinateur et ont influencé les jeux D&D ultérieurs, tels que “Baldur’s Gate”, “Neverwinter Nights” et “Planescape: Torment”. Les jeux de SSI sont des classiques qui ont montré combien l’univers et les règles de D&D pouvaient offrir d’expériences riches et passionnantes aux gamers. Bien que la société américaine n’ait pas su rester au top au fil des ans, les aventures qu’elle a créées resteront à jamais dans le cœur des joueurs.

-BadSector-

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines - including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)