Jason Bourne – L’espion, qu’est resté dans le froid

CRITIQUE DU FILM – Jason Bourne est cinquième film de la série, et quatrième avec Matt Damon. La franchise “Jason Bourne” est d’une allure constante, parvenant à relancer ses intrigues tordues d’espionnage et à en mettre plein la vue, comme film d’action. A la direction, Paul Greengrass reprend pour la troisième fois du service, comme initiateur de la licence avec “La Mort dans la peau” (2004) et “La Vengeance dans la peau” (2007).

 

Nicky Parsons pirate des informations classées sur David Webb, alias Jason Bourne. Elle les lui transmet à Athènes. Mais une experte en cyber-technologie parvient à les localiser. L’ordre est donné par le chef de la CIA de les éliminer. La chasse à l’homme reprend. Mais cette fois, Bourne a retrouvé la mémoire. De proie, il devient prédateur…

Neo-James Bond

On a souvent qualifié Jason Bourne de néo-James Bond. Si l’aura des deux espions est très différente, ils entretiennent plus d’un point commun. Tous deux tuent froidement, enchaînent des poursuites homériques et voyagent beaucoup à travers le monde.

Sur ce dernier point, Bond fut un héros populaire qui développa auprès du public le goût du voyage et condensa le passage de l’usage du train à l’avion, que l’on pourrait voir à l’œuvre entre “Bons Baisers de Russie” (1963), avec son anthologique scène de l’Orient-Express, et “Goldfinger” (1964), avec l’escadrille aérienne de Pussy Galor et le final dans l’aéronef privé du magnat de l’or. Avec Jason Bourne, c’est l’usage de tout un arsenal cybernétique qui marque le passage d’une époque à une autre.

« Zuckerberg » et CIA

Si l’action poursuites, fusillades, bagarres… est au cœur du film, elle ne défavorise pas les enjeux du scénario, particulièrement ici, où un alter ego de Mark Zuckerberg (créateur de Facebook) fricote avec le directeur de la CIA (remarquable Tommy Lee Jones) en le cachant aux utilisateurs de son réseau.

Si beaucoup de facteurs vont au bénéfice du film, on regrettera des ficelles plus convenues. Comme le sauvetage in extremis du héros par l’héroïne, qui reste toutefois ambigüe jusqu’à la fin, ou la quête du père disparu, la trahison collégiale, voire la mise en cause des instances intérieures, ici la CIA, déjà au cœur de “Captain America – Le Soldat de l’hiver” et “Avengers : Civil War”. Jason Bourne n’est toutefois pas un superhéros : il rame, il sue, il saigne.

Mais il a en commun avec eux, une extrême solitude et un sempiternel isolement. Personne ne l’aide, il n’inspire pas confiance et est vécu comme une menace. Matt Damon est véritablement l’incarnation de Jason Bourne, rôle qui lui restera collé à la peau (il est d’ailleurs coproducteur du film). Il est entouré d’acteurs de talent qui y croient, avec notamment un Vincent Cassel impressionnant en tueur implacable. Paul Greengrass est quant à lui le maître de la situation, aux commandes d’une caméra nerveuse, et d’un montage au cutter, qui dynamitent les scènes d’action, au service d’un thriller bluffant.

Entre SPECTRE et Mission: Impossible – Rogue Nation

C’est fatigant, mais y a du boulot. Le film se regarde sans peine (mise en scène virtuose, critique de Big Brother), mais ne met pas la barre aussi haut que La Mort dans la peau, deuxième volet bournien. Ce Jason Bourne est meilleur que Spectre, mais moins réussi que Mission: Impossible – Rogue Nation. Le podium sera sans doute différent la prochaine fois.

Mais quoi que fasse Hollywood pour tenir à flot ce type de franchise, le principe s’affaiblit. C’est inévitable. Die Hard, cerise toutes catégories du gâteau, s’est perdu en des suites mollassonnes. Les superhéros n’en finissent plus de repartir à zéro. Les studios tirent sur la corde qui s’effiloche, ils la réparent un temps et puis elle casse. Mais le blockbuster est en fait un monstre qui se régénère. Une hydre dont les têtes repoussent. Plus monstrueux, parfois plus fascinant, plus amusant aussi. Ce qui ne gâche rien. Mais finit par tout bouffer. Ce qui est moins bien.

-PS4Pro-

Jason Bourne

Acteurs - 7.2
Réalisateur - 6.8
Histoire - 5.4
Visuels - 5.9
Ambiance - 7.4

6.5

CORRECT

C'est fatigant, mais y a du boulot. Le film se regarde sans peine (mise en scène virtuose, critique de Big Brother), mais ne met pas la barre aussi haut que La Mort dans la peau, deuxième volet bournien. Ce Jason Bourne est meilleur que Spectre, mais moins réussi que Mission: Impossible - Rogue Nation. Le podium sera sans doute différent la prochaine fois.

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