Le Singe – Quand le réalisateur de Longlegs part en vrille

CRITIQUE DE FILM – Un jouet d’enfance déclenche un carnage sanglant dans la suite inégale de “Longlegs” par Osgood Perkins. Après l’atmosphère oppressante et cauchemardesque de Longlegs, le réalisateur Osgood Perkins change de registre avec son nouveau film d’horreur : une comédie noire atypique où l’excès de gore est conçu pour choquer autant que divertir. Inspiré d’une nouvelle de Stephen King.

 

Le Singe raconte l’histoire de deux frères jumeaux en froid, hantés par un jouet maudit qui a bouleversé leur enfance. Ce singe mécanique, doté d’un pouvoir inexplicable, tue quelqu’un au hasard à chaque fois qu’on le remonte. Theo James livre une double performance captivante en incarnant les deux frères adultes confrontés à cette menace surnaturelle. Perkins aborde cette adaptation avec audace et cynisme, dressant un portrait sombre et fataliste de la famille et du destin. Pourtant, malgré son imprévisibilité et son ton mordant, le film est plus sarcastique que réellement perturbant.

 

 

Perkins excelle dans l’horreur… mais peine avec l’humour noir

 

Le Singe est sorti le 21 février au Royaume-Uni et aux États-Unis, s’appuyant sur deux atouts majeurs : Perkins bénéficie de l’énorme succès de son précédent film indépendant Longlegs, qui a rapporté 127 millions de dollars au box-office mondial en 2024, et le nom de Stephen King reste un argument imparable. Une campagne marketing maligne, insistant sur la violence extrême du film, attirera sans aucun doute les amateurs de sensations fortes – surtout ceux qui aiment voir le gore mêlé à l’humour.

En 1999, le jeune Hal (Christian Convery), timide et réservé, déteste son frère jumeau Bill (joué aussi par Convery), un tyran arrogant. Pourtant, tous deux adorent leur mère célibataire, Lois (Tatiana Maslany), abandonnée par leur père des années plus tôt. Un jour, ils découvrent parmi les affaires de leur père un vieux singe mécanique, dont les percussions entraînent invariablement une mort atroce et aléatoire. Lorsqu’ils réalisent que l’objet est indestructible – il revient toujours intact, peu importe ce qu’ils tentent – Hal et Bill décident de le sceller dans un puits, espérant ainsi briser sa malédiction. Mais évidemment, rien ne se passe comme prévu.

Perkins prend de nombreuses libertés avec la nouvelle originale de King – notamment en remplaçant un unique protagoniste par des jumeaux – et injecte une dose d’humour noir, adoptant une perspective cynique et désabusée. La mort est omniprésente dans Le Singe, mais contrairement aux précédents films du réalisateur, elle est traitée ici avec une brutalité burlesque. Les victimes meurent de façon grotesque, et Perkins s’attarde volontiers sur les corps broyés, les têtes arrachées et les blessures viscérales, forçant le spectateur à osciller entre le dégoût et le rire.

 

 

« Le Singe » revient… et amène le chaos avec lui

 

De retour dans le présent, Hal adulte (Theo James) vit en reclus, terrifié à l’idée que le jouet maudit ressurgisse et détruise à nouveau des vies. Il n’a plus de contact avec Bill, qui est resté le même crétin arrogant. Mais lorsque son pire cauchemar devient réalité, il est contraint de faire équipe avec son frère pour tenter de mettre un terme à la malédiction. James offre une interprétation mordante et ironique dans les deux rôles, renforçant le caractère absurde du récit. Le Singe ne cherche jamais à expliquer comment le jouet provoque ces morts absurdes, et ses règles ne se révèlent que progressivement à travers les expériences des jumeaux. Aussi macabres que soient ces exécutions, leur absurdité pure – couplée aux mises en scène sadiquement inventives – ancre le film dans une comédie horrifique assumée.

Visuellement, Perkins, aidé par le chef opérateur Nico Aguilar, multiplie les plans angoissants, instillant un sentiment d’inquiétude même dans les moments les plus anodins. Le jouet réapparaît sans cesse et, peu importe le nombre de fois où il surgit à l’écran, il conserve son pouvoir terrifiant – d’autant plus qu’il ne se manifeste jamais au moment où on l’attend. Pourtant, malgré un humour cradingue qui alimente l’énergie du film, Perkins peine à manier la comédie aussi efficacement que l’horreur. Les personnages secondaires frôlent souvent la caricature – Elijah Wood est complètement sous-exploité dans le rôle du nouveau compagnon condescendant de l’ex-femme de Hal – et à mesure que les mises à mort orchestrées par le singe s’enchaînent, elles finissent par perdre en impact.

 

 

Un équilibre fragile entre gore et émotion

 

Mais ce qui manque le plus à Le Singe, c’est une véritable résonance émotionnelle. Le film tente de traiter la façon dont le deuil pousse les gens à l’extrême, mais ce thème est éclipsé par l’accumulation de gags cyniques et de punchlines acides. Ce qui rendait Longlegs si glaçant, c’était son exploration suffocante d’un tueur en série opérant au-delà de toute logique humaine. Dans ses précédents films, Perkins cherchait à terrifier son public – ici, il opte pour un ton plus léger et expérimental, mais avec un succès mitigé.

-Gergely Herpai “BadSector”-

 

Le Singe

Direction - 6.2
Acteurs - 6.8
Histoire - 4.7
Visuels/Musique/Sons - 8.2
Ambiance - 6.4

6.5

BON

Osgood Perkins délaisse l’horreur suffocante de ses œuvres précédentes pour une comédie horrifique grotesque où le gore devient un spectacle à la fois choquant et burlesque. Si Le Singe se démarque par son audace et son ton irrévérencieux, son manque d’émotion l’empêche d’atteindre la force de ses prédécesseurs. Résultat : un film à la fois divertissant et inégal, qui fait plus rire que frissonner.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)

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