Terminator 2D: No Fate – Judgment Day en 16 bits, où même les coups des machines sont encore pixelisés

TEST – Terminator 2D: No Fate pose enfin la question que le passé vidéoludique de la franchise a soigneusement évitée jusqu’ici : et si le légendaire deuxième film cessait d’être une simple collection de citations pour devenir un véritable jeu vidéo ? Bitmap Bureau aborde Judgment Day comme si nous étions coincés en 1993, dans une salle d’arcade sombre aux néons vacillants, et c’est à la fois une bénédiction et une malédiction. Le résultat est souvent insolent de justesse dans l’ambiance, mais parfois si fidèle à l’époque que, avec la nostalgie, reviennent aussi les vieilles frustrations glissées dans la cartouche.

 

Terminator 2D: No Fate est déjà, par sa seule existence, un projet légèrement absurde : adapter une nouvelle fois l’un des meilleurs films d’action de l’histoire du cinéma, alors que les tentatives vidéoludiques de la saga n’ont été, le plus souvent, que des notes de bas de page intéressantes. Bitmap Bureau ne tente pas l’approche AAA moderne, mais retourne plutôt là où la licence Terminator avait encore une certaine crédibilité : l’ère 16 bits, dure et résolument arcade. L’idée de base est simple, presque dangereuse : transformer les scènes iconiques de Terminator 2: Judgment Day en niveaux jouables, en y greffant des séquences inédites, tantôt dans le passé, tantôt parmi les ruines du futur. L’ensemble dégage un charme délicieusement « cassette », même si la narration reste volontairement simple et old school.

La campagne suit les grands points de passage du film, mais sans se transformer en exposition muséale : à plusieurs endroits, elle élargit les événements et te confie même certains choix. Dans quelques situations clés, des itinéraires alternatifs s’ouvrent, modifiant, enrichissant ou variant les scènes, si bien que tu ne suis pas uniquement un déroulé figé « comme dans le film ». Ce n’est pas un système de branches façon grand RPG, plutôt une approche à l’ancienne des chemins alternatifs, et c’est justement ce qui fait mouche : le jeu est court, mais contient ce petit quelque chose qui donne envie d’y revenir pour une seconde partie.

 

 

Le futur n’est pas gravé dans le béton

 

Côté gameplay, Terminator 2D: No Fate est avant tout un run-and-gun classique : vue de côté, tirs en continu, glissades, sauts, et ce rythme où le niveau ne t’attend pas, pas plus que les projectiles. La petite surprise, c’est que le jeu ne se contente pas du traditionnel « on vide le chargeur sur tout ce qui bouge », mais introduit aussi un système de couverture. Tu te plaques derrière un mur, attends le bon moment, sors, tires, te replis. Cela fonctionne étonnamment bien dans ce cadre, en ajoutant une fine couche tactique aux échanges de tirs chaotiques, sans jamais faire gadget.

Le vrai tour de force, cependant, réside dans la manière dont Bitmap Bureau redéfinit sans cesse ce que signifie ici « l’action ». La base reste la fusillade, mais les scènes tirées du film se voient attribuer différents sous-genres pour éviter que l’expérience ne se transforme en une longue course monotone dans des couloirs. Le passage de l’hôpital de Pescadero, par exemple, ne consiste pas à tout cribler de balles : Sarah fuit, le T-1000 se rapproche, et ton objectif est surtout de disparaître de son champ de vision. Tu te caches dans un placard, attends qu’une patrouille se détourne, t’approches, neutralises, avances. L’infiltration n’a évidemment rien d’un système stealth moderne, elle est plus arcade, plus simple, mais suffisamment efficace pour instaurer une tension propre à la scène et traduire l’atmosphère iconique du film en langage vidéoludique.

Cette variété se maintient par la suite : galeries de tir, grandes poursuites, et même des segments qui basculent en mode beat’em up à défilement horizontal. Ces changements ne sont jamais complexes, mais bien dosés, empêchant le jeu de s’enfermer dans un seul tempo. En contrepartie, on sent parfois que l’équipe s’est concentrée sur le principe du « chaque niveau doit être différent », plutôt que de pousser chaque sous-genre jusqu’à sa pleine maturité. Le résultat est donc plus dynamique et coloré que profondément raffiné dans chacun de ses aspects.

La plupart des niveaux se concluent par un combat de boss, généralement face à une créature ou une machine massive et spectaculaire. Bonne nouvelle : les attaques sont en général lisibles, le jeu indique clairement ce qui arrive, ce qui rend les affrontements justes et exigeants en termes de réflexes. Moins bonne nouvelle : ces boss sont souvent un peu trop « académiques », comme des schémas bien connus d’autres run-and-gun simplement habillés aux couleurs de Terminator. Comme plusieurs de ces combats ne s’inspirent pas directement de scènes précises du film, un peu plus de folie créative n’aurait pas fait de mal.

 

 

Arme en main, modes au menu

 

L’expérience principale passe par le Story Mode, décliné en plusieurs niveaux de difficulté. Le mode facile offre pratiquement des continuations illimitées, tandis que les réglages plus sérieux restreignent ces reprises et t’obligent à élargir la marge via des objets à collecter. Plus tu avances, plus les ennemis frappent fort, et certains niveaux introduisent même une limite de temps, renforçant encore le rythme arcade et la chasse au score. La difficulté normale propose un défi honnête, tandis que les options les plus corsées s’adressent à ceux qui maîtrisent le genre et viennent tester leurs nerfs plutôt que se reposer sur la nostalgie.

Pour ceux qui privilégient la performance pure au récit, le jeu propose un Arcade Mode axé sur les meilleurs scores, ainsi qu’un Infinite Mode pensé comme une épreuve d’endurance : jusqu’où tiendras-tu face à des vagues infinies ? S’y ajoutent un Boss Rush, des défis de speedrun et des modes d’entraînement. Le jeu sait qu’il est court, et préfère donc multiplier les raisons d’y revenir. Cette philosophie du « on faisait comme ça avant » fonctionne ici particulièrement bien, car l’ensemble n’est clairement pas pensé pour un unique passage express.

La présentation est l’un des points forts du titre. Les personnages restent immédiatement reconnaissables malgré leur habillage 16 bits, et les scènes sont mises en scène de manière à évoquer à la fois le film et l’esthétique vidéoludique de l’époque. La bande-son est tout aussi réussie : le thème iconique est de retour, intelligemment réarrangé, et de nombreux passages dégagent cette sensation métallique et glaciale propre à Terminator, sans laquelle le jeu ne serait qu’un shooter rétro parmi d’autres. Cette fidélité au rétro ne concerne cependant pas uniquement le visuel : certaines animations paraissent un peu raides, et il arrive que l’attachement volontaire à l’ancienne école se fasse sentir là où une touche de modernité aurait pu améliorer le confort.

 

 

Hasta la vista, baby

 

Terminator 2D: No Fate est, au final, un jeu d’action 2D attachant, soigneusement conçu, qui rend hommage aux années 90 sans rougir de son statut de jeu vidéo plutôt que de simple affiche interactive. Les scènes iconiques sont généralement bien adaptées en niveaux jouables, et les séquences inédites enrichissent l’ensemble, même si la narration ne brille pas par sa profondeur ou son élégance. Le jeu est court, parfois rigide dans ses mouvements, et ses boss manquent souvent d’audace, mais la variété des modes, l’ambiance et le soin visible pixel par pixel offrent largement de quoi relancer une partie. Ce n’est pas le Terminator qui réécrira l’histoire du jeu vidéo, mais c’est enfin celui qui rend un hommage honnête et respectueux à une époque et à un classique.

-Herpai Gergely « BadSector »-

Pro :

+ Une variété de gameplay bien dosée qui empêche les niveaux de s’essouffler
+ Les scènes emblématiques du film fonctionnent étonnamment bien en 2D
+ Une présentation rétro solide, une ambiance marquée et un cadre arcade attachant

Contre :

– Une campagne courte, facile à boucler en un seul week-end
– Des mouvements et animations rigides, parfois trop ancrés dans l’ancienne école
– Des combats de boss trop conventionnels, manquant de véritables surprises


Développeur : Bitmap Bureau
Éditeur : Reef Entertainment
Date de sortie : 12 décembre 2025
Genre : arcade, action 2D à défilement horizontal

Terminator 2D: No Fate

Jouabilité - 7.8
Graphismes - 8.6
Histoire - 7
Musique/Audio - 8.4
Ambiance - 8.5

8.1

EXCELLENT

Le jeu est court, parfois rigide dans ses mouvements, et ses boss manquent souvent d’audace, mais la variété des modes, l’ambiance et le soin visible pixel par pixel offrent largement de quoi relancer une partie. Ce n’est pas le Terminator qui réécrira l’histoire du jeu vidéo, mais c’est enfin celui qui rend un hommage honnête et respectueux à une époque et à un classique.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)

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