CRITIQUE CINÉMA – Tout au long de sa carrière, James Cameron ne s’est pas contenté de réaliser des films: il a créé de véritables événements cinématographiques marquants. Avatar: Feu et cendres est une nouvelle fois une expérience monumentale, pensée pour le grand écran, mais aussi une suite où il devient de plus en plus évident que, derrière la prouesse technique, le récit s’oriente vers une voie plus prudente, chargée de clichés et de pathos.
La filmographie de James Cameron épouse pratiquement tous les grands jalons de l’histoire du cinéma. Terminator 2: Le Jugement dernier a révolutionné l’usage des effets numériques, Titanic a en quelque sorte clos l’ère des superproductions hollywoodiennes classiques, tandis que Aliens – Le retour a, dès son deuxième volet, entraîné une franchise jusque-là ancrée dans l’horreur vers une toute nouvelle direction. Il n’est donc pas surprenant que Cameron ait été à plusieurs reprises le réalisateur du film le plus rentable de tous les temps.
Ses œuvres sont presque toujours grandioses, techniquement pionnières et repoussent sans cesse les limites du médium cinématographique. Cette approche est particulièrement vraie pour son projet de cœur, la franchise Avatar, qui n’est pas seulement une série de films, mais un univers construit consciemment sur le long terme.
Pandora, autrefois synonyme de nouveauté
Le premier Avatar, sorti en 2009, offrait une expérience visuelle saisissante, donnant réellement l’impression que le spectateur arrivait physiquement sur la planète Pandora. Treize ans plus tard, avec Avatar: La voie de l’eau, Cameron a fait évoluer la saga sur tous les plans: une narration plus complexe, des personnages émotionnellement plus forts et un univers visuel encore plus impressionnant.
À peine trois ans plus tard, Cameron a présenté Avatar: Feu et cendres, tourné en parallèle du deuxième film. Le réalisateur a lui-même expliqué qu’il avait initialement imaginé ces deux histoires comme un seul long métrage. Ce troisième épisode s’écarte cependant du schéma auquel Cameron nous avait habitués.
Alors que chacune de ses nouvelles œuvres représentait auparavant un bond qualitatif et technique évident, Feu et cendres ne propose pas cette avancée spectaculaire. Cela ne signifie pas que le film ne soit pas de grande qualité ou spectaculaire, mais plutôt que Cameron emprunte cette fois une voie plus familière et plus sûre, s’appuyant davantage sur les solutions déjà éprouvées de la franchise.
Le deuil de la famille Sully et de nouvelles menaces
Après les événements de La voie de l’eau, la famille Sully continue de porter le poids de la mort de Neteyam. Jake Sully (Sam Worthington) et Neytiri (Zoe Saldaña) tentent de surmonter cette perte de manières radicalement différentes. Neytiri est plus méfiante que jamais envers les humains et supporte particulièrement mal la présence de Spider (Jake Champion), qui vit toujours à proximité de la famille.
Jake, de son côté, sait que les humains n’ont pas renoncé à la conquête de Pandora. Les forces de la RDA, ainsi que le colonel Miles Quaritch (Stephen Lang), demeurent une menace constante. Jake récupère donc des armes parmi les débris des affrontements précédents, se préparant au prochain conflit inévitable.
Les autres membres de la famille mènent également leurs propres combats intérieurs. Kiri (Sigourney Weaver), adoptée, a le sentiment de s’éloigner de plus en plus d’Eywa, la conscience régissant Pandora, tandis que Lo’ak (Britain Dalton) craint que son père ne le tienne responsable de la mort de Neteyam. Ces tensions internes approfondissent encore les fractures au sein de la famille.
Alors que la famille Sully, désormais intégrée au clan Metkayina, s’inquiète des prochaines actions humaines, une nouvelle menace, peut-être encore plus dangereuse, fait son apparition. Le clan Mangkwan, également appelé le Peuple des Cendres, mené par Varang (Oona Chaplin), est un groupe de Na’vi dont la cheffe a tout perdu dans le feu et se livre désormais à une destruction implacable de ses ennemis. La présence de Varang élève le conflit à un nouveau niveau et met en péril l’avenir même de Pandora.
Une expérience de cinéma qui vaut toujours le déplacement
En 2025, rares sont les films qui démontrent aussi clairement que Avatar: Feu et cendres pourquoi l’expérience en salle reste indispensable. Cameron sait parfaitement comment concevoir un film pensé pour le grand écran et dont l’impact ne se révèle pleinement qu’au cinéma.
Si la 3D a perdu de sa popularité ces dernières années, Feu et cendres rappelle à quel point cette technologie peut être efficace lorsqu’elle est entre de bonnes mains. L’univers visuel de Pandora est époustouflant, et le design sonore est si intense que chaque éclaboussure, chaque flèche et chaque impact font littéralement vibrer la salle.
Ce film n’est pas seulement spectaculaire, c’est un événement. Cameron sait exactement comment attirer les spectateurs dans les salles, puis les y émerveiller.
Un scénario solide mais encombré de clichés
Alors que James Cameron avait écrit seul le scénario du premier Avatar, il a cette fois collaboré avec des partenaires expérimentés pour les suites. Rick Jaffa et Amanda Silver ont travaillé sur le scénario, tandis que Josh Friedman et Shane Salerno ont contribué à l’élaboration de l’histoire. Le résultat est un monde plus riche et plus détaillé que lors du premier film.
Cependant, la narration de Feu et cendres repose de plus en plus visiblement sur des schémas bien connus. Le traitement du deuil, la soif de vengeance, la perte de foi et la recherche d’une nouvelle voie sont des motifs presque scolaires, souvent accompagnés de dialogues appuyés et emphatiques, parfois proches du cliché.
À plusieurs reprises, le film souligne lourdement ses émotions, multipliant les scènes larmoyantes et solennelles pour toucher le spectateur. Ces moments ne fonctionnent pas toujours et peuvent même, par endroits, rompre l’immersion plutôt que renforcer le drame. Le scénario manque de confiance dans la subtilité et préfère tout expliciter.
Malgré cela, l’histoire reste efficace. L’intrigue est claire, les fils narratifs convergent, mais l’effet de surprise se fait de plus en plus rare. De ce point de vue, Feu et cendres est un travail solide, mais plus prudent et moins audacieux.
Des signes de répétition et des choix discutables
Bien que Cameron maîtrise parfaitement la mise en scène de l’action, la franchise a de plus en plus tendance à puiser dans son propre arsenal. Le conflit entre les Na’vi et les humains reste central, et la structure des affrontements majeurs rappelle à plusieurs égards celle de La voie de l’eau.
Ceux qui trouvaient le rôle de Spider envahissant dans le deuxième film risquent d’être déçus. Feu et cendres s’appuie de manière particulièrement marquée sur ce personnage, qui fonctionne souvent davantage comme un outil narratif que comme une figure pleinement incarnée. Sa portée symbolique est réelle, mais il passe fréquemment au second plan en tant que personnage vivant.
Varang et la force des interprètes
La plus grande nouveauté du film réside dans l’introduction du personnage de Varang. Oona Chaplin livre une performance impressionnante, et il est presque impossible de détourner le regard d’elle. Varang accomplit exactement ce que l’on attend d’un nouveau personnage dans une franchise: elle apporte une énergie nouvelle et incarne une menace réelle.
Zoe Saldaña demeure excellente dans le rôle de Neytiri, tandis que Sam Worthington semble avoir pleinement trouvé sa place dans celui de Jake Sully. Leurs scènes communes sont chargées d’émotion et se révèlent souvent aussi puissantes que les plus grandes séquences d’action du film. Ce sont ces moments qui constituent les parties dramatiques les plus réussies de l’œuvre.
Il y a encore de l’élan
Avatar: Feu et cendres ne bouleverse pas le cinéma comme le premier volet et ne propose pas un saut qualitatif aussi marqué que La voie de l’eau. Il offre néanmoins une expérience cinématographique toujours exceptionnelle et prouve que la franchise possède encore de solides ressources.
Bien que la saga commence à retomber dans ses propres clichés, Cameron et son équipe parviennent encore à esquisser des directions prometteuses pour l’avenir. Feu et cendres démontre une fois de plus que, lorsqu’il s’agit de films d’action et de spectacles de grande ampleur, personne ne fait les choses comme James Cameron.
-Herpai Gergely «BadSector»-
Avatar: De Feu et de Cendres
Direction - 7.2
Acteurs - 6.4
Histoire - 5.5
Visuels/Musique/Sons - 9.2
Ambiance - 7.4
7.1
BON
Avatar: De feu et de cendres est une suite visuellement renversante qui mise avant tout sur le spectacle plutôt que sur l’audace narrative. Son récit reste cohérent, mais s’appuie souvent sur des conventions bien connues, des passages mélodramatiques et des dialogues explicites. Une expérience incontournable au cinéma, même si son écriture ne marque plus autant que par le passé.



