Dark Messiah of Might and Magic – Ce Messie valait l’attente [RETRO – 2006]

RETRO – Après Heroes V, les studios Arkane nous replongent dans l’univers “nouvelle génération” de Might and Magic en Ashan, cette fois sous la forme d’un action-RPG. Dark Messiah ne change pas seulement le style de jeu, mais adopte aussi une perspective à la première personne, permettant aux joueurs d’affronter chevaliers, orcs, gobelins, cyclopes et autres créatures terrifiantes qui osent barrer la route de Sareth, un jeune apprenti mage. Avec les rumeurs récentes d’un remaster, nous avons décidé de revisiter cette critique, initialement publiée en 2006.

 

Je ne sais pas pour vous, mais—appelez-moi hérétique si vous voulez—même en étant un fan de longue date de la série classique Might and Magic, je dois avouer que je préfère cet univers plus sombre et stylisé introduit dans Heroes V, comparé au monde lumineux, un peu kitsch et féerique des anciens jeux. Les Français ont un don pour la dark fantasy, un talent que j’ai découvert en lisant leurs bandes dessinées, et Heroes V n’a fait que renforcer cette impression. (Oui, le jeu a été développé par un studio russe, mais l’esthétique du jeu a été façonnée par les artistes français d’Ubisoft.) Cependant, pour m’immerger pleinement dans ce monde cruel, tordu, mais parfois ironiquement drôle, un style de jeu et une perspective différents étaient nécessaires. Et honnêtement, il n’y avait pas de meilleur choix que Dark Messiah.

Les graphismes du jeu surpassent tout ce que j'ai vu dans un FPS jusqu'à présent – surtout avec les paramètres au maximum.

La malchance des débutants

 

J’ai longuement réfléchi à la manière de commencer cette critique de cet exceptionnel action-RPG. Il a tout ce qu’il faut—le moteur Source de Valve, des effets HDR, un système de combat révolutionnaire exploitant l’environnement, et bien plus encore. Mais un élément m’a immédiatement pris par surprise lors du test de la version review : l’histoire étonnamment captivante de Dark Messiah. À première vue, cela ressemble à un enchaînement de clichés fantasy classiques. Nous suivons un jeune apprenti mage, Sareth, qui part en mission pour livrer une mystérieuse pierre magique—obtenue dans le tutoriel—sur ordre de son maître Phenrig, à un autre mage nommé Menelag, qui réside à Stonehelm. Mais les choses tournent rapidement au drame lorsque la ville est attaquée par un cyclope enragé, laissant derrière lui un sillage de destruction avant que nous ne l’abattions à coups de baliste. Naturellement, nous devenons le héros de la ville, tout le monde nous célèbre—jusque-là, rien de bien original, non?

Mais l’intrigue se corse rapidement. Un nécromancien du nom d’Arantir tente de voler la pierre, et ce n’est qu’avec une ruse bien pensée que Sareth parvient à la récupérer. Dès lors, une chasse effrénée commence, nous présentant une galerie de personnages hauts en couleur—certains alliés, d’autres ennemis, et d’autres encore dont les véritables intentions restent floues. Même le mentor de Sareth, Phenrig, devient une source de suspicion, tout comme la belle et apparemment bienveillante nièce de Menelag, qui nous aide mais que nous apercevons dans un cauchemar aux côtés d’Arantir. Le personnage le plus fascinant reste néanmoins Xana, une succube dangereusement séduisante dont la voix résonne sans cesse dans notre esprit, bien que nous ne la voyions jamais—sauf dans des rêves fiévreux. Xana oscille entre sarcasme, remarques acerbes, accès de jalousie et murmures envoûtants, ajoutant une couche de personnalité unique au jeu. Le crédit en revient à l’exceptionnelle doubleuse qui lui donne vie. Pendant ce temps, toute l’histoire est tissée autour de la légende du “Messie Noir”—un hybride mi-démon né d’un puissant seigneur démon et d’une mortelle.

Selon la prophétie, cet enfant du démon brisera un jour la prison retenant son père et libérera des horreurs sur le monde, provoquant la destruction d’Ashan. Je ne vais pas en révéler davantage, mais sachez que trahisons, amour, retournements de situation et révélations inattendues sont au rendez-vous. Le récit de Dark Messiah rivalise avec celui des deux jeux KOTOR, en faisant un incontournable pour les amateurs d’histoires fantasy bien ficelées—même pour ceux qui préfèrent habituellement les RPG au tour par tour.

 

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En Garde, Monsieur Orc !

 

Soyons clairs—Dark Messiah est à des années-lumière des RPG au tour par tour. C’est un pur action-RPG sanglant où l’on ressent presque la lame de notre épée trancher l’armure des Black Guards pour s’enfoncer dans la chair, ou la chaleur brûlante d’une boule de feu carbonisant la peau d’un orc enragé. Les ennemis eux-mêmes ne sont pas spécialement originaux, mais le système de combat, lui, l’est. Oubliez les mouvements flottants maladroits de Morrowind ou les incantations génériques des RPG classiques—même Oblivion semble daté en comparaison.

Dans Dark Messiah, le combat au corps-à-corps exploite pleinement la physique du moteur Source. Si vous ne maîtrisez pas les techniques avancées d’escrime, vous finirez en chair à pâté pour orcs. Le combat nécessite un mélange de blocages, de coups précis et d’estocades bien placées pouvant infliger des dégâts dévastateurs. Et ce n’est que la base. En accumulant assez d’énergie, vous pourrez exécuter un coup fatal brutal—envoyant des membres voler en slow-motion tandis que votre adversaire s’écroule en un tas inerte. (Ce n’est pas tout à fait du bullet-time, mais on s’en rapproche.) Ces exécutions varient en fonction de votre arme et de vos sorts, encourageant l’expérimentation.

Le système de combat dynamique, l’utilisation ingénieuse de l’environnement et un univers sombre et impitoyable font de Dark Messiah un incontournable pour tout amateur d’action-RPG. Ce n’est pas un simple clone d’Oblivion ou de Morrowind—c’est une expérience unique en son genre, qui nous rappelle à quel point un bon système de combat peut transformer un jeu. Plus encore que son intrigue captivante, ce sont ses mécaniques qui le placent parmi les meilleurs titres du genre.

 

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Même les enfants orcs en font des cauchemars

 

L’escrime dans Dark Messiah est difficile à maîtriser au début, mais heureusement, le jeu permet de tirer avantage de l’environnement. Donjons, châteaux en ruine, montagnes escarpées et cavernes regorgent de pièges mortels que l’on peut exploiter contre nos ennemis. Lorsque quatre orcs m’ont encerclé en ricanant « Haha ! L’étranger meurt ! », il m’a suffi de trancher une corde pour qu’un énorme tronc d’arbre se balance et écrase deux d’entre eux sur place.

Les deux autres ont paniqué. J’ai projeté l’un d’eux sur une pointe métallique qui dépassait d’un mur, l’empalant instantanément. Le dernier, terrifié, a reculé jusqu’au bord d’une falaise. Un simple coup de pied bien placé, et il est tombé en hurlant dans le vide. Pour les mages, le jeu offre encore plus de moyens vicieux de se débarrasser des ennemis. Par exemple, on peut renverser un tonneau d’huile sur un groupe de monstres avant de les enflammer avec une boule de feu, les regardant courir en hurlant jusqu’à ce qu’ils s’écroulent en cendres fumantes. Pas de magie sous la main ? Un bon coup de pied dans un feu de camp suffit à faire le travail. La créativité dans les combats est immense et rend chaque partie différente, nous poussant à tester de nouvelles approches pour massacrer nos ennemis.

 

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Oubliez les héros tout-puissants

 

Bien que Dark Messiah ne prétende pas être aussi profond qu’un Oblivion, il offre néanmoins une progression de personnage intéressante. Le jeu ne vous permet pas de devenir un maître dans toutes les disciplines. Au lieu d’un système de niveaux classique, on gagne des points d’expérience en accomplissant des quêtes et des objectifs. Pas question ici de grinder des ennemis pour accumuler des points indéfiniment.

Avec un total de 90 points d’expérience disponibles dans tout le jeu et plus de 230 compétences à débloquer, il est impossible de devenir un surhomme maîtrisant à la fois la magie, le combat et la furtivité. Ce système impose des choix stratégiques et empêche les joueurs de devenir trop puissants trop tôt. Loin d’être une limitation, c’est une approche intelligente qui garantit un bon équilibre entre progression et challenge.

 

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Du sang, de la sueur et des larmes

 

Ne vous y trompez pas—Dark Messiah est l’un des action-RPG les plus exigeants de ces dernières années. Même avec des améliorations maximales en santé et mana, chaque combat représente un véritable défi. Les ennemis sont coriaces et restent une menace jusqu’au combat final. Bien sûr, il existe des moyens de les contourner : certains sont particulièrement vulnérables à certaines magies, et les sorts les plus puissants, comme la tempête d’éclairs ou l’enfer de flammes, peuvent anéantir plusieurs adversaires d’un coup.

L’IA varie selon les types d’ennemis. Les Black Guards et les orcs sont agressifs et combattent jusqu’à leur dernier souffle. Ils ne sont pas idiots pour autant—certains appellent du renfort ou tentent de vous encercler. À l’inverse, les gobelins sont lâches et hésitent à attaquer en solo, préférant fuir après deux coups. Mais lorsqu’ils sont en groupe, ils deviennent plus audacieux et se ruent sur vous sans hésitation.

Les nécromanciens, comme on pouvait s’y attendre, préfèrent rester à distance et lancer des malédictions. Curieusement, ils sont parmi les ennemis les plus faciles à vaincre, car ils bougent peu et esquivent rarement les attaques. Quant aux créatures purement monstrueuses, comme les araignées géantes, zombies et autres abominations flottantes, elles chargent bêtement, ce qui les rend faciles à piéger dans l’environnement.

On m’avait promis lors de l’E3 que l’IA serait capable de poser des pièges pour Sareth. Malheureusement, je n’ai jamais vu cela en jeu. L’IA reste compétente, mais elle n’atteint pas les sommets promis.

 

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Une claque visuelle

 

Visuellement, Dark Messiah est l’un des plus beaux FPS que j’ai jamais vus—surtout avec les graphismes poussés au maximum. Arkane Studios a exploité tout le potentiel du moteur Source de Valve, en intégrant des effets de Half-Life 2 et Lost Coast tout en ajoutant leurs propres touches. L’effet HDR est particulièrement impressionnant, surtout lorsqu’on passe d’un donjon sombre à des ruines ensoleillées, provoquant un aveuglement temporaire réaliste. Un autre effet marquant est la distorsion sous l’eau qui accentue l’immersion.

Au-delà des effets spéciaux, la direction artistique du jeu est tout simplement sublime. Stonehelm ressemble à une ville médiévale vivante, des salons luxueux aux caves moisies remplies de tonneaux de vin et de toiles d’araignée. Les PNJ ont des interactions crédibles et certains détails renforcent l’immersion, comme cette femme en deuil qui lave sans cesse une chemise ensanglantée après l’attaque du cyclope.

Les montagnes abritant les orcs et gobelins offrent des panoramas époustouflants sur Ashan, tandis que les catacombes infestées de zombies et goules sont oppressantes à souhait. La modélisation des créatures est également impressionnante : mages squelettiques, orcs massifs, gobelins chétifs, morts-vivants pourrissants… Mention spéciale aux goules, créatures sinistres aux mouvements féroces et imprévisibles.

 

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Les défauts…

 

Avec un moteur Source bien optimisé, le jeu tourne de manière fluide, même sur du matériel vieillissant. Cependant, les temps de chargement sont insupportablement longs. Depuis le menu principal jusqu’à chaque nouvelle zone, l’attente est interminable, rappelant les temps de chargement d’un Commodore 64.

Malgré ces défauts, Dark Messiah reste une perle rare. Un jeu court, mais d’une intensité remarquable. Il a dépassé toutes mes attentes, surtout en matière de narration. Avec son système de combat génial et son univers unique, ce jeu reste une référence du genre. Plus de titres comme celui-ci, s’il vous plaît—et vite !

-Gergely Herpai ‘BadSector’ (2006)-

Les plus :

+ Un excellent système de combat et de magie en temps réel
+ Une utilisation intelligente des éléments du décor
+ Des graphismes superbes

Les moins :

– Quelques bugs et problèmes de gestion mémoire
– Des temps de chargement interminables
– Une IA parfois limitée


Éditeur : Ubisoft
Développeur : Arkane Studios, Floodgate Entertainment
Genre : FPS
Sortie : 2006

Dark Messiah of Might and Magic

Jouabilité - 9
Graphismes - 8.4
Histoire - 6.8
Musique/audio - 8.3
Ambiance - 7.8

8.1

EXCELLENT

Dark Messiah n'est pas seulement un excellent (bien que léger) jeu de rôle, mais aussi un FPS bien taillé avec une ambiance médiévale.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines - including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)

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