Le renard – Une histoire profondément humaine dans une guerre inhumaine

CRITIQUE DE FILM – Au premier abord, Le renard semble n’être qu’un film parmi tant d’autres explorant le monde spécial des amitiés entre hommes et animaux. Il est facile de tomber dans l’excès dans ce genre, où le message peut devenir trop cliché. Cependant, Adrian Goiginger a réussi à éviter ces écueils, en se concentrant principalement sur les traumatismes d’enfance du jeune protagoniste.

 

 

Adrian Goiginger, le jeune réalisateur talentueux, a immédiatement attiré l’attention lorsqu’il a présenté son premier long-métrage, Le Meilleur des Mondes (2017), partageant une histoire déterminante de sa propre enfance, mettant en avant le personnage de sa mère alors dépendante à l’héroïne (interprétée par Verena Altenberger). Après un film moins réussi, Au-dessus du Monde (2021), il brille de nouveau dans les salles avec son troisième long-métrage, Le Renard, qui contient également d’importants éléments autobiographiques, cette fois en se concentrant sur la vie de son arrière-grand-père, Franz Streitberger.

 

 

Quelle sensation cela doit-il être, d’être vendu par ses propres parents dans l’enfance?

 

L’histoire du Renard se déroule à la fin des années 1920, en 1927, une époque où Franz Streitberger vit dans la pittoresque région de Pinzgau avec ses parents (joués par Karl Markovics et Karola Niederhuber) et ses nombreux frères et sœurs. Face à des circonstances économiques difficiles et au lourd fardeau de la pauvreté, les parents prennent la décision déchirante de donner Franz à un fermier plus riche (joué par Cornelius Obonya), espérant lui offrir une meilleure vie. À l’âge adulte, Franz (interprété par Simon Morzé) travaille comme coursier à moto pour l’armée, tandis que le monde est déjà couvert par l’ombre sombre de la Seconde Guerre mondiale. Franz semble toujours être un outsider, mais sa vie change radicalement lorsqu’il rencontre un renardeau blessé, qu’il prend sous son aile, trouvant dans cette petite créature son premier véritable ami.

Dans la première moitié du film, alors que nous suivons l’enfance et la vie familiale de Franz, l’histoire se déroule progressivement et gagne en importance. La scène où le père de Franz lui explique pourquoi il ne devrait pas avoir peur de la mort est particulièrement émouvante et mémorable. Sous cet angle, Le Renard n’est pas juste un film sur l’amitié, mais une histoire portant un message profond sur l’importance de l’amour et de la bonté durant l’une des périodes les plus brutales et inhumaines de l’histoire humaine. La direction d’Adrian Goiginger met en avant le minimalisme, avec l’utilisation du format d’image 4:3 inspiré des vieilles photographies, de longs silences et de paysages ouverts visuellement stupéfiants.

Après Au-dessus du Monde, Le Renard représente sans aucun doute une avancée significative dans la filmographie de Goiginger. Cette œuvre, bien qu’elle puise souvent dans l’analyse des films hollywoodiens et construise fréquemment sur les émotions, traite délicatement l’approche humaniste sans qu’elle devienne dominante ou submerge totalement l’histoire. Le Renard est ainsi un film capable de susciter de profondes émotions tout en restant authentique et en amenant le spectateur à réfléchir sur les mystères de l’âme humaine et l’importance des liens profondément humains.

 

 

Deux orphelins se trouvent : le jeune homme abandonné dans l’enfance et le petit renard laissé pour compte

 

Le sentiment d’abandon et de solitude est une expérience profondément enracinée qui peut lier étroitement deux êtres, qu’il s’agisse d’un enfant abandonné et d’un animal laissé pour compte. Le Renard met en avant cette relation spéciale, montrant comment un garçon orphelin et un petit renard abandonné se trouvent l’un l’autre. Le lien qui se forme entre les deux « orphelins » n’est pas juste une histoire personnelle mais porte également un message plus profond et universel, célébrant la puissance de l’unité et de l’empathie.

Le contexte de l’histoire est la sombre période de la Seconde Guerre mondiale et l’occupation allemande de la France, évoquant une ère brutale et cruelle. Le réalisateur Adrian Goiginger mérite des éloges pour la manière dont il présente la représentation du conflit, évitant toute embellissement. Le travail de caméra de Yoshi Heimrath et Paul Sprinz plonge occasionnellement le spectateur dans les horreurs de la guerre, avec des scènes effrayantes et des morts terribles, tandis que les ingénieurs du son choquent parfois l’audience avec le bruit assourdissant des chars, des balles et des bombardiers.

La palette de couleurs générale du film est sombre et grisâtre, reflétant fidèlement l’ombre de la guerre et l’ambiance fondamentale de l’histoire. Cependant, le réalisateur Goiginger utilise intentionnellement des couleurs vives lors de moments clés, facilitant ainsi la création d’une ambiance « éthérée » qui contrebalance les thèmes sombres de l’histoire.

La musique du film, grâce au travail d’Arash Safaian, est discrète mais a un impact profond sur les spectateurs, en particulier lors des moments où Franz traverse des tempêtes émotionnelles, cherchant à trouver sa place et sa direction dans la vie. La bande sonore contribue subtilement à l’établissement de liens empathiques, permettant aux spectateurs de s’immerger plus profondément dans l’univers émotionnel du film et de s’identifier aux luttes de Franz.

Ce film n’est donc pas juste une histoire sur un garçon et un renard, mais transmet un message bien plus large sur les relations humaines, la compréhension mutuelle et l’acceptation de la vulnérabilité dans un monde souvent cruel et dépourvu de compassion et de compréhension.

 

 

Qu’est-ce qui rend cette histoire simple et pourtant spéciale si percutante?

 

Ce qui rend Le Renard si particulièrement efficace et capable de toucher profondément les spectateurs réside avant tout dans les conflits clairement définis qui suscitent de forts sentiments contrastés, ne laissant presque personne indifférent – surtout ceux qui ont partagé leur vie avec un animal. De plus, à travers le personnage de Franz, interprété par Morzé, le film gagne en profondeur : c’est un jeune homme dans la vingtaine, introverti et au cœur tendre, qui a cependant du mal à gérer ses émotions, en particulier sa colère. Par moments, il défend courageusement son ami, tout en restant loyal à l’armée nazie. Le réalisateur Goiginger ne juge pas Franz – cela reste à la discrétion des spectateurs – mais n’hésite pas à montrer les côtés les plus sombres du personnage.

Enfin et surtout, cette histoire explore les thèmes de l’amitié et de l’amour dans toutes leurs dimensions, les représentant honnêtement même dans les situations les plus complexes.

-Gergely Herpai (BadSector)-

 

 

Le renard

Direction - 8.8
Acteurs - 9
Histoire - 8.5
Visuels/Musique/Sons - 8.2
Ambiance - 8.6

8.6

EXCELLENT

Le Renard, dirigé par Adrian Goiginger, raconte une histoire profondément humaine d'un jeune soldat allemand au cœur blessé et d'un renardeau pendant la période cruelle de la Seconde Guerre mondiale. Le film révèle les mystères de l'âme humaine et l'importance des connexions profondément humaines, illustrant le développement d'une amitié spéciale dans des temps difficiles. L'œuvre de Goiginger, avec la force du minimalisme, la profondeur visuelle et émotionnelle, attire l'attention sur l'empathie, le sentiment d'appartenance et la signification universelle des histoires personnelles dans un contexte historique brutal.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)