Batman v Superman : l’aube de la justice – Certains l’aiment trop sérieux

CINÉMA – Zack Snyder nous présente un Batman et Superman qui se battent dans un film, qui est sérieux comme un pape. Malheureusement ce blockbuster alimenté par des symboles mythico-religieux est bien inégale an qualité et certainement trop longue.

 

« Les dieux lancent la foudre, les innocents meurent… » : c’est par cette aphorisme qui est en fait digne de la Grèce antique, qu’un des personnages de Batman v Superman : l’aube de la justice récapitule le mieux les tendances mythologiques du dernier opus de Warner.

Ce n’est pas le fou-fou de Marvel

Un film qui est á des années-lumière de la formule plein d’amusement de Marvel, le nouveau-né de Zack Snyder est immergé définitivement l’univers DC dans le noir et la rhétorique nietzschéenne, au fil d’un traitement opératique, hasardeux (peut-être même un peu trop), en partie réussi et en partie raté. Une approche inéluctable, au vu de l’arrivée du Chevalier de Gotham City dans la cour de récré de Superman, mais finalement très (trop ?) respectueuse de l’esprit grandiloquent des DC Comics.

Batman v Superman : l’aube de la justice s’ouvre sur les origines de Batman. Oui, vous avez bien lu : encore. Après Tim Burton en 1989 et Chris Nolan en 2005 (sans oublier la série télé Gotham en 2014), Zack Snyder raconte une nouvelle fois au public la tragédie des parents du petit Bruce Wayne, tués sous ses yeux, en pleine rue, par un voleur à la tire. Wayne deviendra Batman pour ne plus jamais laisser le mal, etc., etc.

Ce prologue forcé expédié, Snyder et le tandem de scénaristes David S. Goyer-Chris Terrio rejouent une autre scène celle de du troisième acte de Man of Steel, quand Superman et le General Zod décimaient les gratte-ciels de la mégalopole !

« J’y croit en Zack Snyder »

Cette fois-ci, ces événements sont 100 % vus du sol, du point de vue de ces pauvres Terriens. Parmi ces témoins : le milliardaire Bruce Wayne (Ben Affleck, fascinant et austère), qui est impuissant à sauver ses collaborateurs qui sont pris au piège dans une des tours martyres. Bien sur, c’est encore ce fantôme du 11 Septembre, 2011…

Et c’est aussi un trauma de trop pour Wayne, qui, à part l’existence de Superman découvre en même temps que planète entière est en danger et aussi que l’alien de Krypton est une menace à supprimer sans tarder. Une confrontation inévitable approche, mais bien sûr, les ficelles sont tirées en coulisse par l’investisseur en nouvelles technologies Lex Luthor.

Pendant la première heure, on a le sentiment, que Zack Snyder et son team sont en train de réussir leur pari. Plein jusqu’à la gueule de plans iconiques, peut-être même plus que dans tous les films de super-héros réunis, le film s’inscrit vraiment dans une dimension solennelle intimidante.

Snyder exagère un peu avec la symbolique mythologique avec ces arrière-plans truffés de statues géantes et cette BO gorgée de chœurs apocalyptiques, mais il faut le dire, qu’on y croit. Le miracle de Superman rend l’humanité folle, déchaîne les passions sur les ondes et au Sénat, ébranle les convictions des penseurs sur l’utilité de l’État… L’Étranger divin pourrait-il nous annihiler ou, au contraire, est-il notre seul bouclier contre les monstres qui veulent nous tous tuer ?

Cherchez la femme !

L’univers des films à venir est ainsi habilement posé et, contre toute attente, Wonder Woman réussit haut la main le test de la suspension d’incrédulité, malgré le ridicule de son concept. Un exploit héroïque en soi. Dans cette la triste époque terroriste que nous traversons maintenant, les propos de Batman v Superman sur la quête désespérée d’un sauveur au milieu du chaos offrent au film une implacable résonnance.

La résolution de Batman de tuer Superman paraît toujours logique et, sur tous les tableaux, Snyder semble diriger team sans faute. Mais aussi sans le moindre humour, et c’est là le plus grand risque qu’il fait courir à l’univers DC au cinéma : voilà un film dont on dit qu’il serait peut-être le plus cher jamais produit (et l’argent est bel et bien à l’écran), mais qui risque d’échouer à séduire le plus grand nombre par son extrême gravité.

Il est sérieux, ce Superman !

Il est vrai, que son extrême gravité n’a pas empêché The Dark Knight d’embraser le box-office en 2008. C’est vrai. Par contre il s’agissait là d’un film estampillé 100 % Batman et surtout, depuis, le grand public s’est habitué au ton bien plus léger des productions Marvel et à l’humour grivois d’un Deadpool.

Si les fans de l’univers « tech-noir » de Batman seront aux anges, les puristes de Superman qui avaient abhorré Man of Steel haïront probablement Batman v Superman aussi. Snyder et ses associés ont tourné le dos à l’esprit du vénéré Superman de Richard Donner et s’autorisent une idée qui a dû donner des sueurs froides aux cadres de chez Warner.

Déja vu

Malheureusement, il y a plus désagréable encore. Tandis que le film est captivant, autant qu’il fonctionne sur le choc de mythes antagoniques que sont Batman et Superman, le film devient banal dès que ses deux héros deviennent, inévitablement, des copains. Dans le dernier acte du spectacle, il devient conformiste et Snyder utilise la kryptonite du genre : une énième méga-baston multi-dégâts entre super-héros et une créature monstrueuse sortie du chapeau – en l’occurrence Doomsday, au design bien trop voisin de l’Abomination dans L’Incroyable Hulk de Marvel. L’excitation devant un opéra à la grandiloquence assumée laisse la place à une pointe d’ennui face au déjà-vu.

Dommage. Au moins, avant de flancher, Zack Snyder avait le temps d’immortaliser du jamais-vu à l’écran sans faire honte aux deux plus grandes icônes de DC Comics. Il y a du courage dans Batman v Superman, voire de l’inconscience et aussi l’amour (Snyder adore ces comics, mais à sa façon) … et beaucoup d’inconstance. Le public aimera-t-il suffisamment cette épopée aux accents wagnériens, à cet hyper-spectacle en Snyderama parfois grandiose, parfois assommant ? On n’a pas l’idée encore. Un silence bien trop lourd doit régner en ce moment même à l’état-major de Warner, tandis qu’ils attendant les chiffres du premier week-end…

-BatSector-

Batman v Superman : l'aube de la justice - Certains l'aiment trop sérieux

Acteurs - 7.4
Directeur - 6.2
Histoire - 4.8
Visuel - 8.1
Ambiance - 6.4

6.6

CORRECT

Tandis que le film est captivant, autant qu'il fonctionne sur le choc de mythes antagoniques que sont Batman et Superman, le film devient banal dès que ses deux héros deviennent, inévitablement, des copains. Dans le dernier acte du spectacle, il devient conformiste et Snyder utilise la kryptonite du genre : une énième méga-baston multi-dégâts entre super-héros et une créature monstrueuse sortie du chapeau - en l'occurrence Doomsday, au design bien trop voisin de l'Abomination dans L'Incroyable Hulk de Marvel. L'excitation devant un opéra à la grandiloquence assumée laisse la place à une pointe d'ennui face au déjà-vu.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines - including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)