Vue sur Mer – L’histoire d’une relation en ruine par Angelina Jolie

CINÉMA – Vue sur mer se déroule en France au milieu des années 70. Voyageant à travers le pays, Roland (Brad Pitt), un écrivain américain, et sa femme, la belle Vanessa (Angeline Jolie) arrivent dans une petite ville côtière. Le couple est clairement en crise. Tout change le jour où de nouveaux mariés (Mélanie Laurent et Melvil Poupaud) louent la chambre à côté d’eux…

 

Le personnage joué par Brad Pitt s’est redressé sur un coude dans le lit, en regardant amoureusement sa femme, jouée par Angelina Jolie Pitt, décharger un sac d’épicerie dans une chambre d’hôtel balnéaire français quand j’ai entendu soudain un soupir d’exaspération á mon côté. Oui, je comprends ce qui a pu ennuyer ce spectateur, mais aussi j’ai aimé cette histoire d’un couple au bout de leurs relations.

Trop de sentiments, trop peu d’action

Vue sur Mer ” a certainement trop de sentiments à présenter – on boit le couple ruminer, boire, disputer sans cesse et leur mariage tomber en ruine – et cela sans qu’on voie trop d’évènements á se passer. À un moment, je me suis aperçu moi-même d’espérer que le petit bateau de pêche rustique que la caméra suit chaque matin se briserait sur les rochers, juste pour que quelque chose, quelque chose, qui se passe enfin !

Mais le film est aussi étonnamment spirituel et conscient de soi. Regarder un couple incroyablement beau – qui se bat sans cesse dans une place aussi incroyablement belle – est une sorte de voyeurisme, ce que ce couple même fait – au lieu de s’envouter dans cette île pittoresque au large de Malte.

Le cadre de By the Sea évoque celui du mythique Voyage en Italie de Roberto Rossellini, qui mettait en vedette sa muse et épouse Ingrid Bergman (tiens, tiens). Le couple américain à la croisée des chemins cherche à sauver son mariage en résidant dans un hôtel français près de la Méditerranée. Une tentative peu concluante, car monsieur ne pense qu’à écrire son nouveau livre au café-bar et madame à rester confinée.

Malgré ces quelques fautes de goût, Angelina Jolie a pris du galon en tant que réalisatrice et elle débarque là où personne ne l'attend.

Un couple d’acteurs envié…

Le ménage le plus médiatisé d’Hollywood : Brad Pitt et Angelina Jolie ont su éluder les pièges de la célébrité en jouant au fil des années dans des œuvres généralement louables. Grace à cette gloire, on peut tout se permettre, au grand dam des recettes au box-office. C’est de cette façon qu’il faut envisager ce long métrage qui est aux antipodes de leur précédente collaboration Mr. & Mrs. Smith. Il s’agit d’une pellicule lente, répétitive et dénué d’action, où le scénario en apparence inexistant permet de mieux saisir la souffrance qui lie ce couple.

Malgré ces quelques fautes de goût, Angelina Jolie a pris du galon en tant que réalisatrice et elle débarque là où personne ne l'attend.

Après deux directions qui laissaient à désirer (Unbroken et In the Land of Blood and Honey), Angelina Jolie change complètement de registre en demeurant dans l’intimité de ses personnages, qui sont magnifiquement interprétés par des comédiens aguerris. Brad Pitt qui nuance ses intonations et Jolie elle-même, experte des non-dits. Par contre, Mélanie Laurent et Melvil Poupaud n’arrivent pas à apporter la fraîcheur et l’érotisme qu’ils sont censés de faire, alors que Niels Arestrup est là pour personnifier l’humour et la nostalgie avec ses vieux poncifs sur l’amour.

Malgré ces quelques fautes de goût, Angelina Jolie a pris du galon en tant que réalisatrice et elle débarque là où personne ne l'attend.

… présente l’histoire d’un couple, qui n’a rien à envier

Parfois trop accentué, l’ensemble n’en demeure pas moins relativement captivant. Un couple se meurt, le poids du passé les détruit à petit feu et même s’il n’y a que beauté devant eux (les paysages sont superbes), c’est la noirceur qui a le dernier mot.

Les thèmes importants sont nombreux – comme l’aliénation et la difficulté à communiquer – et ils ne sont pas toujours traités adéquatement par la metteure en scène, qui abuse des mouvements de caméra pour prouver qu’elle a sa place dans ce métier. Sa création de ce climat d’étouffement est toutefois au point et la musique, quelque peu envahissante et mélodramatique, est portée par un certain Serge Gainsbourg.

Malgré ces quelques fautes de goût, Angelina Jolie a pris du galon en tant que réalisatrice et elle débarque là où personne ne l'attend.

Ses échos aux opus de Michelangelo Antonioni sont cependant un peu gênants. Il y a la chambre d’hôtel suffocante comme dans The Passenger, le voyeurisme presque salvateur qui évoque Blow-Up et surtout ce mutisme lancinant où le vide de l’existence et l’ennui s’avèrent les véritables protagonistes du récit. Un peu plus et on se croirait devant une relecture forcément inférieure des chefs-d’oeuvre L’avventura et La Notte. Même que l’héroïne ressemble un peu beaucoup à l’éternelle Monica Vitti.

Malgré ces quelques fautes de goût, Angelina Jolie a pris du galon en tant que réalisatrice et elle débarque là où personne ne l’attend.

-BadSector-

Vue sur Mer

Acteurs - 8.2
Metteur en scène - 6.5
Histoire - 6.8
Effets visuels - 8.1
Ambiance - 7.1

7.3

BON

Avec un film d'art et d'essai, un petit peu vaniteux et artificiel, qui a le mérite de jouer avec les possibilités de son médium et de faire connaître aux spectateurs une autre forme de cinéma. Ce n'est pas encore exemplaire et l'émotion peine à percer, ce qui ne l'empêche pas d'être dans la bonne direction.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines - including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)

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