ACTUALITÉS CINÉMA – La suite tant attendue de Je suis une légende, avec Will Smith, fait déjà parler d’elle avant sa sortie. Quels rebondissements attendent les fans du premier film ? Comme l’a révélé le producteur Akiva Goldsman à Deadline, ce nouveau volet ignore les 15 dernières minutes du film culte de 2007 et s’appuie sur une scène coupée rarement vue. Cette suite semble être moins une continuation qu’une forme de mea culpa pour les erreurs du passé.
Les révisions narratives dans les franchises ne sont pas rares, mais lorsqu’elles modifient totalement des éléments établis, elles risquent d’aliéner le public. Dans l’adaptation de 2007 du roman de Richard Matheson, le Dr Robert Neville (interprété par Smith) se sacrifie pour sauver l’humanité en fournissant un remède contre le virus Krippin. Toutefois, la fin originale prévoyait un dénouement beaucoup plus sombre, transformant l’histoire en une réflexion philosophique sur la morale humaine plutôt qu’un blockbuster classique. Mais que perd un film en renonçant à un acte final complexe, et que cela révèle-t-il sur l’influence des projections test ?
Les travaux de Matheson avaient déjà été adaptés auparavant, avec Vincent Price dans le premier film et Charlton Heston dans un remake des années 1970. Bien que ces versions aient ouvert la voie aux films de zombies modernes, elles étaient en réalité axées sur des vampires. Le Dernier Homme sur Terre (1964) a précédé la révolution zombie de Romero de quatre ans. Les deux adaptations, tout comme Omega Man (1971), proposaient des visions uniques, mais une relecture moderne promettait une perspective nouvelle.
Malheureusement, la version de 2007 a déçu. Au fil des années, elle a été critiquée pour sa conclusion trop parfaite, où Neville réussit à élaborer un remède. Cette résolution simpliste a laissé de nombreux spectateurs insatisfaits. Dans la vision originale de Matheson, Neville développe de l’empathie envers les créatures qu’il traque, affrontant des dilemmes moraux profonds. En abandonnant cette approche nuancée, le film s’est contenté de clichés héroïques.
Le historien du cinéma Glen Donnar souligne l’importance de cette scène coupée, la qualifiant de moment crucial où Neville fait face à ses propres actions monstrueuses. La fin vue en salle, en revanche, perpétue l’idée que les progrès scientifiques sont toujours bénéfiques et que les adversaires ne méritent pas de compréhension. Les fans de Matheson se sont sentis trahis, mais l’histoire est plus complexe qu’elle n’y paraît.
De nombreux films ont été remodelés ou même gâchés par des modifications de dernière minute visant à plaire aux spectateurs test. Blade Runner, par exemple, a vu sa vision originale altérée par les producteurs. À l’inverse, des succès comme Blade et First Blood montrent que ces retours peuvent parfois être bénéfiques. La fin de Je suis une légende a été modifiée parce que les premiers spectateurs ont mal réagi à son ton sombre, laissant la version originale aux éditions DVD.
L’histoire continue. Le producteur Akiva Goldsman a récemment confirmé que la suite prévue pour 2025 ignorera la fin de la version cinéma pour revenir au final alternatif, uniquement visible dans les éditions home video. Bien que ce choix ouvre de nouvelles possibilités narratives, il met aussi en lumière les motivations économiques derrière cette décision. Espérons que cette approche ne devienne pas une tendance généralisée.
Source : MovieWeb