CRITIQUE DE LA SÉRIE – La franchise The Walking Dead repositionne l’un de ses personnages les plus populaires, Daryl Dixon, dans une aventure en solo visant à une profondeur émotionnelle mais tombant souvent dans le piège de la narration dérivée. Pourtant, cette nouvelle série fait des pas importants pour garder frais l’univers décomposé de The Walking Dead, même si elle emprunte un chemin bien battu.
Daryl Dixon, le motard taciturne armé d’une arbalète, est un pilier de l’univers de The Walking Dead depuis ses débuts. Joué avec un charme rugueux par Norman Reedus, Daryl a traversé de nombreux arcs narratifs, des morts et des paysages apocalyptiques. Désormais, AMC cherche à braquer les projecteurs uniquement sur lui dans le dernier spin-off, “The Walking Dead : Daryl Dixon”. Bien que cette nouvelle série offre des moments qui se démarquent dans cet univers étendu, elle ne parvient pas tout à fait à échapper à l’ombre de son prédécesseur et de l’adaptation du jeu à la télévision “The Last of Us”, dont elle tire une grande inspiration.
La trame de l’histoire
Au cœur de cette nouvelle histoire se trouvent la protection et la redécouverte de l’humanité dans un monde qui en est dépourvu. Daryl est chargé de protéger un enfant spécial, Laurent, joué par le nouveau venu Louis Puech Scigliuzzi, qui est autant un mystère pour lui-même que pour le public. Sa protectrice précédente, une religieuse nommée Isabelle (Clémence Poésy), est aussi complexe que Daryl et offre certains des meilleurs moments de la série. L’essence de cette histoire tourne autour de leur voyage à travers une France infestée de zombies, un environnement aussi beau qu’il est mortel. Ce récit élargit la portée géographique de la série et ajoute de nouvelles couches au mythe bien établi de The Walking Dead.
Cependant, le postulat n’est pas unique. Les téléspectateurs tireront immédiatement des parallèles avec The Last of Us et, parfois, la série fait peu pour se débarrasser de cette comparaison. Il y a un sens incontestable de déjà-vu en regardant Daryl, le héros réticent, forger une relation avec Laurent tout en essayant de le protéger dans un monde devenu fou. Cette nouvelle entrée fait suffisamment pour se distinguer, mais les comparaisons avec le jeu et la série acclamés par la critique sont inévitables.
La profondeur des personnages
La force de “The Walking Dead : Daryl Dixon” réside dans sa narration axée sur les personnages. Pendant trop longtemps, l’univers étendu de Walking Dead semblait privilégier le spectacle vide au détriment d’une narration substantielle. Cette nouvelle aventure, cependant, vise à rectifier cette tendance. Il s’agit d’un changement rafraîchissant qui permet à Reedus d’explorer pleinement les profondeurs du personnage de Daryl, un aspect qui manquait dans les saisons ultérieures de la série originale.
Le personnage d’Isabelle emprunte également un chemin similaire. Passant d’une mystérieuse nonne à une gardienne plus élaborée avec un passé sombre, elle émerge en tant que personnage captivant. Sa relation avec Laurent, motivée par une histoire complexe, ajoute une dimension émotionnelle qui élève la série. De nouveaux personnages comme Sylvie (Laïka Blanc-Francard) et Lou (Kim Higelin), qui apparaissent lors d’une rencontre avec des survivants dans une ancienne maternelle, insufflent une énergie nouvelle dans le récit. Ces personnages plus jeunes offrent une lueur d’espoir et d’innocence qui contraste fortement avec l’atmosphère sinon morne.
Sur le fil de l’originalité
L’épisode 1×02, intitulé “Alouette”, va au-delà des attentes en apportant une touche française unique au monde de l’apocalypse zombie. Situé à Paris, l’épisode explore l’histoire de Laurent, un personnage qui semble incarner l’essence culturelle de la ville. Ici, les téléspectateurs sont confrontés à une narration sophistiquée qui plonge dans des thèmes plus profonds comme l’existentialisme et l’effondrement sociétal. Cependant, il est difficile de se défaire de l’impression que cet épisode ressemble en bien des points à “The Last of Us”.
Ce qui est particulièrement intrigant, c’est la manière dont l’épisode dépeint le voyage personnel de Laurent, montrant sa mère se transformant en zombie pendant qu’elle lui donne naissance. Ce moment déchirant soulève des questions éthiques et philosophiques à la fois troublantes et captivantes. Cependant, il n’est pas entièrement original – il fait écho à certaines arcs narratifs de “The Last of Us”, comme le décès tragique de Sarah dans les premières minutes. Cela soulève des préoccupations quant à savoir si les scénaristes innovent véritablement ou se contentent simplement de marcher sur un chemin bien balisé.
La franchise de Walking Dead a toujours eu pour but de subvertir les clichés et d’apporter de nouveaux rebondissements aux tropes établis. Dans “Daryl Dixon”, cependant, il semble y avoir une surdépendance à des récits éprouvés et testés. Cela a abouti à une expérience de visionnage qui, bien que prenante, manque d’un certain élément de fraîcheur. La familiarité de l’histoire pose la question de la liberté créative face à la sécurité de s’en tenir à ce qui a fait ses preuves.
The Last of The Walking Dead?
Malgré ces problèmes, “The Walking Dead : Daryl Dixon” représente un nouveau chapitre solide dans une franchise qui a connu son lot de hauts et de bas. Il se peut qu’il ne possède pas la puissance émotionnelle brute de jeux comme “The Last of Us”, mais il ravive l’étincelle qui a captivé les fans pendant des années. Norman Reedus offre une performance puissante capable de porter le spectacle à elle seule, tandis que les nouveaux venus apportent une vitalité bienvenue à un monde qui commençait à stagner.
Cet épisode ne redéfinit peut-être pas le genre zombie ou ne brise pas nos attentes, mais il fait quelque chose d’aussi important : il nous réacquainte avec le monde et les personnages que nous avons appris à aimer. Le show fait un pas en arrière pour se concentrer sur le développement des personnages plutôt que sur des séquences spectaculaires, et on a l’impression que The Walking Dead retrouve son essence.
“Daryl Dixon” ne sera peut-être pas le spectacle qui change la donne, mais il a certainement le potentiel de rappeler aux fans pourquoi ils sont tombés amoureux de l’univers de The Walking Dead en premier lieu. Cette approche du retour aux bases, avec son accent sur les arcs de personnages et une narration nuancée, est de bon augure pour l’avenir de la série.
-BadSector-
The Walking Dead: Daryl Dixon E01-E02
Direction - 8.2
Acteurs - 8.4
Histoire - 8.2
Visuels/Musique/Sons/Action - 8.5
Ambiance - 8.2
8.3
EXCELLENT
"Daryl Dixon" ne sera peut-être pas le spectacle qui change la donne, mais il a certainement le potentiel de rappeler aux fans pourquoi ils sont tombés amoureux de l'univers de The Walking Dead en premier lieu. Cette approche du retour aux bases, avec son accent sur les arcs de personnages et une narration nuancée, est de bon augure pour l'avenir de la série.