Activision – et le reste de l’industrie du jeu de même – a de gros ambitions dans l’Overwatch League et l’e-sport en général. La firme d’investissements Cowen & Company pense néanmoins qu’il est trop tôt pour envisager son résultat économique et en conséquence, et aussi dégrade la note d’Activision auprès de ses clients.
En décembre 2017, Activision Blizzard donnera débutera un coup d’envoi de l’Overwatch League et le groupe fondait de gros espoirs sur le tournois de son shooter, surtout sur un plan économique et avec des ambitions de longs termes. Les investisseurs y ont répondu plutôt favorablement (le cours est à la hausse), et pour autant la firme Cowen & Company, spécialisée dans la gestion d’investissements, vient de publier un avis à l’intention de ses clients soulignant une « combinaison d’inquiétudes », l’encourageant de dégrader la note d’Activision Blizzard — alors que depuis huit ans, le groupe était considéré comme une valeur susceptible de dépasser ses objectifs en termes de rentabilité.
Et parmi les « inquiétudes » du cabinet, on retrouve l’Overwatch League et les résultats de King Entertainment (la filiale mobile d’Activision).
D’abord, selon le cabinet Cowen & Company, les attentes des investisseurs pour l’exercice fiscal 2018 d’Activision sont « trop haute ». Les clients de la firme tablent manifestement sur une croissance annuelle de 12 à 13%, ce que le cabinet considère comme « hautement improbable », notamment parce que l’Overwatch League ne sera peut-être pas le monstre financier que certains attendent. Le cabinet est plutôt prudent et pense essentiellement qu’il est encore bien trop tôt pour pouvoir se prononcer sur le succès ou l’échec commercial de la ligue, qu’elle devra d’abord « faire la démonstration de sa capacité à attirer une audience significative » et que la première saison sera « riche d’enseignements » pour les suivantes.
Et cette possibilité (ou non) à attirer une audience critique fait écho à la seconde crainte du cabinet : le retour sur investissement de l’acquisition de King Entertainment traîne à porter ses fruits (et qui pousse King à lorgner vers les applications de casino virtuel, de plus en plus populaires sur plateformes mobiles).
En effet, si Activision Blizzard peut aujourd’hui revendiquer 431 millions d’utilisateurs actifs chaque mois sur ses plateformes (contre 500 millions un an plus tôt), c’est très majoritairement grâce aux jeux mobiles de King (463 millions de joueurs actifs l’année dernière). Et ce public de joueurs mobiles n’est pas forcément celui qui suit avidement les compétitions de jeux en ligne.
Pour autant, Cowen & Company ne voit pas l’avenir d’Activision Blizzard totalement en noir. Le groupe souligne que Blizzard Entertainment devrait annoncer de nouveaux jeux début novembre dans le cadre de la BlizzCon 2017 (et régulièrement, les comptes de Blizzard Entertainment tirent vers le haut ceux de la maison-mère Activision), et selon l’analyste, Call of Duty: WWII pourraient enregistrer de meilleurs résultats que Call of Duty: Infinite Warfare.
Au-delà des conseils de prudence et manifestement surtout de patience de la firme d’investissements à ces clients, on en retient surtout que la ligue Overwatch marquera sans doute un tournant à la fois dans l’industrie du jeu et dans celle de l’e-sport. Car si d’autres initiatives similaires existent (notamment de la part de Riot Games ou de Valve dans une moindre mesure), le poids d’Activision en termes financiers et d’Overwatch en termes de popularité sont à la hauteur des attentes du secteur, et les résultats du groupe en la matière pourraient autant s’imposer comme un moteur efficace pour l’e-sport que comme porter un coup d’arrêt au secteur.