ACTUALITÉS CINÉMA – La France a été traversée par une vague d’hommages après la mort de Brigitte Bardot, le président Emmanuel Macron figurant parmi les premiers à saluer publiquement sa mémoire. L’actrice et chanteuse, devenue très jeune une icône sexuelle internationale avant de tourner volontairement le dos au cinéma, avait ensuite consacré sa vie à la défense des animaux. Brigitte Bardot est décédée à l’âge de 91 ans.
Pendant des décennies, Brigitte Bardot a incarné la jeunesse, la beauté et l’esprit de transgression, contribuant de manière décisive à faire entrer le cinéma dans une ère marquée par la libération sexuelle. Sa présence à l’écran, libre et assumée, notamment dans Le Mépris de Jean-Luc Godard, a bouleversé les représentations du désir et de la féminité. Dans la seconde partie de sa vie, elle a choisi de rompre avec le monde du cinéma pour s’engager sans compromis dans la cause animale.
Son décès a été confirmé dimanche par un communiqué de la Fondation Brigitte Bardot transmis à CNN. « La Fondation Brigitte Bardot rend hommage à la mémoire d’une femme exceptionnelle qui a tout donné et tout abandonné pour un monde plus respectueux des animaux », indique le texte. « Son héritage se poursuit à travers les actions et les combats que la Fondation mène avec la même passion et la même fidélité à ses idéaux. »
En France, elle était connue de tous sous ses seules initiales, B.B. Dans les années 1950 et 1960, Bardot fascinait le public tout en scandalisant les autorités morales par l’expression frontale et assumée de sa sexualité. Elle est devenue une vedette du box-office aux États-Unis et a largement contribué à faire découvrir le cinéma étranger au public américain, à une époque où la censure hollywoodienne interdisait toute évocation explicite du sexe, et plus encore de la nudité.
Résumant son influence culturelle, le magazine Life écrivait en 1961 : « Partout où les jeunes filles marchent, elles s’habillent, se coiffent comme Bardot et rêvent d’être des âmes libres comme elle. »
Le président Emmanuel Macron lui a également rendu hommage, estimant qu’elle « incarnait une vie de liberté ». « Ses films, sa voix, sa gloire éclatante, ses initiales, ses chagrins, sa passion généreuse pour les animaux, son visage devenu Marianne, Brigitte Bardot incarnait une vie de liberté », a-t-il écrit sur X. « Nous pleurons une légende du siècle. »
Liberté, désir et une star qui a brisé les conventions
Parmi les premières célébrités véritablement modernes, Bardot n’a cessé de diviser l’opinion. Bien avant Madonna, elle menait ses relations amoureuses selon ses propres règles et assumait pleinement un mode de vie hédoniste dans une époque pré-féministe. Dans un essai devenu célèbre publié en 1959 dans Esquire, Simone de Beauvoir écrivait : « Dans le jeu de l’amour, elle est autant chasseuse que proie. L’homme est pour elle un objet, comme elle l’est pour lui. Et c’est précisément cela qui blesse l’orgueil masculin. »
Si Bardot minimisait souvent ses qualités d’actrice et n’a que rarement fait l’unanimité auprès de la critique, son charisme est resté indiscutable pendant près de vingt ans à travers plus de quarante films, dont Et Dieu… créa la femme, Le Mépris et Viva Maria!. Parallèlement à sa carrière cinématographique, elle a également connu un grand succès comme chanteuse en France dans les années 1960.
Son influence a largement dépassé le cadre du cinéma et de la musique. Le sens du style de Bardot l’a maintenue au cœur de la culture populaire durant toute la seconde moitié du XXe siècle. Sa chevelure blonde décolorée, son allure naturelle et ses tenues décontractées et moulantes sont restées étonnamment modernes bien après les années 1960. Des actrices comme Jane Fonda et Julie Christie ont repris son style, tout comme plus tard des mannequins tels que Kate Moss et Claudia Schiffer.
Un marchand d’art londonien est revenu sur cette influence durable lors d’une exposition photographique organisée en 2009 pour célébrer son 75e anniversaire. « Elle était naturelle, marchait pieds nus, ne se brossait pas les cheveux, ne portait pas de maquillage et chaussait des souliers plats parce qu’elle s’était formée comme danseuse classique », expliquait James Hyman au Guardian. « C’était une image de liberté, d’exubérance et de jeunesse. Elle incarnait l’authenticité, l’instinct et la liberté. Pour les femmes, c’était un message féministe : se comporter comme les hommes, prendre des amants et vivre des liaisons. »
Quitter la lumière pour servir une cause
Après s’être retirée du cinéma à l’âge de 39 ans, en 1973, Bardot a mis sa notoriété au service de la défense des animaux. « J’ai donné ma beauté et ma jeunesse aux hommes, et aujourd’hui je donne ma sagesse et mon expérience, le meilleur de moi-même, aux animaux », déclarait-elle lors d’une vente aux enchères de ses effets personnels organisée en 1987 au profit de la Fondation Brigitte Bardot.
Elle est toutefois restée une figure profondément controversée. Bardot a été vivement critiquée pour des propos jugés hostiles à l’immigration, notamment lorsqu’elle dénonçait des rituels islamiques impliquant l’abattage d’animaux. Son mariage en 1992 avec Bernard d’Ormale, proche de Jean-Marie Le Pen, a renforcé l’image d’une femme en décalage avec une France moderne et plurielle.
Défiant une nouvelle fois les attentes du public, Bardot a choisi de vieillir naturellement et a refusé la chirurgie esthétique, contrairement à de nombreuses stars hollywoodiennes de sa génération. L’ancienne « sex-kitten » du cinéma a laissé ses cheveux grisonner et n’a pas cherché à dissimuler les rides de son visage marquées par des années d’exposition au soleil.
Briser les tabous et revendiquer le plaisir féminin
Née le 28 septembre 1934, Brigitte Bardot a grandi dans une famille parisienne de la bourgeoisie, éloignée du monde du spectacle. Elle rêvait d’abord de devenir danseuse classique, mais sa présence en couverture du magazine Elle à l’âge de 15 ans attira l’attention du réalisateur Marc Allégret et surtout de son jeune assistant Roger Vadim. De six ans son aîné, Vadim deviendra son compagnon et jouera un rôle déterminant dans le lancement de sa carrière.
Sa famille s’opposa d’abord à cette relation et leur interdit de se voir. Profondément affectée, Bardot tenta de se suicider – la première de plusieurs tentatives rapportées – avant que ses parents n’acceptent finalement le mariage en 1952, lorsqu’elle atteignit sa majorité.
Bardot construisit progressivement sa carrière à travers de petits rôles dans le cinéma français et attira l’attention des photographes lors du Festival de Cannes de 1953 par sa fraîcheur et sa spontanéité. Trois ans plus tard, Vadim réalisa son premier long métrage, Et Dieu… créa la femme, en confiant à son épouse le rôle d’une jeune séductrice qui sème le trouble entre deux frères. Le public fut captivé, depuis sa première apparition nue derrière des draps étendus jusqu’à la danse érotique, trempée de sueur, qui clôt le film.
« Les gens feignaient d’être choqués par la nudité et la sensualité assumée de Brigitte, alors qu’en réalité ils attaquaient un film qui parlait sans hypocrisie du droit des femmes au plaisir sexuel, un droit jusque-là réservé aux hommes », écrira Vadim trente ans plus tard.
Ce film fondateur fut le premier de cinq réalisés par Vadim avec Bardot et son immense succès la propulsa parmi les dix plus grandes vedettes du box-office américain dès 1958. Jusqu’alors, les actrices étrangères n’accédaient à la célébrité internationale qu’après avoir tourné à Hollywood, pression à laquelle Bardot refusa de céder.
Les Vadim divorcèrent en 1957 après la liaison de Bardot avec son partenaire Jean-Louis Trintignant, première d’une longue série de romances très médiatisées qui feront d’elle une cible privilégiée des paparazzis.
« Ma vie a été totalement bouleversée », confiait-elle à CNN en 2007. « J’étais suivie, espionnée, adorée et insultée. Ma vie privée est devenue publique. Du jour au lendemain, je me suis retrouvée emprisonnée – dans une prison dorée, mais une prison malgré tout. »
La célébrité assiégée : Bardot face aux paparazzis
Au sommet de sa carrière, Bardot alternait entre des comédies légères à forte charge sexuelle comme Une Parisienne, Voulez-vous danser avec moi ? et Babette s’en va-t-en guerre, et des rôles dramatiques plus exigeants dans En cas de malheur et La Vérité. Dans ce dernier, elle fut saluée pour son interprétation d’une jeune femme suicidaire jugée pour meurtre après avoir tué accidentellement son amant.
Le tournage de La Vérité fut une épreuve émotionnelle, survenant peu après la naissance de son unique enfant, Nicolas, et alors que son second mariage avec l’acteur Jacques Charrier se désagrégeait. Bardot accoucha enfermée dans son appartement parisien, tandis que des foules de photographes attendaient à l’extérieur.
Après ce rôle éprouvant, Bardot fit de nouveau la une de la presse internationale lorsqu’elle tenta de se suicider en septembre 1960, le jour de son 26e anniversaire. Un garçon découvrit miraculeusement la star disparue dans les bois d’un domaine de campagne, après qu’elle eut ingéré des médicaments et s’être tailladé les poignets.
Malgré ces épreuves répétées, Bardot fit preuve d’une remarquable résilience, survivant même aux critiques la qualifiant de mauvaise mère pour avoir renoncé à la garde de son fils. Elle revint ensuite à l’écran dans le drame autobiographique Vie Privée, incarnant une vedette fragile emprisonnée par la célébrité.
Source : CNN
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