À un moment clé du développement d’Ace Combat 7, ses créateurs ont compris qu’aucun compromis n’était possible. Sans un véritable moment de catharsis, l’expérience restait inachevée, quitte à retoucher un jeu pourtant presque terminé.
La série Ace Combat n’a jamais été pleinement grand public, mais elle marque durablement ceux qui s’y investissent. La musique y occupe une place centrale, transformant les combats aériens en séquences mémorables. Cette exigence s’est particulièrement manifestée avec Ace Combat 7: Skies Unknown, initialement prévu pour 2017 avant d’être repoussé de deux ans. Si l’exploitation plus poussée de l’Unreal Engine 4 a compté, une autre raison était décisive: l’absence d’un sommet émotionnel réellement marquant.
Le moment qu’ils ne pouvaient pas sacrifier
Aussi surprenant que cela puisse paraître pour un jeu d’arcade, l’épopée fait partie intégrante de l’ADN d’Ace Combat. En fin de développement, le producteur Kazutoki Kono a estimé qu’il manquait encore quelque chose d’essentiel. La réponse est venue de la musique. Une mission entière a été réécrite afin de garantir un instant de véritable catharsis. « Je me suis rendu compte que je n’avais pas la chair de poule. Si cela ne me touche pas, cela ne touchera personne », a-t-il expliqué, précisant que le jeu était techniquement prêt, mais émotionnellement incomplet.
Kono a alors contacté Keiki Kobayashi avec une demande sans compromis: livrer un chef-d’œuvre. Le compositeur a accepté immédiatement. « Il a répondu: compris. Aucune plainte. Il a envoyé une première version avec des remarques, et l’enregistrement a suivi aussitôt ». Cette composition est devenue Daredevil, l’un des morceaux emblématiques d’Ace Combat 7. Modifier un jeu quasiment achevé représentait un pari risqué, assumé jusque dans le nom du morceau. « Ajouter de la musique après coup est une folie. C’est pour cela que nous l’avons appelée Daredevil », souligne Kono.
L’essentiel n’est pas qu’une musique ait « sauvé » le jeu, mais qu’une mission entière ait été pensée autour d’elle. Action, drame et son se rejoignent dans un moment clé. Attention aux spoilers: le point culminant survient lorsque Trigger détruit le dernier Arsenal Bird, portant le coup décisif à Erusea. Initialement dépourvu de boucliers, l’appareil a été repensé dans les missions 12 et 19 afin de paraître presque invincible, permettant une synchronisation parfaite entre musique, dialogues et action. Daredevil a ainsi garanti qu’au moins une mission sur vingt offre une véritable catharsis.
Source: 3djuegos



