Trust – Peut-on vraiment se fier au survival thriller porté par la star de Game of Thrones?

CRITIQUE CINÉMA – Trust donne un instant l’illusion de pouvoir devenir un survival thriller dérangeant, ancré dans des inquiétudes très contemporaines, avant de s’effondrer sous le poids de ses propres idées mal maîtrisées. La présence de Sophie Turner ne suffit pas à sauver un film dans lequel le scénario et la mise en scène semblent avancer en permanence dans des directions opposées.

 

Certains scénarios révèlent leurs faiblesses dès les premières minutes, comme s’ils réclamaient encore plusieurs relectures impitoyables. Trust appartient clairement à cette catégorie. Réalisé par Carlson Young – qui avait auparavant montré un sens du rythme plutôt solide avec la comédie romantique Upgraded – le film repose sur une base qui aurait pu donner naissance à un survival horror tendu et résolument moderne. Dans les faits, l’exécution passe régulièrement à côté de sa cible. Ces dernières années, les thrillers et horror-thrillers mettant en scène des héroïnes vulnérables plongées dans des situations extrêmes se sont multipliés – de Don’t Move à Strange Darling, en passant par Companion ou Push. Face à ces exemples, Trust peine à exploiter le potentiel de son concept et finit par donner l’impression d’un film conscient de ses intentions, mais incapable de les concrétiser.

 

 

Célébrité, Scandale Et Une Décision Catastrophique

 

Au centre du récit se trouve Lauren Lane, une actrice connue interprétée par Sophie Turner. Après la fuite de détails humiliants sur sa vie privée, Lauren se réfugie dans un Airbnb isolé, espérant échapper au tumulte médiatique. Cette quête de calme et d’isolement prend rapidement une tournure inquiétante, et il devient évident que Lauren ne lutte pas seulement pour sa propre survie, mais aussi pour celle de quelqu’un d’autre. C’est ici que la narration commence déjà à vaciller. Le récit change brusquement de direction, comme si la scénariste Gigi Levangie avait aligné plusieurs idées sans jamais vraiment choisir lesquelles développer. Le résultat est une intrigue décousue et des relations entre personnages difficiles à cerner.

Le fil narratif contemporain débute avec l’équipe de Lauren, occupée à contenir le scandale et à tenter de sauver l’image publique de l’actrice. Bien que le film insiste sur le fait que Lauren est la star d’une série télévisée extrêmement populaire, cette fiction évoque davantage une production Disney Channel éphémère de deux saisons qu’un véritable phénomène culturel. Plus étrange encore, le scénario attend du spectateur qu’il accepte sans sourciller qu’une célébrité de cette envergure, de surcroît enceinte, puisse juger raisonnable de disparaître seule, sans la moindre protection. Selon la logique interne du film, ce choix s’avère évidemment désastreux.

 

 

La Maternité Comme Moteur De Survie

 

Trust semble brièvement vouloir explorer une piste plus intéressante lorsque la grossesse de Lauren passe au premier plan, mais cette idée reste largement sous-exploitée. Plutôt que de proposer un véritable conflit intérieur ou une réflexion nuancée sur le poids d’un tel choix, le personnage s’accroche sans hésitation à l’enfant à naître, et toutes ses luttes découlent de cette unique motivation. Un échange plus posé, reconnaissant l’autre versant de cette décision, aurait pu apporter une réelle profondeur, mais le film préfère emprunter la voie la plus simple. L’arc de survie de Lauren se retrouve presque entièrement défini par sa grossesse, et faute de développement, la tension laisse place à une frustration croissante.

Lorsque l’intrusion finit par se produire, Lauren choisit le pire endroit possible pour se cacher. Le home invasion repose par ailleurs sur une logique particulièrement artificielle: la situation est rendue possible par le neveu de l’un des cambrioleurs, employé par l’opérateur Airbnb et disposant d’un accès au système de caméras de la maison. Deux criminels écrits comme des caricatures de stupidité mènent l’intrusion initiale, et lorsque le neveu arrive pour tenter d’arranger les choses, la situation dégénère complètement. Morts accidentelles et actes délibérés s’enchaînent, faisant basculer le récit dans un chaos de plus en plus prononcé.

Sur le principe, rien n’interdit à Trust de bousculer les codes du thriller d’intrusion domestique en enfermant son héroïne dans un espace restreint. Le véritable regret tient au fait que Lauren ne se voit jamais accorder une réelle capacité d’action. Le film effleure l’idée d’en faire une protagoniste plus active, capable d’affronter ses agresseurs, mais cette piste reste largement inexploitée.

 

 

Stupidité, Personnages Creux Et Dynamique Bancale

 

Dès que le film détourne son attention de Lauren, le spectateur se retrouve confronté à une galerie de personnages secondaires presque tous écrits comme profondément stupides. Si Trust assumait un ton volontairement excessif, proche du slasher trash, cette approche pourrait fonctionner. Mais le film se présente comme un survival thriller sérieux, rendant ces choix particulièrement éprouvants. Les retournements de situation réellement efficaces sont rares, et l’on passe bien plus de temps à s’interroger sur la logique des événements qu’à ressentir de la tension.

Des flashbacks apparaissent de manière sporadique, sans offrir de véritables repères temporels ni clarifier l’âge des personnages. Le film ne précise jamais clairement l’écart d’âge entre Lauren et Peter, ce qui rend toute lecture de leur relation passée et présente superficielle. Plutôt que de s’appuyer sur ces éléments, Trust saute d’un personnage à l’autre avant de revenir à Lauren, qui s’adresse à son enfant à naître dans un espace difficile à identifier, tout en multipliant les décisions discutables.

Sophie Turner fait manifestement de son mieux avec le matériau qui lui est confié, mais à partir d’un certain point, ce sont les dialogues eux-mêmes qui deviennent irritants. Quant aux personnages secondaires, leur comportement erratique donne l’impression qu’ils proviennent chacun d’un film différent.

 

 

Sang, Couleurs Et Occasions Manquées

 

Les rares qualités de Trust résident presque exclusivement dans son travail visuel. Les scènes les plus sanglantes fonctionnent, et l’évolution de la palette de couleurs apporte une atmosphère bienvenue. En dehors de cela, il est difficile de trouver des éléments réellement dignes d’éloges. Le film tente de traiter trop de thèmes et d’idées à la fois, sans jamais les aborder avec suffisamment d’assurance.

Lorsque Lauren obtient enfin l’occasion d’évoluer vers quelque chose de plus intéressant, il est déjà trop tard pour que cela ait un réel impact. Le spectateur a peu de raisons de s’attacher au personnage, au-delà du fait qu’elle ait été exploitée par un homme pathétique. Peu d’éléments semblent pleinement réfléchis, et ce manque de rigueur finit par affaiblir l’ensemble de l’expérience.

Au final, Trust s’adresse avant tout à celles et ceux qui souhaitent soutenir des créatrices, aussi bien devant que derrière la caméra. Même dans ce cas, il existe de nombreux thrillers plus solides qui ne prennent pas le risque d’agacer leur public dès leurs fondations. Si la simple présence de Sophie Turner dans un rôle de thriller suffit à motiver le visionnage, l’expérience ne sera peut-être pas totalement vaine – mais difficile d’y voir bien davantage.

-Herpai Gergely « BadSector »-

Trust

Direction - 4.2
Acteurs - 5.6
Histoire - 3.6
Visuels/Musique/Sons - 7.4
Ambiance - 4.5

5.1

MEDIOCRE

Trust part d’un postulat prometteur mais s’écroule sous le poids de ses propres ambitions. Quelques idées visuelles solides et la présence de Sophie Turner ne suffisent pas à compenser un scénario déséquilibré et des opportunités largement gâchées. Un survival thriller animé de bonnes intentions, mais profondément bancal.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)

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