La fusion Netflix–Warner enflamme déjà Hollywood – pour les syndicats, « cette opération doit être bloquée »

ACTUALITÉS CINÉMA – Le projet de fusion entre Netflix et Warner Bros. a déclenché exactement le séisme que l’on pouvait redouter dans l’industrie du cinéma, au point de susciter une vague de réactions avant même que l’accord ne soit finalisé. Plusieurs célébrités ont déjà donné leur avis, le patron de DC Studios, James Gunn, s’est exprimé, et désormais la WGA et d’autres organisations prennent ouvertement position contre la conclusion de cette vente.

 

L’annonce faite hier, selon laquelle Netflix aurait coiffé Paramount au poteau et serait entrée dans la phase finale de l’acquisition de l’un des plus grands studios de cinéma au monde, a aussitôt enflammé les réseaux. Les fans du Snyderverse y voient la promesse d’un retour de leur idole et d’une nouvelle suite de Justice League, malgré le fait que la plupart des acteurs concernés ont clairement tourné la page. Certains y lisent la mort du cinéma, d’autres au contraire considèrent cette fusion comme une chance inespérée de relancer plusieurs licences Warner Bros. qui stagnent depuis des années.

Dans un communiqué au ton particulièrement virulent, la Writers Guild of America a détaillé sa vision du séisme annoncé si l’opération aboutit, et sa conclusion est sans détour. Selon le syndicat, il ne faut tout simplement pas laisser faire. Leur déclaration est explicite : « Le fait que la plus grande plateforme de streaming au monde avale l’un de ses principaux concurrents est exactement ce que les lois antitrust sont censées empêcher. Une telle issue supprimerait des emplois, tirerait les salaires vers le bas, détériorerait les conditions de travail de l’ensemble des professionnels du divertissement, augmenterait les prix pour les consommateurs et réduirait le volume ainsi que la diversité des contenus proposés aux publics. Les travailleurs de l’industrie, tout comme le grand public, subissent déjà les effets d’un petit nombre de groupes très puissants qui gardent un contrôle serré sur ce que les gens peuvent regarder à la télévision, en streaming et en salles. Cette fusion doit être bloquée. »

 

Ce que disent les autres organisations de la fusion Netflix/Warner Bros.

 

La fusion de deux géants de l’audiovisuel peut être analysée sous des angles très différents, mais pour l’International Documentary Association (IDA), qui défend les intérêts des documentaristes, le message est clair : le rachat de Warner Bros. par Netflix constituerait une « threat to nonfiction filmmakers », une menace directe pour le cinéma documentaire. Dans un communiqué relayé par Deadline, l’IDA prévient : « Le projet d’acquisition de Warner Bros. Discovery par Netflix porterait un préjudice profond et durable à l’avenir du film documentaire. Il consacrerait la concentration de deux des principaux diffuseurs de documentaires : Netflix et HBO Max. »

« Cet accord géant menace immédiatement les possibilités créatives des documentaristes et leur liberté de raconter les histoires qui doivent être racontées. Il réduira aussi de manière drastique la diversité et la qualité globale des documentaires accessibles aux publics du monde entier. La domination écrasante de Netflix sur le marché finira inévitablement par étouffer la concurrence, freiner la libre expression et limiter les choix des spectateurs. »

Le syndicat des Teamsters a, lui aussi, exprimé sa colère face à ce qu’il décrit comme une « greed-fueled consolidation of corporate power », c’est-à-dire « une consolidation du pouvoir des grandes entreprises alimentée par la cupidité ». Leur texte affirme : « Les Teamsters continueront de se mobiliser et d’appeler à l’opposition à tous les niveaux de gouvernement, et demandent aux autorités de la concurrence de rejeter cet accord ainsi que tout autre projet visant à concentrer davantage le pouvoir et le marché. »

Toutes les organisations ne vont pas aussi loin dans la dénonciation. La Directors Guild of America, présidée par le réalisateur Christopher Nolan – ardent défenseur de l’expérience cinéma en salle – n’a pas fustigé frontalement l’accord, mais a déjà fait savoir qu’elle entend poser ses questions directement à Netflix. Un porte-parole précise : « Nous pensons qu’une industrie vivante et concurrentielle – qui stimule la créativité et encourage une véritable compétition pour les talents – est essentielle pour protéger les carrières et les droits créatifs des réalisateurs et de leurs équipes. Nous allons rencontrer Netflix afin d’exposer nos inquiétudes et de mieux comprendre leur vision de l’avenir de l’entreprise. »

La Producers Guild of America adopte une position comparable, en reconnaissant l’existence d’une « rightful concern », c’est-à-dire « une inquiétude légitime » parmi les producteurs, et en soulignant que l’accord devra faire la preuve qu’il « protège les moyens de subsistance des producteurs et une véritable exploitation en salles, qu’il favorise la créativité, qu’il multiplie les opportunités pour les travailleurs et les artistes, qu’il donne aux consommateurs un véritable pouvoir de choix et qu’il défend la liberté d’expression. »

Au final, savoir si cette fusion deviendra le symbole d’une dérive monopolistique ou celui d’une relance spectaculaire de certaines franchises dépendra largement de la manière dont les autorités de la concurrence apprécieront les risques. Mais une chose est déjà évidente : si l’accord Netflix–Warner va de l’avant, Hollywood ne le laissera pas passer sans une bataille politique et syndicale de grande ampleur.

Source : MovieWeb

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