Mount & Blade II: Bannerlord War Sails – quand les bannières prennent enfin la mer

TEST – Au premier coup d’œil, War Sails ressemble à ce genre d’extension dont on retient surtout que « bon, maintenant il y a la mer », mais après quelques heures de jeu, on se rend compte que ce contenu additionnel retourne littéralement toute la Calradia. La carte a été redessinée, la faction nordique, au caractère rude et quasi viking, s’installe sur la frange glaciale du continent, l’économie est revue de fond en comble, vos anciennes sauvegardes passent par-dessus bord et vous voilà dans la peau d’une petite embarcation fraîchement mise à l’eau qui tente de trouver un nouveau rythme. Le charme un peu bancal de Bannerlord n’a pas disparu, il grince simplement au gré des vagues, tangue et se désaxe un peu plus qu’avant, et si vous aimez les guerres médiévales à grande échelle, les sièges chaotiques et une simulation brute mais diablement divertissante, il sera difficile de trouver meilleur prétexte pour relancer une nouvelle campagne.

 

Mount & Blade II: Bannerlord a toujours consisté à bâtir sa propre petite dynastie au cœur d’un gigantesque théâtre de guerre en ébullition permanente. De simples escarmouches frontalières se transforment en un clin d’œil en batailles réunissant des centaines de soldats, des royaumes s’effondrent, d’autres se construisent sur leurs ruines, et le moteur du jeu donne parfois l’impression de pouvoir s’écrouler à tout moment, alors qu’au final tout finit par se recoller pour offrir une expérience étonnamment addictive. War Sails verse un bon seau d’eau salée sur cette formule : la carte est démontée puis réassemblée, les paysages du Nord sont redessinés, de nouvelles mers et des détroits apparaissent, et la faction des Nords fait son entrée comme si elle avait toujours eu sa place sur ces rivages glacés. Ce n’est pas un petit DLC greffé dans un coin, mais une intervention majeure qui donne un nouveau tempo à l’ensemble de la campagne.

 

 

Une Calradia redessinée et de nouvelles mers

 

La grande force de War Sails, c’est de ne pas se contenter d’ajouter un bout de carte au bord du monde, mais de remodeler des régions entières. La frontière nord s’étend, de nouvelles terres émergent, et les Nords s’installent dans leurs ports enfumés et leurs forteresses rugueuses comme s’ils y avaient toujours vécu. Sturgia est légèrement poussée vers l’est pour éviter de donner l’impression d’un simple clone viking, et en échange, de nouvelles voies maritimes plus naturelles se dessinent entre Battania et Vlandia. La couche économique est, elle aussi, entièrement rééquilibrée : des villes se rapprochent du littoral, de nouveaux pôles commerciaux apparaissent, et les ports peuvent être explorés, avec leurs coques de navires en construction, leurs quais encombrés de tonneaux, de caisses, de mendiants et de marins – l’ensemble donne vraiment l’impression d’un décor vivant plutôt que d’un fond figé.

Sur le papier, le monde gagne plus de deux fois plus de surface maritime, mais la carte reste pourtant familière. On a l’impression que quelqu’un a enfin ouvert la vanne que Bannerlord promettait depuis des années sans jamais l’actionner complètement. Les campagnes terrestres classiques sont toujours là, mais elles cohabitent désormais avec une couche supplémentaire de combats navals. Ces affrontements en mer sont spectaculaires, un peu maladroits et souvent violemment chaotiques, ce qui colle parfaitement au style brut et honnête du jeu.

 

 

Des batailles navales chaotiques mais jouissives

 

Quiconque est habitué aux combats navals légers et cinématographiques de Assassin’s Creed IV: Black Flag comprendra en quelques minutes que War Sails joue dans un registre plus rugueux. Les affrontements en mer sont plus lents, plus lourds et bien moins prévisibles. Les déplacements des navires dépendent du vent et des rameurs, ce qui donne à chaque manœuvre des airs de demi-tour pénible d’un géant grinçant, plutôt que de virages instantanés façon jeu d’arcade. Les tirs de baliste peuvent être dévastateurs si vous prenez un adversaire de flanc, mais l’éperonnage est beaucoup plus aléatoire : parfois la collision est considérée comme un impact monumental, parfois le jeu fait comme si vous aviez à peine effleuré la coque.

La plupart des grandes batailles finissent par se transformer en abordages d’une brutalité rare. Les ponts se remplissent de soldats entassés les uns sur les autres, qui grognent et poussent pour avancer, et il n’est pas rare de voir une file entière de combattants coincée dans l’étrave, attendant simplement de pouvoir donner un coup d’épée. Comme le champ de bataille est fragmenté entre plusieurs navires, il est très facile de passer de longues minutes à traquer les un ou deux survivants restants, bloqués dans un coin, tandis que l’interface ne se montre pas toujours très coopérative pour les signaler. Ce chaos, ces murs de corps et ces passages étroits peuvent être franchement agaçants, mais c’est aussi ce qui donne à ces combats ce parfum de boucherie médiévale en mer, sale, violente et totalement imprévisible, loin d’une simulation propre et ordonnée.

 

 

Construire sa flotte et l’ère nouvelle des pirates

 

Les différents types de navires se gravent assez vite dans la mémoire. La lourde galère de type dromakion, armée d’une baliste, tourne lentement mais frappe comme un marteau lorsque son tir est bien aligné, le drakkar nordique est léger, rapide et dépouillé, tandis que les navires ronds vlandiens avancent comme de véritables forteresses flottantes. Les améliorations restent simples mais satisfaisantes : davantage de dégâts, une rame plus rapide, une capacité accrue ou des sources de feu supplémentaires pour permettre aux archers d’enflammer leurs flèches et de transformer les ponts adverses en brasier.

La nouvelle suite de quêtes centrée sur la navigation est une excellente porte d’entrée à cet univers. Elle aligne des personnages marquants, des dialogues mémorables et des mises en scène étonnamment spectaculaires : forcer un blocus, lancer un navire incendiaire dans une charge quasi suicidaire, s’infiltrer à bord d’un bateau marchand pendant que votre équipage détourne l’attention des gardes. Les pirates, eux aussi, gagnent une vraie présence : ils patrouillent les eaux du Sud avec des équipages de quarante à soixante hommes, et leurs raids contre les marchands font des routes maritimes des axes qui peuvent être de véritables mines d’or ou, au contraire, des gouffres financiers, selon votre préparation et votre appétit pour le risque.

 

 

Économie, pertes et vue d’ensemble

 

Les réparations de navires coûtent nettement plus cher, et comme vous ne pouvez pas éliminer aussi facilement quelques petits groupes de pillards en chemin comme sur la terre ferme, les frais d’entretien pèsent plus lourd sur vos finances, surtout au début de la campagne. Les pirates, de leur côté, sont plus longs à éradiquer que de simples bandits, ce qui en fait des menaces durables dans les zones qu’ils patrouillent. Résultat : ces étendues maritimes paraissent beaucoup plus organiques et « vivantes » que la réapparition un peu mécanique des camps de bandits à terre.

Au final, War Sails offre exactement ce que de nombreux joueurs espéraient discrètement depuis des années : une dimension supplémentaire qui élargit et redessine réellement le monde de Bannerlord. Tout n’est pas parfait – les virages restent parfois laborieux, la détection des impacts oscille entre une rigueur extrême et une indulgence surprenante, et l’IA n’hésite pas, à l’occasion, à se jeter tête baissée dans le ridicule –, mais quand tous les éléments s’alignent, le résultat est vraiment impressionnant. Pour celles et ceux qui recherchent de grandes guerres médiévales, sur terre comme sur mer, cette extension insuffle une nouvelle vie à l’ensemble du jeu, même si certains aspects précis restent mieux traités, plus en profondeur ou avec plus d’élégance, dans d’autres titres.

-Gergely Herpai BadSector-

Avantages:

+ Batailles navales atmosphériques et à grande échelle, avec des affrontements rapprochés très brutaux
+ Carte redessinée, nouvelle faction et routes maritimes qui modifient réellement le déroulement des campagnes
+ Types de navires variés et système d’améliorations simple mais efficace

Inconvénients:

– Déplacements parfois lourds, collisions imprévisibles et détection des coups inégale
– Combats sur les ponts souvent surchargés et chaotiques, avec de longues files d’attente dans les goulots d’étranglement
– Les coûts d’entretien navals peuvent engloutir très vite les revenus en début de partie


Développeur : TaleWorlds Entertainment
Éditeur : TaleWorlds Entertainment
Genre : Jeu de stratégie sandbox médiéval / jeu de rôle
Date de sortie (War Sails) : 2025. 11. 25

 

Mount & Blade II: Bannerlord War Sails

Jouabilité - 8.2
Graphismes - 8.1
Histoire - 7.2
Musique/Audio - 8.2
Ambiance - 8.1

8

EXCELLENT

War Sails ajoute une nouvelle couche navale à Bannerlord qui ne se contente pas d’introduire les combats en mer : elle reconfigure la structure même du monde. Les batailles maritimes sont brutes, chaotiques mais mémorables, tandis que la nouvelle faction et la nouvelle carte offrent un rythme de campagne sensiblement différent. Pour les joueurs en quête de grandes guerres médiévales à la fois sur terre et sur mer, cette extension est un excellent point de départ pour repartir à zéro.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)