TEST TECH – Le Huawei MatePad 12 X PaperMatte Edition fait partie de ces tablettes que l’on achète d’abord pour leur écran mat à l’effet papier et pour un marketing centré sur le dessin, et non pour leurs courbes de benchmark. L’appareil de test que nous avons reçu de Huawei Hongrie arrive avec une étiquette d’environ 250 000 forints, un étui-clavier dans la boîte, la prise en charge du M-Pencil et une bonne dose de promesses de « productivité de niveau PC ». Au quotidien, cependant, on se rend vite compte que le matériel et l’écran s’alignent sans problème sur le niveau de la catégorie, tandis que l’offre d’applications et l’absence des services Google restent le compromis que chaque acheteur doit accepter individuellement.
Ces dernières années, Huawei n’a pas toujours fait la une pour de bonnes raisons, mais pendant ce temps le constructeur a continué, discrètement, à fabriquer des appareils mobiles dont la qualité n’a rien à envier aux grands noms, même si leur écosystème logiciel obéit à d’autres règles. Le MatePad 12 X PaperMatte Edition se situe à peu près au niveau de prix des iPad d’entrée de gamme, en échange de quoi on profite d’un écran à réflexion réduite, confortable pour la lecture, le streaming et le dessin. L’étui-clavier et le stylet sont profondément intégrés à HarmonyOS, et la connexion est assurée par le nouveau protocole Nearlink de Huawei, qui se montre visiblement rapide et stable en pratique. Dans l’ensemble, le MatePad 12 X offre une bonne expérience tablette, mais celles et ceux qui tiennent absolument à certaines applications iOS ou Android devraient vérifier à l’avance lesquelles sont disponibles ou remplaçables via des détours.
Fiche technique avant de rentrer dans le vif du sujet
Huawei MatePad 12 X PaperMatte Edition – principaux paramètres :
• Jeu de puces : Kirin T90A
• RAM : 8 ou 12 Go
• Stockage : 256 Go
• Système d’exploitation : HarmonyOS 4.2 (basé sur Android 12)
• Écran : LCD 12 pouces, 2800 x 1840, 144 Hz
• Appareils photo arrière : 12 MP grand angle, 8 MP ultra grand angle
• Connectique/communication : Nearlink, Wi-Fi 6, Bluetooth 5.2, USB 3.1 Type-C
• Batterie : 10 100 mAh
• Dimensions : 270 x 183 x 6 mm
• Poids : 555 g
Écran effet papier, format familier, nouveaux tours radio
Au bout de quelques minutes d’utilisation, nous nous sommes surpris à tenter par réflexe le geste « je balaie vers le haut pour fermer » d’iPadOS sur le MatePad 12 X. Ce n’est pas seulement un automatisme de cerveau fatigué, c’est aussi le signe de la familiarité globale du design. Le cadre est un peu plus arrondi, le format d’image un peu plus allongé que sur un iPad, mais les haut-parleurs, les boutons et même le connecteur du clavier sont placés à des endroits similaires, ce qui donne à l’ensemble un léger arrière-goût de « déjà-vu Apple ». L’essentiel se trouve toutefois à l’avant : un écran LCD à surface mate, spécialement réglé pour la lecture et la consommation de contenus.
La dalle n’est pas aussi granuleuse qu’un Kindle Paperwhite, mais les reflets sont nettement plus contenus que sur un OLED brillant, de sorte que l’écran ne se transforme pas immédiatement en miroir en pleine lumière. En main, l’appareil est bien équilibré, ce n’est pas ce type de tablette ultra fine qui donne l’impression de se rayer au moindre contact et que l’on ose à peine utiliser sans étui, tout en restant suffisamment mince et légère pour être confortable sur le canapé, au lit ou dans le bus. Les haut-parleurs stéréo placés sur les côtés longs sont appréciables pour les films et les vidéos, mais il ne faut pas chercher de prise jack, nous sommes clairement dans l’ère des écouteurs sans fil.
Notre appareil de test était accompagné d’un étui-clavier magnétique qui se connecte à la tablette via Nearlink. La nouvelle solution de Huawei, pensée comme une alternative au Bluetooth, promet une connexion sans fil à courte portée et à faible consommation, capable malgré tout d’atteindre environ 12 Mb/s en mode basse consommation, soit plusieurs fois la vitesse du Bluetooth classique. En théorie, en mode standard, le débit peut grimper jusqu’à 1,2 Gb/s. Pour un clavier, cela paraît exagéré, mais le jour où l’on voudra envoyer de gros fichiers d’un appareil à l’autre sans passer par le cloud, ce sera sans doute utile. Encore faut-il que d’autres fabricants adoptent Nearlink, et le MatePad 12 X est le premier appareil que nous voyons passer entre nos mains avec cette technologie : autant dire que nous en sommes encore aux débuts de son adoption.
Le stylet M-Pencil communique lui aussi avec la tablette en Nearlink et se fixe magnétiquement sur la tranche supérieure, à peu près comme l’Apple Pencil sur un iPad. Le logiciel signale immédiatement si on le pose dans une mauvaise position, puis le détecte, l’appaire et affiche un court tutoriel qui présente les bases de l’écriture manuscrite et du dessin. L’ensemble du processus est fluide, le stylet offre une sensation naturelle, et le revêtement mat de l’écran retient juste assez la pointe pour éviter l’effet « patinage sur verre ».
Habituellement, nous mesurons l’autonomie d’une tablette en la plaçant dans un placard, puis en faisant tourner des tests simulant des tâches bureautiques et des appels vidéo jusqu’à extinction complète. HarmonyOS n’a pas voulu exécuter cette application de test précise, basée sur Google Play, mais une utilisation quotidienne a suffi pour cerner les capacités de la machine. Avec un usage mixte – lecture, navigation, dessin, un peu de jeu – l’appareil atteint sans peine le niveau « je le débranche le matin, je ne m’en préoccupe plus jusqu’au soir ». La batterie de 10 100 mAh n’a clairement pas été dimensionnée au hasard.
Store, contournements et un carnet de dessin étonnamment réussi
Le problème logiciel de Huawei n’a pas disparu, il a surtout changé de forme : il reste impossible d’installer nativement le Google Play Store sur ses appareils, alors même que le système sous-jacent repose toujours sur Android. Il existe naturellement des voies de contournement, et l’on trouve une tonne d’applications dans la AppGallery de Huawei, mais de grands noms comme Chrome (remplacé ici par Opera ou Edge, avec Office 365, Teams et Outlook pour la bureautique), Netflix ou Kindle manquent à l’appel. Pour ces derniers, il faut passer par des APK ou des solutions alternatives plus ou moins complexes. En contrepartie, on échappe largement à la déferlante d’« IA partout » qui imbibe déjà tout, jusqu’aux apps de notes, sur d’autres systèmes mobiles. Celles et ceux qui en ont assez de cette obsession respireront un peu mieux ici.
L’offre d’applications est donc faite de compromis, mais Huawei essaie de compenser cela sur le MatePad 12 X avec sa propre app de dessin, baptisée GoPaint, qui adopte à première vue une structure proche de ProCreate. Les créations terminées peuvent être exportées en PSD, JPG ou PNG, ce qui permet de les reprendre facilement sur d’autres plateformes. En combinant cela avec le M-Pencil de troisième génération – qui, selon le fabricant, est le premier stylet de tablette capable de distinguer plus de 10 000 niveaux de pression – on obtient un carnet de dessin très attachant, où la pointe du stylet se comporte de manière bien plus naturelle que sur les surfaces vitrées brillantes, grâce au revêtement mat de l’écran.
Tout cela signifie aussi qu’un certain nombre d’applications de benchmark habituelles ne sont pas disponibles en version native. Nous avons réussi à installer Geekbench et PCMark sur la tablette, mais certains tests ont refusé de se lancer, si bien qu’ici ce sont plutôt les impressions globales qui comptent. Dans Geekbench, le score CPU se situe à peu près à la moitié de celui des Galaxy Tab les plus chers de Samsung, tout en plaçant la tablette légèrement au-dessus du Kindle Fire Max 11, moins cher mais tout aussi limité côté logiciel.
Matériel milieu de gamme, écran effet papier, prix local
On ne peut de toute façon pas attendre des performances monstrueuses d’une tablette « Android-like » positionnée au milieu du segment prix, surtout lorsque le caractère de l’écran est clairement orienté vers la consommation de contenus plutôt que vers la création professionnelle. En usage courant, toutefois, le système réagit avec vivacité, et les 8 ou 12 Go de RAM disponibles offrent largement de quoi faire tourner plusieurs apps en parallèle et ouvrir de gros documents. Les temps de réponse ne sont pas au niveau d’un smartphone ultra haut de gamme, mais que ce soit en dessin, en navigation ou en prise de notes, nous n’avons jamais eu l’impression que le matériel nous freinait.
Le Kirin T90A est une puce octo-core qui suit le schéma classique : un cœur « prime » très rapide, trois gros cœurs puissants et quatre petits cœurs économes gèrent les différents niveaux de charge. Il s’agit de cœurs Arm Cortex-A510 présentés en 2021, que l’on a déjà croisés dans plusieurs puces Snapdragon et Dimensity, ainsi que dans le Google Tensor G3. Sur le papier, le SoC du MatePad 12 X n’est donc pas le plus rapide du marché, mais dans les tâches du quotidien il ne se situe pas si loin des rivaux plus récents.
En Hongrie, le Huawei MatePad 12 X PaperMatte Edition est proposé à environ 249 990 forints dans la boutique en ligne officielle de Huawei, clavier inclus, ce qui le place dans le haut du milieu de gamme. Diverses tablettes Amazon, Kindle ou Android d’entrée de gamme sont plus abordables, l’iPad de base démarre un peu plus bas, tandis que les Galaxy Tab et iPad Pro tirent nettement le plafond vers le haut. Si l’on considère le pack dans son ensemble – clavier magnétique et M-Pencil compris – on obtient un système assez complet, capable de couvrir le dessin, la prise de notes et la consommation de contenus. Le prix ne semble pas excessif non plus, à condition d’accepter les limitations logicielles.
Un bon compagnon de salon, mais pas pour tout le monde
La combinaison d’un écran mat et de performances correctes donne une tablette qu’il est très facile de mettre à contribution pour une grande variété de tâches, surtout lorsque l’écran du téléphone commence à paraître trop petit pour lire ou regarder des films. Pour prendre des notes, streamer, naviguer sur le web, feuilleter des magazines numériques, dessiner ou jouer à des jeux plus simples, l’appareil se montre très agréable, et l’on se surprend vite à le saisir automatiquement en s’affalant sur le canapé. Le MatePad 12 X devient ainsi un de ces appareils « bien pratique à avoir à portée de main », dont l’écran à effet papier contribue réellement à l’expérience, bien plus qu’un simple argument marketing. Le compromis majeur, sans être rédhibitoire, reste l’absence officielle du Google Play Store : celles et ceux qui ne veulent pas jongler avec les APK et les boutiques d’apps alternatives risquent de l’éliminer d’emblée de leur panier.
-Gergely Herpai “BadSector”-
HUAWEI MatePad 12 X PaperMatte Edition
Design - 8.4
Matériel - 8.6
Écran/audio - 8.8
Interface - 7.6
Rapport qualité/prix - 8.2
8.3
EXCELLENT
Le Huawei MatePad 12 X PaperMatte Edition est une tablette dont les plus grands atouts sont l’écran mat à l’aspect papier et les accessoires pensés pour le dessin plutôt que la puissance brute « qui écrase tout ». Côté matériel et autonomie, elle offre ce socle milieu de gamme solide sur lequel on peut bâtir sans crainte travail, études et divertissement, tandis que l’étui-clavier et le M-Pencil apportent un vrai plus au quotidien. HarmonyOS et l’AppGallery, en revanche, restent un terrain riche en compromis, où l’absence des services Google ne peut être atténuée qu’à coups de solutions de contournement. Le MatePad 12 X s’adresse donc avant tout à celles et ceux qui acceptent consciemment ce cadre et, en échange, savent apprécier les avantages de l’écran et des fonctions créatives.








