Un film français avait déjà raconté l’histoire de The Running Man avant Schwarzenegger

ACTUALITÉS CINÉMA – Alors que l’on parle surtout aujourd’hui du nouveau film The Running Man avec Glen Powell, il ne faut pas oublier qu’une version très proche de ce concept existait déjà au début des années 1980. En 1983, la coproduction franco-yougoslave Le prix du danger, adaptée de la nouvelle de science-fiction The Prize of Peril de Robert Sheckley, mettait en scène un jeu télévisé mortel qui annonce de manière troublante le futur succès américain avec Arnold Schwarzenegger.

 

Dans la nouvelle de Sheckley, un homme ordinaire accepte de participer à une émission où des tueurs professionnels le traquent en direct, sous l’œil de tout un pays. Le public peut intervenir, aider ou trahir le candidat, tandis que la télévision transforme chaque instant de panique en spectacle. Cette idée a d’abord donné naissance au téléfilm allemand Das Millionsspiel, puis au long-métrage d’Yves Boisset Le prix du danger, qui accentue encore la critique des médias et de la soif de sang du public.

Le héros du film, François, est un chômeur sans perspectives qui voit dans le jeu sa seule chance d’échapper à la misère. Cinq chasseurs armés sont lâchés à ses trousses, alors que le plateau, chauffé à blanc, et les téléspectateurs jugent chacun de ses gestes. Le présentateur, incarné par un Michel Piccoli d’un cynisme glaçant, ne voit dans la souffrance du candidat qu’un élément de plus pour faire grimper l’audience, rappelant que le seul gagnant certain reste la chaîne.

 

Du Prix du danger à The Running Man, et un procès pour plagiat

 

Quatre ans plus tard, en 1987, sort aux États-Unis le film The Running Man réalisé par Paul Michael Glaser, officiellement adapté du roman homonyme de Stephen King publié en 1982 sous le pseudonyme Richard Bachman. Là encore, un homme désespéré accepte de participer à une chasse à l’homme télévisée, manipulée par un système qui fait de lui un bouc émissaire. Les ressemblances avec Le prix du danger ne se limitent pas au principe général, mais concernent aussi la structure de l’émission et la manière dont le show exploite la violence.

Estimant que le film américain reprenait des choix dramatiques précis de son œuvre, Yves Boisset a attaqué la production de The Running Man en justice pour plagiat. Après onze ans de procédure, le tribunal de grande instance de Paris lui a donné raison en 1998, reconnaissant que la parenté entre les deux films allait au-delà de la simple inspiration. L’indemnisation a surtout servi à couvrir les frais d’avocat, et l’affaire a contribué à rendre Le prix du danger difficilement visible en France, avec de rares diffusions télévisées et une édition VHS restée confidentielle.

 

De Sheckley à Stephen King, puis au nouveau film d’Edgar Wright

 

Reste une question plus délicate, souvent évoquée par les amateurs de littérature de genre: dans quelle mesure Stephen King connaissait-il la nouvelle de Sheckley lorsqu’il a écrit The Running Man? Le texte de 1958 pose déjà les bases du « jeu télévisé mortel », et des critiques soulignent combien le roman de King s’inscrit dans la même logique. Aucune action en justice n’a été intentée contre l’écrivain, la discussion porte donc surtout sur les notions d’influence, d’hommage et de démarcation entre les œuvres.

Avec la préparation d’une nouvelle adaptation réalisée par Edgar Wright, portée par Glen Powell, il devient d’autant plus intéressant de replacer cette histoire dans l’ensemble de son héritage. Au-delà du film avec Schwarzenegger, on trouve la nouvelle de Sheckley, le téléfilm allemand Das Millionenspiel et surtout le long-métrage français Le prix du danger, qui méritent d’être redécouverts par les cinéphiles. Ceux qui souhaitent comprendre d’où vient vraiment ce récit de chasse à l’homme télévisée auraient tout intérêt à se tourner vers ce classique oublié, où Gérard Lanvin et Michel Piccoli livrent deux performances marquantes.

Source : Wikipedia – The Prize of Peril, Wikipedia – The Running Man (novel), Wikipedia – The Running Man (2025 film)

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines - including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)

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