TEST – Team Ninja remet sur nos écrans une action qui exige littéralement des réflexes affûtés comme une lame : Yakumo, le nouveau jeune ninja, découpe le chaos dans un Tokyo « cyberpunk » proche-futur – et bien au-delà – où chaque bonne ou mauvaise décision, chaque pression mal timée sur une touche peut te coûter la vie. Ninja Gaiden 4 n’est pas tout à fait aussi infernal que les anciens épisodes, mais il ne cherche pas non plus à plaire à tout le monde : le rythme est sévère et réclame sans cesse apprentissage, observation et discipline. L’héritage de la série transparaît dans le caractère des armes, les styles de combat des ennemis et la boucle « apprendre-echouer-progresser » des boss. La vraie question, c’est comment cet héritage s’accorde avec les attentes d’accessibilité et les standards techniques d’aujourd’hui. Merci à Microsoft : j’ai plongé – katana en avant – dans l’aventure de Yakumo sur PS5 Pro.
Nouveau héros, nouveau moteur et nouvel habillage visuel, nouveau récit – voilà l’essentiel de Ninja Gaiden 4, sorti à l’aube ce matin, cinq jours après la disparition de Tomonobu Itagaki, père du mythique épisode Xbox de 2004.
En même temps, cette suite n’essaie pas de réécrire le manuel de l’action ninja ni de renier l’héritage d’Itagaki ; elle le rend plus fluide. Si tu restes concentré, tu lis et enchaînes les combos plus vite, avec des retours plus clairs sur les touches qui portent et les esquives réussies. La boucle de base ne change pas : réflexes éclair, décision en une fraction de seconde – attaquer ou défendre, quel combo engager, quel mouvement coller au moment. Même les ennemis « lambda » sont impitoyables et les mini-boss/boss te hachent menu si tu décroches. Re-bienvenue dans le monde brutal et sanguinolent de Ninja Gaiden.
Deux ninjas affûtés ne tiennent pas dans un seul Tokyo ?
Ninja Gaiden 4 enchaîne directement après Ninja Gaiden 3, dans un Tokyo proche-futur sombre, dépressif et teinté de cyberpunk, où la légende du retour du Dark Dragon replonge la ville dans le chaos. L’histoire met en scène deux protagonistes jouables : l’iconique Ryu Hayabusa revient, mais le focus se déplace sur Yakumo, jeune ninja du clan Raven (Blood Raven). D’abord opposés, ils sont forcés de faire équipe face à l’ampleur et la nature de la menace. Les chapitres alternent les points de vue et tissent le mythe « old school » de Gaiden (Dark Dragon, sceaux anciens, rivalités de clans) dans un Tokyo moderne baigné de néons.
Dans le récit, Yakumo est l’as du clan Raven et un descendant du Dark Dragon ; sa mission entre d’abord en collision avec les intérêts du clan Hayabusa. Point clé : par son passé et son sang, Yakumo est directement relié au mythe du Dragon – au point d’envisager des mesures extrêmes comme briser l’ancien sceau. Dynamique centrale : Ryu, maître discipliné ; Yakumo, tornade talentueuse, tête brûlée et un brin insolent. La joute initiale se transforme en partenariat au final.
Le scénario ne s’arrête pas à Tokyo : la campagne s’exporte vers d’autres lieux (sanctuaires de clans, complexes industriels, sommets de gratte-ciels, labos), et les routes de Ryu et Yakumo se croisent régulièrement – tantôt mentor/élève, tantôt « rivaux ». Thématiquement, on retrouve les motifs classiques de la série dans un cadre moderne : pouvoir démoniaque antique (Dark Dragon), loyauté clanique vs morale personnelle, relation maître-disciple, et une éthique du « juste mais impitoyable » que les devs revendiquent : les ennemis jouent avec les mêmes règles que toi.
À côté des deux maîtres ninjas, quelques seconds rôles apparaissent – le plus souvent par radio, plus rarement en cinématiques. Seori, figure mystérieuse quasi « déesse », au savoir étonnamment profond ; Umi, camarade de clan de Yakumo, toujours en ligne et qui fait un drame à chaque mort ; Misaki, la cheffe pragmatique de Yakumo, parfois glaciale, mais sujette à des éclairs de panique quand le gamin s’étale.
Ballet de lame au métronome
Dans Ninja Gaiden 4, le combat n’est pas un « clickstorm » : c’est une suite de coupes chirurgicales, calées sur la pulsation. Avec les armes légères (katana, dagues, lames courtes), tu fuses comme si un métronome vibrait dans ta colonne : changements rapides, petites corrections, jamais un temps de retard. L’acier lourd apporte du poids et de l’autorité, mais avec une marge d’erreur minuscule : si tu frappes hors tempo, une contre-taille bien sèche te ramène à la réalité – l’ego et le héros dégustent. Tu n’as jamais à deviner si la coupe a porté : flash bref, léger hochement de caméra, SFX qui pique – des indices sans équivoque que ça a fait mal.
Les boss suivent la doctrine Gaiden classique, mais avec une mise en scène plus serrée. Acte I : repère leurs signaux – quand ça part, d’où vient le contre-pied, quel mouvement les laisse ouverts. Acte II : capitalise – trouve l’interstice dans l’armure et croche ton combo. Acte III : tu imposes le tempo – la défense bascule en attaque et tu conduis la mesure. Pas d’astuces « cheap », pas de victoire cadeau ; si tu te précipites, le jeu te sèche net – et après quelques mandales, Umi pleure déjà sur ton cadavre.
Les points de contrôle sont justes : tu paies tes erreurs, mais pas avec une demi-journée. Le mode entraînement est là pour polir enchaînements, exécutions et timing. Les QoL comptent enfin : menus plus vifs, switch armes/ninpo limpide – moins de chipotage, plus d’éviscération. Sur les gros packs et les boss en Normal, si tu mords la poussière, tu reçois une potion « de consolation » ; après plusieurs morts, d’autres tombent encore. Le tonique le plus fort te relève carrément – même les pires bastons ne paraissent pas impossibles.
Quoi de neuf, ninja ?
Les vieux Ninja Gaiden étaient excellents, mais le level design n’était pas toujours grandiose ni très inspiré. Ici, le quatrième volet change clairement la donne. Dans le Tokyo futuriste, tu voltiges souvent de toit en toit à des hauteurs vertigineuses, parfois façon Assassin’s Creed avec une élimination d’un coup depuis les airs ; ailleurs, tu slalomes sur d’immenses conduites au-dessus de la ville, bondis entre des trains lancés à pleine vitesse, planés dans des tunnels de vent pendant que des blocs de roche tombent du ciel. Ce ne sont que quelques exemples des trouvailles qui pimentent la formule Gaiden hardcore – et il y en a encore sous le coude.
Les zones sont également lisibles, avec des points de danger bien marqués. La plupart du temps, l’itinéraire se « sent » tout seul ; si tu te perds, un appui te donne un discret repère vers l’objectif suivant.
Aussi beau et rapide sur PS5 Pro que les exclus Sony
Microsoft (Xbox PR) nous a fourni le jeu sur PS5 Pro pour test. Oui, c’est un titre « Microsoft Games », et pourtant il tourne impeccablement dans son mode dédié sur PS5 Pro – que ce soit sur une TV Hisense 140 Hz ou mon projecteur Hisense 60 Hz. C’est net comme un rasoir, superbe et ultra-rapide partout. Pas de saccades, pas de textures baveuses – les petits péchés dont certains moteurs (coucou Unreal 5) souffrent encore.
Ce ninja coupe encore diablement bien !
Ce Gaiden ne te brosse pas dans le sens du poil : tu entres, tu prends deux gifles, puis tu apprends à respirer sur le tempo. La lame est froide, le néon brûlant, et chaque geste raté te laisse une petite cicatrice à l’orgueil. Quand les mains se calent, le combat devient musique – silences et déflagrations, éclairs brefs et longues conclusions. Ce n’est pas pour tout le monde, mais ceux qu’il happe, il les emporte comme un pétale au vent : vite, sans pitié, et pourtant avec beauté. Vieille école, cadence nouvelle – au bout du compte, seule compte ta capacité à danser jusqu’au bout.
– Gergely Herpai « BadSector » –
Code de test Xbox Series X fourni par Xbox PR.
Atouts :
+ Escrime de précision : chaque taille est une décision
+ Tokyo néon inoubliable et set-pieces de traversal spectaculaires
+ PS5 Pro béton : chargements rapides, micro-saccades quasi nulles
Points faibles :
– Campagne courte en ressenti ; 2-3 heures de plus auraient fait du bien
– Énigmes simples ; te freinent rarement
– Les soins « d’assistance » abaissent l’enjeu en Normal
Développeur : Team Ninja / PlatinumGames
Éditeur : Xbox Game Studios Publishing
Genre : Action, hack’n’slash (troisième personne)
Date de sortie : 21 octobre 2025
Ninja Gaiden 4
Jouabilité - 9.4
Graphismes - 9.2
Histoire - 8.2
Musique/audio - 8.6
Ambiance - 9.5
9
SUPER
Ninja Gaiden 4 frappe là où ça compte : un rythme tendu et des affrontements à la fois justes et impitoyables. Les niveaux sont plus grandioses, la technique est solide, et la dynamique nouveau héros/ancien maître apporte un vrai bol d’air. On le voudrait plus long et plus audacieux dans ses énigmes, mais si vous venez pour la boucle « apprendre-échouer-progresser », vous allez replonger à fond.