Nobuo Uematsu affirme sans détour qu’il n’a jamais eu recours à l’intelligence artificielle—et n’a aucune intention de s’y mettre.
Le célèbre compositeur de Final Fantasy n’a pas mâché ses mots lorsqu’on l’a interrogé dans le Jasrac Magazine sur l’usage de l’IA générative en composition musicale. Les expérimentations artistiques autour de cette technologie ont déjà vu naître des « musiciens » IA, comme The Velvet Sundown, posant la question de savoir si un vétéran tel qu’Uematsu y verrait un attrait ou une menace, vu la facilité avec laquelle ces outils peuvent générer des mélodies.
Uematsu explique n’avoir jamais utilisé l’IA et « probablement » ne jamais le faire. Pour lui, la musique humaine est instable, chacun la pratiquant à sa manière. Ce sont justement ces fluctuations et imperfections qui rendent le son satisfaisant. Il a déjà exprimé ses réserves sur l’évolution de la musique de jeux vidéo—s’inquiétant l’an dernier d’une vague de réalisateurs satisfaits d’un style hollywoodien—et ajoute que les outils d’IA empêchent les compositeurs d’explorer en profondeur leur singularité pour l’exprimer.
Il déplore aussi une forme de stagnation, trop de compositeurs imitant John Williams. Uematsu dit souhaiter un « médian » plus étrange et plus fou dans la musique de jeux. Par définition, l’IA générative ne peut produire que ce qui reflète ses données d’entraînement, tandis que les artistes humains excellent dans ces imperfections fascinantes. Selon lui, les problèmes du secteur sont créatifs plutôt que technologiques. Un cap a été franchi quand les musiciens ont pu intégrer des enregistrements de studio aux jeux ; un autre avec l’audio binaural, implémenté dès Final Fantasy X. Reste à savoir ce que les joueurs en attendront demain.
Il reconnaît que des outils d’IA peuvent aider sur certains points—par exemple des transitions plus fluides entre timbres—mais créer soi-même, avec ses difficultés, lui apporte davantage de joie. Et quand on écoute de la musique, une partie du plaisir vient de la découverte de l’histoire de son auteur… ce dont l’IA est dépourvue.
Source : PCGamer, Jasrac Magazine