Sony s’insurge contre des manœuvres destinées à soustraire Tencent à ses responsabilités et réclame le rejet pur et simple de la défense. Au cœur du dossier : un montage censé protéger Light of Motiram.
Le bras de fer judiciaire entre Sony et Tencent continue. Après les révélations selon lesquelles Tencent aurait tenté de convaincre PlayStation de lancer un projet lié à The Last of Us, les accusations se multiplient. Tout est parti de l’annonce de Light of Motiram, un jeu qui rappelle fortement la franchise Horizon. Sony a porté plainte en pointant de nombreuses similitudes suspectes avec la saga d’Aloy.
Sony veut aller vite
Dans un mémoire de 35 pages obtenu par The Game Post, Sony demande au juge de rejeter intégralement la requête de Tencent visant à clore l’affaire. Pour le groupe japonais, la défense de Tencent est « absurde » : elle dilue la responsabilité entre plusieurs filiales — Aurora Studio, Level Infinite, Proxima Beta — afin d’esquiver toute reddition de comptes. Pour Sony, le véritable décideur demeure Tencent Holdings.
Selon Sony, la maison mère a déposé la marque Light of Motiram aux États-Unis, contrôle le site officiel du jeu et pilote la marque Tencent Games. Conclusion : c’est bien Tencent — et non ses filiales — qui entend lancer le titre et tirer profit de la notoriété d’Horizon.
Sony soutient en outre que l’atteinte a déjà eu lieu et se poursuit. Certes, Tencent a modifié la page Steam et repoussé la sortie à fin 2027, mais cela n’efface pas les faits. Bandes-annonces et visuels promotionnels restent en ligne sur les réseaux, d’où ce constat : « le préjudice est fait — et perdure ».
Un « ADN Horizon » : univers, musique, héroïne
La plainte affirme que Light of Motiram copie des éléments essentiels d’Horizon : univers tribal mâtiné de technologie, bestiaire très proche, et musique trop similaire. Côté BO, Sony affirme que Tencent a mandaté un compositeur ayant travaillé sur Horizon Forbidden West pour en mimer le style. Le document ajoute que la protagoniste renvoie clairement à Aloy.
Rappelons qu’il y a quelques semaines, on apprenait que Tencent avait proposé à Sony un Horizon situé en Asie ; le refus de PlayStation n’a pas empêché Light of Motiram d’avancer. Sur le terrain des marques, Sony martèle qu’Aloy n’est pas qu’une héroïne : c’est un symbole commercial de la série. Dans ce cadre, les Japonais accusent Tencent d’avoir utilisé une sorte de « doublure » d’Aloy comme image de Light of Motiram sur son site.
Par ailleurs, Sony reproche à Tencent d’orchestrer des « acrobaties corporatives » via son réseau de sociétés pour empêcher la justice américaine d’inquiéter directement la maison mère. Or, les documents investisseurs de Tencent indiquent que Tencent Holdings déclare bien les revenus jeux vidéo et revendique des équipes comme Aurora Studios.
Sony vise aussi Tencent America pour sa participation au marketing, et évoque une bêta prévue aux États-Unis, avec Proxima Beta en éditeur/distributeur. Selon Sony, Light of Motiram est pensé pour séduire le marché américain. Tencent rétorque que la procédure est prématurée, le jeu n’étant pas sorti.
Si le juge veut aller plus loin, Sony demande d’ouvrir directement la phase de discovery (communication de pièces) : accès aux documents internes, courriels et auditions de dirigeants. À terme, cela pourrait faire jurisprudence sur la frontière entre « éléments communs » réutilisables dans le jeu vidéo et copies constitutives d’une atteinte aux marques — un écho lointain de l’affaire Nintendo vs Palworld (sur le terrain des brevets).
Source : 3DJuegos