APERÇU – Un The Last of Us médiéval et réaliste, porté par une actrice de Baldur’s Gate 3 et une équipe italienne sans peur ni compromis. 1348: Ex Voto est l’ambition démesurée d’un petit studio, attendu en 2026 sur PC, PS5 et Xbox Series.
Chaque année, une multitude de jeux font sensation lors de leur présentation avant de disparaître aussitôt dans le flot infini d’annonces et de sorties. 1348: Ex Voto aurait pu connaître ce même destin — mais il mérite bien mieux. Présenté pour la première fois au Future Games Show 2025, ce jeu d’action à la troisième personne a immédiatement suscité la curiosité grâce à son cadre médiéval européen saisissant et son ambition : recréer l’intensité émotionnelle de The Last of Us. Après l’avoir découvert lors d’une démonstration privée, je suis convaincu que ce drame médiéval s’impose comme l’un des projets indépendants les plus prometteurs du moment — surtout avec Jennifer English (Baldur’s Gate 3) au casting, et un univers aussi brut que profondément humain.
Un voyage au cœur du Moyen Âge: entre histoire et fiction
Dès les premières images, Ex Voto impressionne par la richesse et la précision de son univers. Les développeurs italiens n’ont pas eu besoin d’aller bien loin pour trouver l’inspiration : l’aventure se déroule dans le sud de l’Italie au XIVᵉ siècle, sur la côte escarpée de la “botte”, en pleine épidémie de peste noire. Impossible de ne pas penser à A Plague Tale, mais la comparaison s’arrête là : là où Asobo Studio plaçait la maladie au centre de son récit, Ex Voto en fait surtout un décor social et historique, pour se concentrer sur les destins humains et la survie émotionnelle de ses personnages.
La protagoniste, Aeta, est une jeune noble devenue chevalière après avoir perdu sa famille. Elle se lance à la recherche de son amie d’enfance, Bianca — le dernier lien avec son passé. Aeta est une figure rare pour l’époque : une femme chevalier au cœur d’une Europe médiévale dominée par les hommes, mais son histoire reste crédible et organique dans ce contexte. Le studio Sedleo a fait appel à deux actrices expérimentées, Alby Baldwin et Jennifer English, qui prêtent à leurs personnages leurs voix et leurs mouvements via la motion capture. Ce soin du détail confère au jeu une authenticité saisissante, transformant le Moyen Âge en un monde tangible, dur, mais profondément humain.
Les créateurs assument leurs choix — et ils ont bien raison
Bien que l’équipe assure que les questions sociales ne seront pas au centre du récit — Aeta s’apparente davantage à une Arya Stark italienne, indépendante et intrépide — les développeurs savent que la présence d’une femme chevalier pourra en surprendre certains. « Ça ne nous dérange pas », affirme Tom Oceano, directeur du projet. « Nous savons que ce choix ne plaira pas à tout le monde, mais c’est l’histoire que nous voulons raconter. » Il précise également : « Ce n’est pas un jeu de fantasy, il n’y a aucun élément surnaturel. »
Ex Voto se veut donc une fiction ancrée dans le réel : un voyage onirique mais brutalement authentique à travers une Italie déchirée par la guerre. Des historiens et architectes ont été consultés pour reproduire fidèlement les bâtiments et les paysages du XIVᵉ siècle. Le récit s’inscrit dans la crise morale et religieuse provoquée par la peste, tandis que les républiques de Florence, Venise, Milan et Gênes s’affrontent pour le pouvoir. L’objectif de Sedleo n’est pas de glorifier la violence ou la souffrance, mais de restituer la dureté d’une époque à travers une aventure d’environ huit heures, dense et maîtrisée.
Dans la lignée de Hellblade: linéaire, intense et viscéral
Ex Voto ne cherche pas à impressionner par des batailles monumentales, mais par des affrontements intimes et violents. Les développeurs ont choisi une structure linéaire où l’action prime, tandis que l’infiltration reste secondaire. Les combats, généralement limités à un ou deux ennemis, se distinguent par leur réalisme et leur impact. Le système de combat rappelle celui de Kingdom Come: Deliverance 2 : chaque coup d’épée, chaque parade, chaque esquive compte, et la moindre erreur peut être fatale.
Le gameplay intègre également un système de postures inspiré de Ghost of Tsushima, offrant deux styles : à une main et à deux mains. La première favorise la mobilité au détriment de la défense, tandis que la seconde apporte puissance et stabilité au prix de la vitesse. Les transitions entre ces styles se font de manière fluide, sans interrompre le rythme du combat. À la manière de Sekiro: Shadows Die Twice, Aeta et ses adversaires disposent d’une jauge d’équilibre : une fois déséquilibré, un ennemi devient vulnérable à une attaque fatale.
Mais attention : ce n’est pas un soulslike. Comme l’explique Oceano, « Ce n’est pas un Souls, c’est plutôt un Hellblade avec l’âme de The Last of Us. » Pas de changement d’armes ni de système RPG complexe, mais la possibilité d’améliorer la lame d’Aeta, autant sur le plan esthétique que fonctionnel. Ex Voto vise un équilibre entre intensité émotionnelle, action brute et rigueur historique — sans artifice ni remplissage inutile.
Beaucoup de zones d’ombre subsistent encore, mais au vu de son concept, de sa direction artistique et de la qualité de son interprétation, 1348: Ex Voto s’annonce comme l’un des projets européens les plus intrigants à venir. Sa sortie est prévue en 2026 sur PC et consoles. Si Sedleo tient ses promesses, ce pourrait bien être la prochaine grande surprise du jeu d’action narratif.
– Par Gergely Herpai “BadSector” –
Source : 3djuegos