TEST – Cinq ans après que Ghost of Tsushima ait marqué une génération de joueurs, PlayStation et Sucker Punch reviennent avec une nouvelle aventure exclusive à la PS5. Sorti le 2 octobre 2025, Ghost of Yotei abandonne Jin Sakai pour laisser la place à Atsu, une mercenaire impitoyable prête à tout pour accomplir sa vengeance. Sa mission est claire : traquer et éliminer les Six de Yotei, un groupe de criminels sanguinaires qui a décimé sa famille seize ans auparavant. Ce récit classique de revanche se transforme ici en une odyssée violente et émotionnelle. Voici notre verdict complet.
Dans les terres du nord, en Ezo, la rumeur raconte qu’un esprit vengeur hante les nuits. Mais cette entité ne s’attaque pas aux innocents : elle traque ceux qui ont semé la terreur — les Six de Yotei. Seize ans plus tôt, ces hors-la-loi ont massacré une famille entière. Cette tragédie est celle d’Atsu, notre héroïne, qui a juré de faire couler le sang de ceux qui ont détruit sa vie.
Un récit de vengeance classique, mais efficace
Les histoires de vengeance ne manquent pas dans le jeu vidéo, mais Ghost of Yotei parvient malgré tout à se démarquer grâce à son ambiance cinématographique. Dès les premières minutes, la mise en scène évoque les grands films de sabre japonais tout en empruntant à l’esthétique des westerns modernes. Pendant une vingtaine d’heures, le jeu donne même l’impression d’être à la hauteur des monuments que sont The Last of Us ou Red Dead Redemption. Pourtant, l’intrigue reste assez prévisible : la traque des Six de Yotei réserve peu de surprises et le dénouement se devine bien avant la fin. Heureusement, l’écriture reste solide, les personnages sont bien construits et plusieurs rebondissements maintiennent l’intérêt. La diversité des missions constitue également un atout, alternant avec fluidité les phases d’action, d’infiltration et d’enquête.
Un monde ouvert qui respire et fascine
La véritable star de Ghost of Yotei n’est ni son scénario ni son héroïne, mais son univers. Le monde semi-ouvert évolue au fil de la progression, révélant de nouvelles zones à mesure que l’histoire avance. Plutôt que de découper la carte en plusieurs parties, le jeu propose un vaste hub central qui donne accès à des régions autonomes, chacune dédiée à la traque d’un membre du groupe. Très tôt, on peut choisir quelles zones explorer, ce qui confère une liberté inédite par rapport à Ghost of Tsushima.
Tout n’est pas parfait : certaines zones secondaires manquent de la richesse visuelle et de la cohérence artistique du centre de la carte, dont les panoramas impressionnent par leur ampleur et leur beauté. Mais le plaisir de l’exploration reste intact. Les reliefs, les nuances de couleurs et les signaux visuels guident le joueur, et l’expérience rappelle souvent des titres emblématiques comme Zelda: Breath of the Wild ou Elden Ring, que les développeurs citent ouvertement comme sources d’inspiration.
Les paysages spectaculaires ne sont pas qu’un décor : Atsu dispose désormais d’une longue-vue, qui lui permet de repérer des lieux d’intérêt au loin et de marquer des points sur la carte. Une fois repéré, il suffit de suivre le vent — littéralement — pour atteindre l’objectif, comme dans Ghost of Tsushima.
Une ronin aux mille talents
Plutôt que de multiplier les icônes sur la carte, Ghost of Yotei encourage l’observation et l’instinct. Les points d’interrogation disparaissent : à vous d’explorer, d’écouter les rumeurs et de discuter avec les PNJ pour trouver les lieux intéressants. La seule constante sur votre carte reste l’objectif principal.
Sucker Punch réussit à créer un monde vivant et organique. Rien n’est donné gratuitement, et l’information doit souvent être arrachée aux ennemis. Quêtes secondaires, événements dynamiques et secrets se mêlent pour donner à chaque partie un parfum d’inconnu. Le système de primes scénarisées et les quêtes « mythiques », qui débloquent de puissants équipements, gagnent en profondeur et en variété par rapport au précédent opus.
Le jeu n’est pourtant pas exempt de défauts. L’absence de flashbacks d’Atsu limite l’impact émotionnel du récit. Certaines missions restent très classiques dans leur mise en scène, et la répétition de certaines activités finit par lasser. Libérer des camps ennemis ou escalader des sanctuaires devient vite routinier, même si les développeurs ont essayé d’apporter de la diversité — par exemple, le renard ne mène plus toujours à un autel.
Des combats nerveux et variés
L’exploration n’est qu’une partie de l’expérience. Les affrontements sont toujours aussi intenses : Atsu manie l’épée avec agilité et peut aussi se faufiler discrètement derrière les lignes ennemies. Son arsenal est particulièrement varié : double katana, yari, kusarigama ou odachi viennent enrichir son style de combat. Leur apprentissage nécessite désormais l’aide de maîtres, ce qui donne un côté plus organique à la progression.
Chaque arme est plus efficace contre un type d’ennemi précis, forçant à adapter constamment sa stratégie. Le système d’« Esprit » revient également, permettant d’utiliser des attaques spéciales ou de régénérer sa santé — parfois en buvant du saké en plein combat. Les duels et confrontations emblématiques sont toujours de la partie.
Le chaos, un compagnon de route
Le système de combat reste précis et brutal, même si certaines batailles deviennent confuses lorsque trop d’ennemis nous entourent. La caméra s’en sort mieux que par le passé, mais l’infiltration n’a pratiquement pas évolué. Quelques nouveautés viennent tout de même dynamiser les affrontements : la possibilité de lancer une arme ramassée sur le champ de bataille, de désarmer un adversaire ou d’utiliser une arme à feu telle qu’un mousquet rapide.
Un ajout marquant : la louve, qui apparaît d’abord de manière aléatoire avant de devenir une alliée précieuse. Elle dispose de son propre arbre de compétences, qui se développe en libérant d’autres loups dans le monde. En plus d’être utile lors des combats, elle symbolise la nature solitaire d’Atsu, qui apprend progressivement à faire confiance.
Le nouveau phénomène PS5 ?
Graphiquement, Ghost of Yotei impressionne avec ses panoramas vastes, ses effets météorologiques soignés et son sens du détail. Les animations et les modèles 3D ne sont pas toujours à la hauteur des standards actuels, mais les cinématiques et l’expressivité des visages progressent nettement. Trois modes graphiques sont disponibles sur PS5 : Qualité (30 FPS), Ray Tracing (30 FPS avec effets de lumière améliorés) et Performance (60 FPS). La version PS5 Pro propose un mode Ray Tracing Pro à 60 FPS, combinant fluidité et beauté visuelle.
Quelques bugs persistent dans la version finale : des quêtes qui restent affichées malgré leur achèvement, des PNJ figés ou des bandes noires disparaissant inopinément. De petits détails, certes, mais qui peuvent casser l’immersion.
Une suite ambitieuse et incontournable
Sans révolutionner le genre, Ghost of Yotei s’impose comme une aventure d’action remarquable et une évolution claire par rapport à Ghost of Tsushima. Sucker Punch signe un monde ouvert plus vaste, plus vivant et plus riche que jamais, offrant des heures de découvertes, de combats intenses et de moments mémorables. Même après cinquante heures, le jeu continue de surprendre. C’est assurément l’un des titres les plus solides et incontournables du catalogue PS5.
-Gergely Herpai “BadSector”-
Pro :
+ Un monde somptueux et immersif
+ Un système de combat profond et dynamique
+ Une exploration organique pleine de surprises
Contre :
– Certaines missions secondaires deviennent répétitives
– Quelques bugs techniques subsistent
– L’infiltration reste trop basique
Développeur : Sucker Punch Productions
Éditeur : Sony Interactive Entertainment
Genre : Action-aventure
Date de sortie : 2 octobre 2025
Ghost of Yotei
Jouabilité - 8.8
Graphismes - 9.5
Histoire - 8.3
Musique/Audio - 8
Ambiance - 8.9
8.7
EXCELLENT
Ghost of Yotei est une aventure riche et spectaculaire qui succède brillamment à son prédécesseur. Grâce à son univers immersif, son système de combat stratégique et son contenu dense, il s’impose comme l’un des jeux exclusifs les plus marquants de l’année sur PS5.