Avec des amis pareils – Un film qui n’atteint jamais sa cible

CRITIQUE DE FILM – Il y a les mauvais films… et puis il y a ceux qui ratent absolument tout. Avec des amis pareils appartient clairement à cette seconde catégorie : une œuvre tellement obsédée par l’idée d’être importante que son visionnage devient rapidement pénible. Résultat : un spectacle pompeux, surjoué et prétentieux où rien ne fonctionne – et lorsque le générique arrive enfin, on n’a plus qu’une envie : passer à autre chose plutôt que de supporter encore une minute en compagnie de ces personnages.

 

Sur le papier, le film de Kristóf Deák promet un drame intimiste tendu : quatre personnages, une fête, des rancunes anciennes qui refont surface. Un concept classique, mais efficace… s’il ne ressemblait pas autant à un examen de fin d’année d’école d’art dramatique. Les acteurs ne jouent pas, ils déclament. Les dialogues ne sont pas des échanges, mais une suite de monologues prétentieux que quelqu’un a manifestement crus « profonds » et « sincères ». Et comme si cela ne suffisait pas, le rythme du film est aussi chaotique qu’un tricycle bancal poussé par des ours ivres.

Chaque scène est trop écrite, trop expliquée, trop jouée. Les personnages verbalisent tout ce qu’ils ressentent – ou devraient ressentir – alors qu’un simple silence, un regard ou un geste suffiraient souvent à faire passer l’émotion. À la place, on assiste à ce qui ressemble davantage à une répétition de théâtre où la seule indication du metteur en scène aurait été : « Jouez avec intensité. » Résultat : le spectateur reste à distance, observe sans émotion et lutte pour ignorer des dialogues aussi artificiels que creux.

 

 

Quand les dialogues fatiguent plus qu’ils ne touchent

 

Le plus grand défaut de Avec des amis pareils réside sans doute dans son scénario. On n’y trouve ni naturel dans les répliques, ni authenticité dans les réactions : seulement des phrases laborieuses et trop analysées, plus proches d’une lecture publique que d’une vraie conversation. Les personnages ne communiquent pas : ils monologuent les uns à côté des autres, alignant des discours pseudo-philosophiques qui ne sont ni brillants ni pertinents. La seule réaction que cela provoque, c’est l’épuisement – celui qui vous pousse à regarder l’heure en espérant que la fin approche.

La structure narrative n’aide pas davantage. Ce qui devrait être une montée dramatique progressive s’égare dans des détours inutiles : la tension retombe aussitôt qu’elle s’installe, les rebondissements manquent d’impact, et au troisième « grand moment émotionnel », on a déjà cessé de se soucier de qui se dispute avec qui. Le film ne semble avoir qu’un but : rappeler constamment au spectateur à quel point il est « sérieux » et « profond » – tout en oubliant d’être captivant, surprenant ou simplement émouvant.

 

 

Une pièce de théâtre filmée ? Plutôt un exercice raté

 

La mise en scène de Deák évoque une captation théâtrale – et ce n’est pas un compliment. Le cinéma exige de la subtilité, du sous-texte, une narration visuelle : ici, rien de tout cela. Plans fixes interminables, gestes surjoués, symbolisme appuyé… chaque scène semble tenter de « cinématiser » une pièce, mais échoue à transformer l’intime en cinéma.

Les performances n’arrangent rien. Laura Döbrösi et Dalma Tenki se donnent corps et âme, mais la direction trop insistante et le jeu excessif finissent par transformer le drame en caricature. Les scènes censées bouleverser ou provoquer la catharsis deviennent maladroites, presque ridicules. Quant aux personnages, ils n’ont rien d’humain : ce sont des archétypes – « l’ex rancunière », « l’intellectuelle moralisatrice », « l’âme émotionnellement fermée » – des figures mille fois vues, souvent mieux écrites et mieux interprétées ailleurs.

Il arrive même que les moments dramatiques frôlent l’absurde. À mesure que les traumatismes s’accumulent, au lieu de nous rapprocher des personnages, ils nous en éloignent davantage. Et dans un drame en huis clos, c’est impardonnable : si l’on cesse de se soucier du sort des protagonistes, le film a déjà échoué.

 

 

Beaucoup d’efforts pour un vide abyssal

 

Ce qu’il y a de plus frustrant dans Avec des amis pareils, c’est sa volonté acharnée d’être « important ». Chaque scène, chaque réplique, chaque jeu d’acteur crie : « Regardez, il se passe quelque chose de capital ! » Mais non. Le film n’apporte aucune perspective nouvelle sur les relations humaines, n’offre aucune réflexion originale sur le pardon ou le poids du passé – il recycle des clichés usés jusqu’à la corde et les étire au-delà du raisonnable. Lorsque le générique tombe, on ne médite sur rien : on peine même à se rappeler ce qu’on vient de voir.

Et c’est bien là son plus grand échec : le film ne se contente pas d’échouer à émouvoir, il gaspille votre temps. Un grand drame intimiste laisse le spectateur secoué, pensif, avide d’en discuter. Après Avec des amis pareils, on ne ressent qu’un soulagement : celui de ne jamais avoir à revivre l’expérience. Ce n’est pas une simple erreur d’exécution, c’est l’échec d’une vision tout entière.

– Gergely Herpai « BadSector » –

 

Avec des amis pareils

Direction - 4.2
Acteurs - 5.1
Histoire - 3.2
Visuels/Musique/Sons - 4.4
Ambiance - 2.2

3.8

MAUVAIS

Avec des amis pareils ressemble à une répétition théâtrale déguisée en film, désespérée d’avoir du sens mais écrasée par ses propres ambitions. Ses dialogues trop littéraires, sa mise en scène prétentieuse et ses performances excessives vident le drame de toute substance bien avant qu’il n’ait une chance d’exister. Ce n’est pas du cinéma : c’est un exercice d’ego pompeux et épuisant, déjà trop long après une seule séance.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)

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