TEST – Codemasters garde bien au chaud la licence officielle de la Formule 1, mais cela n’empêche pas certains studios indépendants de s’inviter sur la grille. Formula Legends débarque sans pilotes réels ni circuits homologués, mais compense par une esthétique chibi, un ton parodique et une conduite résolument arcade. Une proposition atypique, certes limitée, mais qui parvient à séduire par son humour et son énergie.
Pas de licence FIA ici : pas de Verstappen, pas de Ferrari, pas de Monaco. À la place, un casting volontairement absurde. On retrouve Danny Ricchiordi et Luis Hammerton, mais aussi Batteri Voltas, Charlie Lacreme ou encore Hans Troll – un clin d’œil tellement appuyé qu’il ferait probablement grincer des dents Lance Stroll… ou plutôt son père. Dès les premières minutes, le ton est donné : Formula Legends se moque gentiment de la discipline reine, tout en lui déclarant son amour.
Le mode Histoire fait voyager à travers les décennies, en commençant par les années 1960. Chaque époque propose ses voitures, ses évolutions technologiques et ses circuits revisités. Les noms officiels manquent, mais les inspirations sont évidentes : les grandes courbes de Spa ou la ligne droite de Monza sont reconnaissables au premier coup d’œil. Pour brouiller les pistes juridiques, certains tracés sont même inversés, ce qui renforce le côté pastiche plutôt que copie conforme.
Arcade rétro, défis modernes
Ne vous fiez pas à leurs airs de jouets : ces petites monoplaces sont plus coriaces qu’il n’y paraît. En mode Facile, avec les aides activées, on s’amuse sans peine et l’expérience reste accueillante. En Normal, la difficulté monte d’un cran : il faut connaître ses points de freinage et ne pas rater ses trajectoires. En Difficile, seule une conduite quasi parfaite permet d’espérer un podium.
L’IA n’est pas du genre fair-play. Dire qu’elle est « agressive » serait un euphémisme : vos adversaires se jettent dans chaque virage comme s’il n’y avait pas de lendemain. Les collisions se traduisent par une simple barre de vie, ce qui évite la casse trop punitive, mais l’IA reste imprévisible et souvent maladroite. Cela dit, quand on repense à certaines bourdes de vrais pilotes ces dernières saisons, difficile de crier à l’irréalisme…
La prise en main reste résolument arcade. Les voitures ressemblent plus à des jouets téléguidés qu’à de vraies F1, mais une fois le rythme trouvé, on enchaîne les virages avec une fluidité grisante. Impossible d’y jouer comme à une simulation : ceux qui essaient seront punis. Ici, l’essentiel est de garder le fun et le flow.
Des petits détails qui font mouche
Malgré son ADN arcade, Formula Legends s’amuse à intégrer quelques touches réalistes. La gestion des pneus et de leur usure, les arrêts aux stands sous forme de mini-jeux – il faut appuyer sur les bons boutons pour changer les gommes, faire le plein et repartir – ajoutent une couche de tension bienvenue. Chaque époque bénéficie aussi de son habillage : filtres sépia et paddocks de fortune dans les années 60, puis arrivée du fameux « BRS » (surtout pas DRS !) dans la période moderne. Autant de clins d’œil qui enrichissent l’expérience.
Mais la petite taille du projet se ressent vite. Pas de multijoueur, ni en ligne ni en local, un vrai manque pour un jeu pensé autour de la convivialité. Le contenu reste limité à 14 circuits (multipliés par leurs variantes selon les décennies) et 14 voitures en piste. Les championnats ne dépassent pas 14 courses, ce qui colle à une saison rétro mais paraît maigre comparé aux 24 rendez-vous actuels. Pas de carrières multi-saisons, pas de transferts de pilotes : Formula Legends n’a pas cette ambition. On est face à une déclaration d’amour artisanale, pas un blockbuster.
Technique et réalisation
Sur PS5, le jeu tourne très bien : image nette, design cartoon mis en valeur et seulement un léger pop-in, à peine visible en pleine course. La version Switch, en revanche, accuse le coup : résolution en berne, clipping omniprésent et absence de gâchettes analogiques, rendant la conduite laborieuse. Sur PC, PS5 et Xbox, l’expérience reste agréable ; reste à espérer une version corrigée sur Switch 2.
Bilan
Formula Legends n’essaie pas de rivaliser avec les simulateurs. C’est une ode malicieuse à la F1, un jeu d’arcade modeste mais attachant, qui séduit par son humour et ses références. Oui, le contenu est restreint et l’absence de multijoueur pèse lourd, mais le charme opère malgré tout. On y revient pour ses noms parodiques, son gameplay accessible et sa passion palpable pour le sport automobile.
-Gergely Herpai “BadSector”-
Pro :
+ Un hommage drôle et assumé à la F1
+ Conduite arcade fun et addictive
+ Des noms de pilotes parodiques hilarants
Contre :
– Aucun mode multijoueur
– IA agressive et incohérente
– Contenu limité (pistes et voitures)
Développeur : 3DClouds
Éditeur : 3DClouds
Genre : Arcade Racer
Date de sortie : 18 septembre 2025
Formula Legends
Jouabilité - 6.5
Graphismes - 6.2
Expérience de conduite - 6
Musique/Audio - 5.8
Ambiance - 6.5
6.2
CORREKT
Formula Legends n’est pas un mastodonte technique, mais un petit jeu passionné qui assume son humour et sa différence. Moins ambitieux que ses rivaux, mais sincère et rafraîchissant, il mérite le détour pour les fans de F1 en quête d’une expérience légère.