ACTUALITÉS CINÉMA – Les critiques ont dénigré le nouveau Conjuring, et beaucoup considéraient le genre épuisé. Pourtant, contre toute attente, le film a triomphé au box-office. La dernière (et peut-être ultime) aventure des Warren a fonctionné malgré tout.
Le quatrième et apparemment dernier volet de la saga Conjuring, intitulé L’Heure du jugement, a littéralement explosé le box-office lors de son premier week-end. Il signe le deuxième meilleur démarrage de l’histoire pour un film d’horreur (juste derrière Ça en 2017, même si l’inflation et d’autres facteurs nuancent toujours ces records). Qu’il s’agisse d’un succès absolu ou relatif, les chiffres restent impressionnants. D’autant plus que les attentes initiales n’étaient pas très élevées.
Avec 187 millions de dollars dans le monde (104 millions à l’international, 83 millions aux États-Unis et 4,1 millions en Espagne), le film réalise le meilleur lancement de la franchise. Les écrans IMAX ont aussi rapporté 14,3 millions de dollars, un record pour un film d’horreur. Ainsi, l’univers Conjuring (incluant les spin-offs The Nun et Annabelle) cumule désormais 2,3 milliards de dollars, devenant la saga horrifique la plus rentable de l’histoire.
Un tournant pour la franchise
Ce film sort à un moment charnière. Si les opus principaux ont toujours cartonné en salles, la critique s’est souvent montrée sévère : L’Heure du jugement affiche 56% sur Rotten Tomatoes. Seuls les deux premiers dépassent 80%, tandis que The Nun, Annabelle ou le troisième Conjuring stagnent entre 25% et 55%. Ce décalage critique traduit une certaine lassitude, qui peut finir par impacter les recettes. Ici, ce n’est pas le cas, notamment grâce à des budgets modestes (20 à 50 millions) assurant une rentabilité rapide.
Le genre horrifique est d’ailleurs en pleine forme. Comme le note le journaliste Jorge Loser sur Bluesky, L’Heure du jugement a rapporté, dès son premier week-end, 67 millions de plus que The Substance et Give It Back réunis sur toute leur exploitation – pourtant deux films acclamés par la critique. Cet été encore, des titres comme Weapons ou Give It Back ont dominé le box-office. Entre l’essor du streaming et les faibles coûts de production face aux blockbusters, l’horreur vit un âge d’or.
Une recette qui s’épuise
Malgré tout, la réception glaciale des critiques se comprend : la formule est usée. Les clones pullulent, dans et hors de la franchise – Deliver Us from Evil, Ouija, Cadaver, Winchester, ou encore l’espagnol Veronica. Toujours la même recette : maisons hantées, possessions d’innocents, et jumpscares stéréotypés, filmés avec un style visuel identique.
Il existe cependant des variations : l’approche plus artistique d’A24 avec Hérédité, ou celle, plus ludique, de Blumhouse, qui prépare un nouvel Insidious. Même si le box-office n’est jamais garanti, le public reste fidèle au rendez-vous.
Pourquoi l’horreur continue de séduire
Au-delà de ces raisons, une autre explication : dans une industrie saturée de blockbusters standardisés, où la patte des réalisateurs n’a plus de valeur (les films Marvel en sont un exemple frappant), l’horreur mise sur la surprise et la différenciation. Le genre n’est pas épargné par les franchises, mais il les aborde autrement : avec humour et légèreté. Dans Conjuring, faire partie d’une saga n’est pas un frein, mais un prétexte pour amplifier le spectaculaire et l’absurde. L’horreur demeure l’un des derniers bastions de créativité du cinéma commercial – et le public le perçoit intuitivement. Aucune mauvaise critique ne peut y changer quoi que ce soit.
Source : Xataka