Peacemaker – Saison 2 : Même le multivers ne peut plus rien pour lui

CRITIQUE DE SÉRIE – Cette fois, Christopher Smith — alias Peacemaker (John Cena) — n’a pas pour mission de sauver la planète d’une invasion extraterrestre. Il doit plutôt affronter une épreuve bien plus intime : il découvre une dimension parallèle où son double semble vivre la vie dont il a toujours rêvé. Une nouvelle fois, James Gunn transforme une idée absurde en une réflexion sincère et bouleversante, faisant jaillir une véritable évolution dramatique du chaos le plus brut. Cette deuxième saison ne se contente pas de maintenir le niveau de la précédente : elle le dépasse haut la main, offrant un spectacle plus bruyant, plus étrange et bien plus touchant. John Cena livre l’une des meilleures prestations de sa carrière — et même cet incroyable aigle a droit à son heure de gloire. Cette critique se fonde sur les cinq épisodes diffusés en avant-première par Warner Bros.

 

Lorsque Christopher « Peacemaker » Smith découvre une passerelle vers un autre monde — un monde où une version alternative de lui-même semble avoir tout ce dont il a toujours rêvé — il se retrouve brutalement confronté aux traumatismes qu’il s’efforçait d’enfouir, contraint de s’interroger sur la personne qu’il souhaite véritablement devenir. Ce qui aurait pu n’être qu’une banale digression de science-fiction se mue en un puissant face-à-face avec le doute, la douleur, et la tentation d’une fuite facile. Ce détour multiversel n’est pas un simple clin d’œil aux fans : c’est le cœur émotionnel de cette saison, et il résonne avec une intensité inattendue.

 

 

Gunn a parié sur ce bouffon — et il a eu raison

 

On l’oublie facilement aujourd’hui, mais lorsque James Gunn a proposé une série centrée sur Peacemaker — sans doute le personnage le plus immature et insupportable de *The Suicide Squad* — l’idée avait de quoi faire hausser les sourcils. Pourtant, la première saison s’est révélée une montagne russe émotionnelle d’une intelligence insoupçonnée, baignant dans le sang et l’ironie, tout en dessinant un arc de rédemption étonnamment convaincant pour ce héros de seconde zone. Les attentes étaient donc élevées pour cette suite — et il est remarquable de constater à quel point elle les surpasse, approfondissant les fondations posées auparavant. Le nouveau générique d’ouverture — toujours aussi loufoque, mais plus intelligent et fluide — résume à lui seul l’ambition de cette saison : plus dense, plus osée, et absolument incontournable.

Alors même qu’ils viennent de sauver le monde d’une invasion alien, nos marginaux préférés sont à nouveau en pleine dérive. Harcourt (Jennifer Holland), l’agente implacable mais verrouillée sur le plan émotionnel, est mise sur liste noire par Amanda Waller et ne trouve plus de poste dans aucune agence gouvernementale. Adebayo (Danielle Brooks) peine à faire décoller son agence de renseignement et voit son couple s’effondrer. Quant à Peacemaker, il continue d’être perçu comme un bouffon par ses pairs, et ses sentiments pour Harcourt ne semblent pas réciproques. C’est alors que l’ouverture vers un autre monde se présente — une échappatoire possible vers quelque chose de meilleur… ou du moins de moins misérable.

 

 

Un énième multivers ? Celui-ci a (enfin) du sens

 

À ce stade, on ne vous en voudrait pas de soupirer à l’évocation d’un scénario multiversel de plus. Mais Gunn — qui signe les huit épisodes et en réalise trois — parvient à insuffler une véritable densité émotionnelle à cette idée en posant à son héros la question ultime : et si une version de vous-même, ailleurs, avait tout réussi, sans jamais tout gâcher ? Fidèle à lui-même, Peacemaker affronte ce dilemme de manière chaotique, maladroite mais profondément humaine. Cena brille dans cet exercice d’équilibriste entre improvisation grotesque et sincérité poignante. C’est sans doute sa performance la plus riche à ce jour.

Certains des moments les plus marquants naissent de ses échanges avec Harcourt. Ces deux-là ont bien plus en commun qu’ils ne veulent l’admettre, et la lente évolution de leur relation devient la colonne vertébrale émotionnelle de la saison. Jennifer Holland s’affranchit enfin de la carapace glaciale de son personnage pour en révéler toute la complexité, tout en se distinguant dans des scènes d’action aussi brutales que soignées. Les autres membres du casting ne sont pas en reste : Freddie Stroma continue de voler la vedette dans le rôle du Vigilante sans filtre et délicieusement à côté de la plaque, Steve Agee campe un Economos maladroit mais fiable, tandis que Adebayo apporte chaleur et lucidité, équilibrant les excentricités du groupe.

 

 

Nouveaux visages, chaos bien familier

 

La série ne repose pas uniquement sur ses personnages connus. Quelques nouveaux venus apportent un supplément d’absurde et de charme. Tim Meadows se distingue dans le rôle de Langston Fleury, agent d’A.R.G.U.S., fonctionnaire pince-sans-rire dont la faiblesse avouée est… la cécité ornithologique — une absurdité géniale dans sa simplicité. De son côté, Eagly, l’aigle fidèle de Peacemaker, se voit attribuer son propre antagoniste : Red St. Wild, incarné par Michael Rooker, totalement déchaîné dans un rôle poussant le surréalisme de la série dans ses retranchements. Mais l’ajout le plus marquant reste sans doute Frank Grillo, qui reprend son rôle de Rick Flag Sr., vu dans la série animée *Creature Commandos*, et accède ici à un poste de direction clé au sein d’A.R.G.U.S. Sa prestance apporte immédiatement de la gravité, et son arrivée ancre davantage l’univers de Peacemaker au cœur d’un DCU en pleine construction.

Au final, c’est la performance sans retenue de Cena et la sincérité déglinguée de Gunn qui font briller cette saison. La série ose le grand écart entre drame intime, violence cartoonesque, humour gras et quête identitaire d’un homme profondément brisé. *Peacemaker* ne se contente pas de surnager dans l’océan de productions super-héroïques — il trace sa voie, bizarre, décalée, mais diablement attachante. Et oui : l’aigle est toujours aussi génial.

-Gergely Herpai “BadSector”-

Peacemaker – Saison 2

Direction - 7.9
Acteurs - 8.2
Histoire - 8.2
Visuels/Musique/Sons/Mumour - 7.8
Ambiance - 8.4

8.1

EXCELLENT

La saison 2 de *Peacemaker* pousse encore plus loin l’absurdité touchante qui fait sa marque de fabrique. Grâce à une écriture affûtée, des performances solides et une vraie profondeur émotionnelle, la série s’impose comme l’une des réussites les plus inattendues du DCU. Et oui : son générique reste le meilleur du genre.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)

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