TEST – C’est la première fois que je me penche sur un jeu en accès anticipé, et je dois l’admettre : c’est un vrai défi. Développé par le studio indépendant Tekden Studio, Ertugrul of Ulukayin est difficile à catégoriser dans son état actuel. Par moments, il déborde de promesses, et l’instant d’après, on réalise que la route sera encore longue et semée d’embûches avant que son potentiel ne puisse pleinement s’exprimer.
Ce RPG d’action à la troisième personne plonge dans l’histoire et la mythologie turques. L’intrigue débute au XIIIe siècle, lorsque les jours paisibles de la tribu Kayı sont bouleversés par l’arrivée de Gengis Khan et de ses hordes mongoles. Ertugrul décide de protéger son peuple coûte que coûte – une mission qui se transforme vite en combat à mort. De plus, son frère disparaît dans des circonstances mystérieuses, et c’est évidemment à vous de partir à sa recherche. Cette quête vous conduira à de nombreux affrontements musclés, tout en dévoilant l’existence d’un Ordre énigmatique. Deux autres personnages jouables – Turgut et Meryem – se joignent à l’aventure, chacun avec son style de combat et ses propres compétences. L’accès anticipé actuel offre environ deux heures de contenu, alors que la version finale promet une quinzaine d’heures réparties sur deux zones semi-ouvertes.
Comme un rendez-vous en ligne : les photos embellissent la réalité
Je sais que tu veux connaître mon verdict, mais pour l’instant, je ne sais pas moi-même comment juger ce jeu. C’est comme sur Tinder : tu swipes à droite en pensant avoir trouvé la perle rare, et en face-à-face, la réalité diffère un peu de la vitrine. Ne te méprends pas : pour un titre indé, le résultat n’est pas honteux, mais après avoir comparé mon expérience aux vidéos de gameplay vues en ligne, j’ai ressenti une certaine déception. Sans ces vidéos en tête, j’aurais peut-être dit : « Franchement, c’est pas mal ! »
Les animations font partie des points forts. À part la démarche un peu étrange de Meryem, le reste des mouvements est convaincant. Que ce soit le geste vif pour soulever une toile de tente ou les exécutions parfois exagérées, comme transpercer un Mongol de son épée, j’ai souvent observé ces scènes avec satisfaction. En revanche, les expressions faciales laissent à désirer : il est difficile de lire les émotions des personnages, ce qui amoindrit l’impact narratif.
AAA, AA ou indé ? – parfois il brouille les pistes
Même en connaissant la réponse (et toi aussi, si tu lis jusqu’ici), je me suis souvent demandé pendant les deux premières heures : mais au juste, à quoi ce jeu aspire-t-il ? Parfois, il vise plus haut qu’il ne peut atteindre, et ça se ressent. Là où il brille vraiment, c’est dans la présentation et l’interface. Les notifications, tutoriels et menus d’artisanat sont clairs, épurés, dignes d’un AAA. Les cinématiques ponctuant l’histoire regorgent d’action, avec des scènes inventives : flèches au ralenti, parades de dernière seconde, exécutions cinématographiques – on sent qu’il y avait une vision derrière. Mais l’exécution reste parfois maladroite, comme si les idées devançaient les moyens techniques.
Quand ça marche, c’est percutant – sinon, ça tombe à plat
Le système de combat d’Ertugrul of Ulukayin est ambitieux. Esquives, blocages, attaques interrompables et codes couleurs indiquant la bonne réaction à adopter. Les coups et parades remplissent une jauge d’action permettant de déclencher des compétences spéciales à débloquer. Quand tout s’aligne, c’est un vrai plaisir : une parade bien placée, une contre-attaque et une animation spectaculaire. Mention spéciale au fait que les ennemis réagissent vraiment aux impacts – contrairement à Assassin’s Creed: Shadows où les coups semblent parfois sans effet. Ici, après quelques frappes, l’adversaire finit par mordre la poussière. Mais la cohérence n’est pas toujours au rendez-vous : face à plusieurs ennemis, on perd vite le rythme, et le timing des parades reste imprévisible, poussant souvent à privilégier l’esquive comme solution sûre.
En cas de défaite, il arrive que le jeu vous renvoie trop loin en arrière – parfois avant une cinématique non skippable. Un vrai coup de frein dans le rythme et l’immersion.
Entraînement, puis baptême du feu – avec blessures
L’exemple parfait : la phase d’entraînement. On vous apprend à bloquer, esquiver, attaquer, puis on vous lance dans un combat réel. Le problème ? Votre santé ne se régénère pas, donc si vous vous blessez pendant l’entraînement, vous partez désavantagé. Et si vous perdez, il faut tout recommencer avant de retenter le combat. C’est vite frustrant, et Tekden Studio devrait en priorité ajouter plus de points de sauvegarde mieux placés dans une prochaine mise à jour.
Le jeu propose aussi de monter à cheval, de l’appeler à certains endroits, de l’attacher, le guider, le soigner et le nourrir. Un ajout qui suggère un monde plus riche… mais qui, honnêtement, n’apporte pas grand-chose au gameplay. Il aurait mieux valu miser sur l’exploration. Dans le premier chapitre, rien ne m’incitait à quitter la route principale : le monde semble vide (même si l’invasion peut l’expliquer), et le loot ou les entrées de lore se trouvent presque toujours à l’endroit indiqué par le marqueur de quête. Espérons que les chapitres suivants changent la donne – les images publiées montrent des paysages superbes qui semblent bien plus vivants et dignes d’être explorés.
Conclusion – prometteur, mais encore à moitié cuit
Ertugrul of Ulukayin est un projet ambitieux, riche en potentiel, mais qui doit encore mûrir avant d’être recommandé sans réserve. Le système de combat repose sur de bonnes bases, mais son manque de cohérence et un mauvais placement des checkpoints entachent l’expérience. Les animations sont soignées, les cinématiques inventives, mais l’histoire ne m’a pas encore captivé. On est face à un accès anticipé, et le chemin sera long. Je garderai un œil dessus, car les développeurs ont visiblement de grandes ambitions et savent, par moments, les concrétiser – mais la version finale est encore loin.
-Gergely Herpai „BadSector”-
Pro :
+ Animations spectaculaires et cinématiques inventives
+ Ennemis réactifs en combat
+ Interface et menus soignés
Contre :
– Système de combat incohérent
– Checkpoints mal placés
– Monde vide et sans vie dans le premier chapitre
Éditeur : Tekden Studio
Développeur : Tekden Studio
Genre : Action-RPG
Sortie : Disponible en accès anticipé
Ertugrul of Ulukayin
Jouabilité - 6.6
Graphismes - 6.8
Histoire - 4.6
Musique/Audio - 5.7
Ambiance - 7.2
6.2
CORREKT
Ertugrul of Ulukayin est un action-RPG à la troisième personne en accès anticipé, plongeant dans l’histoire et la mythologie turques du XIIIe siècle. Projet ambitieux signé Tekden Studio, il séduit par ses animations et son système de combat bien conçu, mais pâtit pour l’instant de problèmes techniques, d’un mauvais système de checkpoints et d’un monde trop vide. Malgré des bases prometteuses, il lui reste un long chemin à parcourir avant de devenir incontournable.