F1 – Le film – Cette F1 menée par Brad Pitt vaut-elle vraiment le détour ?

CRITIQUE DE FILM – À l’ère où l’on croit avoir déjà vu tous les clichés du genre – le vétéran qui fait son retour, le jeune prodige obligé d’apprendre l’humilité –, F1 – Le film injecte un nouvel élan dans le cinéma automobile, digne d’un plein d’octane fraîchement distillé. Ce monde fermé et électrisant de la course n’est pas seulement restitué avec une précision technique stupéfiante : la mise en scène et l’orchestre sonore plongent littéralement le spectateur dans la gomme brûlée et l’adrénaline. C’est dans une petite salle de l’Etele Cinéma à Budapest que nous avons découvert en avant-première ce blockbuster estival porté par Brad Pitt, une semaine avant sa sortie nationale.

 

Au début des années 1990, Sonny Hayes (Brad Pitt) était la grande promesse de la Formule 1. Un drame vient briser net sa trajectoire, le condamnant à l’oubli – sauf pour quelques apparitions, ici ou là, sur des circuits obscurs, où bravoure et talent restent intacts. Lorsqu’un ancien camarade, aujourd’hui patron d’une écurie au bord de la faillite, lui propose un ultime retour, Sonny fonce sans hésiter. Le jeune prodige de l’équipe, Joshua Pearce (Damson Idris), ne voit d’abord en lui qu’un champion sur le déclin – à tort, bien entendu. Brad Pitt irradie de charisme et domine littéralement le film, tandis que Damson Idris s’impose en véritable partenaire de jeu, les étincelles ne manquant pas entre les deux acteurs.

 

Duel de générations – Tradition face à la nouvelle vague

 

L’attente était immense depuis des mois : la première hongroise aura lieu le 26 juin à Budapest, suivie d’une sortie sur Apple TV Plus. Derrière la caméra, on retrouve le trio magique de Top Gun : Maverick – Joseph Kosinski à la réalisation, Ehren Kruger au scénario et Jerry Bruckheimer à la production. Le schéma est classique : confrontation initiale entre un vétéran sur le retour et une étoile montante, qui laisse progressivement place au respect mutuel, à l’apprentissage et à la transmission – l’aîné refuse d’abandonner, le cadet, qu’il l’admette ou non, a besoin de ce mentor inattendu.

Kosinski et son équipe n’ont évidemment pas inventé la formule « vieux loup et jeune loup » : c’est un pilier du récit cinématographique, des Les chercheurs (The Searchers) à Training Day (Jour de formation), en passant par Les ripoux et Men in Black : Les hommes en noir. Mais cette dynamique fonctionne toujours, permettant au spectateur de s’identifier aux personnages – même si, comme moi, il n’a jamais eu de permis de conduire et se moque habituellement des « films de bagnoles ».

 

F1 sur le podium du cinéma auto – Réalisme, adrénaline, vertige de la mort

 

Ce film s’impose d’emblée aux côtés des grands classiques du genre : Rush (Rush), Gran Turismo, Le Mans 66 (Ford v Ferrari) ou le tout récent Ferrari. Ce qui distingue vraiment F1 – Le film, c’est l’incroyable fidélité avec laquelle Joseph Kosinski injecte la réalité de la Formule 1 dans sa fiction. Accompagné de son fidèle complice Ehren Kruger et du chef opérateur oscarisé Claudio Miranda, il orchestre un récit de retour haletant où l’ancien champion remet tout en jeu.

Le tournage s’est étalé sur 18 mois à travers plus d’une douzaine de Grands Prix réels, Brad Pitt et Damson Idris prenant eux-mêmes le volant de véritables monoplaces. À l’image de Top Gun : Maverick, Miranda et Kosinski explorent tous les angles possibles : vue du cockpit, plans embarqués, caméras sur le casque – chaque scène vous plonge dans l’intensité mortelle de la course. Il y a des moments où l’on partage littéralement la place du pilote, entre frayeur et euphorie, à plus de 300 km/h.

 

Performance technique – Kosinski et Hans Zimmer, la décharge totale

 

Là où le film impressionne, c’est aussi par sa virtuosité technique : Joseph Kosinski prouve une fois encore qu’il sait orchestrer des blockbusters à couper le souffle (IMAX chaudement recommandé – dommage que notre projection presse ait eu lieu sur un écran plus modeste). Chaque séquence de course transpire l’authenticité, les voitures de l’équipe fictive étant de vraies F1, filmées sur les circuits mythiques du championnat (lire notre entretien exclusif avec Kosinski). Toute la palette de la captation est mobilisée : plans avant, arrière, latéraux, drones, caméras embarquées – la frénésie du circuit est ressentie jusque dans le moindre muscle du spectateur.

Le montage, signé Stephen Mirrione (Traffic, 21 grammes, Babel, Birdman), impose un rythme effréné, happant le public jusqu’au cœur de la bataille. Hans Zimmer, lui, signe une bande-son mémorable (Gladiator, Dune), mêlant synthés rétro façon Moroder et grondements mécaniques pour une expérience sonore totale – peut-être l’un de ses plus beaux travaux récents.

 

Pas de surprise, mais des frissons – Ici, seul le trajet compte

 

Comme sur un circuit, on devine très vite où se trouve la ligne d’arrivée, et F1 – Le film ne cache pas sa destination. Pourtant, le vrai plaisir réside dans la traversée : la vitesse, l’intensité, la sensation de basculer à chaque virage. Brad Pitt, entre autorité tranquille et nuances de vulnérabilité ou de romantisme, impose sa marque du début à la fin – c’est pour ce genre d’expérience que l’on vient au cinéma.

-Gergely Herpai « BadSector »-

 

F1 – Le film

Direction - 10
Acteurs - 0
Histoire - 8.1
Visualité/action/son - 9.4
Ambiance - 8.2

7.1

EXCELLENT

F1 – Le film réussit la synthèse entre drame sportif, performance technique et retour humain au sommet du grand écran. Brad Pitt et Damson Idris forment un duo magnétique, la réalisation de Kosinski et la bande-son de Zimmer font de ce film une expérience marquante. Même en connaissant la destination, chaque virage réserve son lot de sensations, et l’on en redemande bien après le drapeau à damier.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines - including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)