TOP 10 – L’année 2025 a été exceptionnellement dense pour le jeu vidéo, au point de rendre tout classement particulièrement délicat. Entre le retour de grandes licences, des suites très attendues et l’émergence de nouvelles propriétés intellectuelles audacieuses, la concurrence a été féroce. Cette sélection rassemble les titres qui, selon nous, ont le mieux défini l’année.

Il ne s’agit pas ici d’un classement objectif, mais d’un choix éditorial assumé. Certains jeux se sont distingués par leurs prouesses techniques, d’autres par leur narration, leur ambiance ou l’intensité de leur gameplay. Tous ont cependant un point commun : ils ont laissé une empreinte durable sur le paysage vidéoludique de 2025.

10. Cronos: The New Dawn

Après avoir signé un remake particulièrement convaincant de Silent Hill 2 l’an dernier, Bloober Team prouve avec Cronos: The New Dawn qu’il maîtrise tout autant la création d’univers originaux. Le jeu évoque une rencontre improbable entre Dead Space et un film dystopique de science-fiction des années 1980 centré sur le voyage dans le temps.

Son approche de l’horreur science-fictionnelle maintient une tension constante, opposant le joueur à des ennemis qui exigent des décisions immédiates entre la fuite et l’affrontement. Le monde est dangereux, mais suffisamment fascinant pour inciter à en explorer chaque recoin. L’ensemble est porté par l’une des bandes-son les plus marquantes de l’année, dominée par des compositions synthétiques particulièrement accrocheuses.

9. Ninja Gaiden 4

Il est parfois agréable de jouer à un titre qui assume pleinement l’excès, et Ninja Gaiden 4 s’inscrit exactement dans cette logique. Parmi les trois jeux Ninja Gaiden sortis cette année, cet épisode en 3D pousse la violence et la vitesse à des sommets inédits, grâce à la collaboration entre Team Ninja et PlatinumGames.

L’histoire suit Yakumo, nouveau membre du clan Raven, chargé de libérer la Cité Céleste de Tokyo de la pluie toxique incessante provoquée par les restes du Dragon Noir vaincu. Sa mission le conduit inévitablement à croiser la route de Ryu Hayabusa, figure emblématique de la série, malheureusement jouable pour une durée assez limitée. Si ce choix peut sembler discutable d’un point de vue marketing, le reste de Ninja Gaiden 4 est une démonstration de démesure sanglante. À l’heure où de nombreux jeux d’action privilégient des combats plus mesurés, la série rappelle avec fracas que la surenchère peut encore être une vertu, notamment lorsqu’il s’agit de perforer l’estomac d’un dragon à coups de foreuse.

8. Kingdom Come: Deliverance II

Les sorties de début d’année ont tendance à s’effacer rapidement de la mémoire collective, surtout lors d’un millésime aussi chargé que 2025. Kingdom Come: Deliverance II, toutefois, a su rester durablement sous les projecteurs grâce à son immersion remarquable et à son atmosphère saisissante.

Pratiquement tous les aspects du jeu témoignent d’un soin exceptionnel. Les cinématiques, l’écriture, la direction artistique et le gameplay principal illustrent parfaitement ce qu’un RPG moderne peut accomplir lorsqu’il mise sur l’authenticité et le sens du détail. Pour les amateurs de récits ancrés dans le réel et de mécaniques profondes, ce titre constitue une expérience incontournable.

7. Mafia: The Old Country

Mafia: The Old Country prend le contrepied des ouvertures spectaculaires habituelles. Pas de course-poursuite ni de fusillade explosive : le jeu débute dans une mine. Enzo Favara y mène l’existence éprouvante de nombreux Siciliens du début du XXe siècle, travaillant dans des conditions dangereuses sous l’autorité d’un contremaître abusif.

Ce démarrage lent et laborieux est un choix audacieux pour une série d’action-aventure, mais c’est précisément ce qui fait la singularité du jeu. Plutôt que de proposer immédiatement une fantasmatique de pouvoir criminel, il pousse le joueur à la désirer. Les combats au couteau et les voitures de sport deviennent alors des symboles de fuite face à un contexte social et politique marqué par la pauvreté et l’exploitation de la classe ouvrière. Le récit ne cherche pas tant à glorifier la mafia qu’à comprendre comment tant de vies désespérées ont été happées par son influence.

6. The Outer Worlds II

The Outer Worlds II améliore son prédécesseur de 2019 sur presque tous les plans. Les cartes sont plus vastes, les personnages non jouables gagnent en diversité visuelle, et les déplacements se voient enrichis par des mécaniques telles que la glissade, le double saut ou le vol plané.

La véritable force du jeu réside toutefois dans la conception de ses compagnons. Aucun n’est un simple stéréotype : certains réagissent négativement à la violence gratuite, tandis que chacun possède ses propres objectifs, émotions et motivations, influençant sa réaction aux choix du joueur. Le titre permet même d’adopter un comportement moralement extrême sans aliéner immédiatement l’ensemble de l’équipe, sans pour autant en faire l’apologie.

5. Silent Hill f

Pour les amateurs de jeux d’horreur, le nom Silent Hill conserve une aura particulière. Après le remake de Silent Hill 2 qui a redonné ses lettres de noblesse à la licence, Konami a poursuivi sur cette lancée avec un épisode entièrement inédit. Silent Hill f s’impose par une approche du frisson sans concession.

Délaissant les décors contemporains américains, le jeu transporte le joueur dans le Japon rural des années 1960, au sein du village fictif d’Ebisugaoka. L’histoire suit Shimizu Hinako, une adolescente déjà fragilisée par des tensions familiales lorsque le célèbre brouillard fait son apparition, annonçant le début d’un cauchemar de terreur psychologique et corporelle. Marquée par les traumatismes de la violence familiale, Hinako incarne parfaitement l’archétype d’une héroïne Silent Hill, tandis que son adolescence apporte un regard inédit à la série. Si les combats peuvent sembler inégaux, l’atmosphère suffit à faire de Silent Hill f l’expérience horrifique la plus éprouvante de l’année.

4. Hades II

L’arrivée de Hades II en 2025 a été suivie avec une attention quasi fébrile par la communauté. Supergiant Games a répondu présent, livrant une suite qui développe avec assurance les fondations du premier opus après sa phase d’accès anticipé.

Un nouveau protagoniste, un univers enrichi et des couches mythologiques encore plus profondes viennent compléter un gameplay toujours aussi précis et addictif. Combat, progression et narration s’articulent avec une grande élégance, conférant à chaque tentative un véritable sens. L’équilibre entre continuité et innovation permet à Hades II de se montrer à la fois familier et surprenant.

3. Ghost of Yōtei

Peu d’éditeurs égalent Sony Interactive Entertainment dans l’art de produire des expériences solo cinématographiques. Des séries comme God of War, The Last of Us ou Horizon exploitent les technologies de capture de mouvement les plus avancées pour offrir des performances d’un réalisme saisissant. Ghost of Tsushima en était déjà une illustration solide en 2020, s’inspirant fortement du cinéma de samouraïs, notamment des œuvres d’Akira Kurosawa.

Sa suite, Ghost of Yōtei, pousse encore plus loin cette ambition. Le jeu se montre plus spectaculaire, plus cinématographique et s’appuie sur un éventail élargi de références, aussi bien japonaises qu’occidentales. Le parcours d’Atsu est plus sombre et plus tragique que celui de Jin Sakai, proposant une vengeance sanglante évoquant Lady Snowblood ou Kill Bill sans tomber dans la simple imitation. Les évolutions les plus notables concernent toutefois le gameplay : en tant que mercenaire, Atsu s’affranchit des codes stricts du samouraï, offrant une palette de compétences plus variée dans un monde encore plus dynamique.

2. Death Stranding 2: On The Beach

Rares sont les créateurs de jeux vidéo dont la vision est aussi immédiatement identifiable que celle d’Hideo Kojima, et Death Stranding 2: On The Beach en constitue sans doute l’expression la plus aboutie à ce jour. À première vue, il pourrait être réduit à un simple « walking simulator » atmosphérique axé sur la livraison de marchandises à travers de vastes étendues, mais cette lecture superficielle passe largement à côté de sa richesse.

En s’appuyant sur les bases du premier épisode, la suite propose des mécaniques plus complexes, des possibilités d’exploration élargies et un accent renforcé sur l’improvisation et la survie. Kojima poursuit ici sa réflexion sur les liens humains et les efforts nécessaires pour les créer et les préserver. Chaque mécanique, du déplacement à la gestion du chargement, possède une fonction narrative claire, soutenue par une distribution d’acteurs livrant certaines des meilleures performances de l’année.

1. Clair Obscur: Expedition 33

Expliquer pourquoi Clair Obscur: Expedition 33 s’impose comme le jeu de l’année relève presque de l’impossible, non par manque d’arguments, mais parce qu’ils sont trop nombreux. Ce RPG de fantasy au tour par tour marie une esthétique inspirée de la Belle Époque à un récit chargé d’émotion, tout en repoussant les limites du genre.

Son système de combat, son univers et son identité visuelle forment un ensemble à la fois novateur et intemporel. Il est rare qu’un premier projet affiche un tel niveau de maîtrise et d’ambition, mais Sandfall Interactive y est parvenu. Le studio français a livré une œuvre audacieuse, magnifique et mémorable, dont le nombre record de nominations aux Game Awards témoigne de l’impact.