TEST – Une bonne idée, mais une exécution imparfaite. Nous avons vu tant de tentatives similaires cette année qu’en parler le 24 décembre n’a finalement rien de surprenant. Le concept est pourtant clair : un FPS rempli de dinosaures, d’armes variées, de mécaniques de fabrication et d’action nerveuse, dans lequel il est même possible, sous certaines conditions, de prendre le contrôle des créatures.
Un FPS intégrant des mécaniques de survie légères ? Le choix est pour le moins inhabituel, et il ne fait aucun doute qu’il divisera les joueurs.
Pas pour l’histoire
Dans le cas de Ferocious, ce n’est clairement pas l’histoire qui donne envie de poursuivre l’aventure. Le récit démarre lentement et reste, dans l’ensemble, assez peu développé. Le rythme peine à trouver sa place et l’écriture des personnages laisse largement à désirer. Il ne reste alors que le gameplay – mais là encore, les problèmes s’accumulent. L’intelligence artificielle est faible, les objets à collecter sont oubliables et le système de fabrication se révèle extrêmement minimaliste. Exploration et phases de tir plafonnent à un niveau très moyen.
On a souvent l’impression que Ferocious a voulu toucher à trop d’éléments à la fois, sans jamais vraiment en maîtriser un seul. Visuellement, le jeu s’en sort pourtant plutôt bien : l’eau influence la visibilité, et les séquences de nage parviennent parfois à créer une ambiance réussie. La direction artistique soutient globalement l’atmosphère tendue, mais des soucis techniques persistent, notamment des problèmes de géométrie et de collision qui peuvent bloquer le joueur dans l’environnement.
La partie sonore est… particulière – lorsqu’elle fonctionne. Il arrive que le jeu devienne totalement silencieux, et même lorsqu’il ne l’est pas, si les sons d’ambiance font le travail, la musique se montre rapidement répétitive et envahissante. Il convient toutefois de rappeler qu’il ne s’agit pas d’un jeu vendu au prix fort : proposé à 25 dollars (environ 23 euros), il n’existe pour l’instant pas de version console. Cela pourrait évoluer en fonction de l’accueil, car on parle ici clairement d’un titre de niche.
Ferocious s’adresse avant tout aux fans de Jurassic Park et de Turok, mais il pourra également attirer ceux qui regrettent l’ambiance de Dino Crisis. Il faut cependant garder à l’esprit que le jeu nécessite encore de nombreuses mises à jour, les développeurs corrigeant progressivement les problèmes présents au lancement. Il s’agit d’un titre indépendant aux exigences matérielles particulièrement modestes : même la configuration recommandée fait appel à une carte graphique vieille de trois générations, associée à un processeur encore plus ancien.
On pourrait décrire Ferocious comme un mélange de Far Cry et d’une touche de Ark. L’histoire de San Win est assez simple : naufragé, il cherche à retrouver son frère, Min Tun, tout en découvrant que des humains dangereux et des créatures encore plus redoutables se dressent sur sa route. Les premières impressions sont, pour rester poli, assez faibles. On ne sait presque rien du protagoniste, et cette situation perdure jusqu’au milieu du second acte. Les choses s’améliorent par la suite, mais ce manque initial de caractérisation donne l’impression d’un choix discutable. L’arrivée du groupe Manifesto vient alors profondément modifier la trajectoire du récit.
Un homme contre une armée privée
Manifesto incarne la mégacorporation maléfique par excellence, avec sa propre armée privée. San Win se retrouve ainsi à leur tenir tête les armes à la main. Le scénario met du temps à réellement décoller, mais persévérer finit par porter ses fruits. L’idée d’intervenir dans l’ordre naturel a un véritable poids narratif – et il vaut mieux ne pas en dire davantage.
San Win est un personnage relativement bien construit, ce qui n’est pas le cas de ses adversaires. Ni le général ni Kane n’évoluent réellement au fil de l’histoire, et leur présence manque cruellement d’impact. Le personnage secondaire censé nous aider (peut-être nommé Franka) est presque totalement absent. C’est d’autant plus regrettable que même Red Faction, sorti il y a 24 ans, avait déjà démontré à quel point la présence physique d’un allié pouvait renforcer l’immersion – une leçon que le studio aujourd’hui disparu Volition avait parfaitement comprise.
À cause de l’IA défaillante, l’infiltration se révèle beaucoup trop efficace. Une fois les schémas ennemis assimilés, ceux-ci n’ont pratiquement aucune chance, peinant même à toucher le joueur lorsqu’il se contente de se déplacer latéralement. Les grenades viennent heureusement casser cette routine, évitant de rester indéfiniment à couvert. Malgré un vaste monde ouvert, l’exploration s’avère peu gratifiante : les armes les plus puissantes sont accessibles très tôt, l’argent ne pose jamais problème et les ressources disséminées remplissent rapidement l’inventaire (armure, lances, bandages, etc.). Résultat : le sentiment de danger est quasiment absent.
L’ambiance ne suffit pas
L’idée de base de Ferocious est bonne, mais sa réalisation ne suit pas. Difficile de lui attribuer une note supérieure à 6,5/10. Le jeu peut se montrer prenant et son atmosphère fonctionne par moments, mais l’ensemble donne une impression de projet inachevé. Il reste beaucoup à améliorer, ce qui explique sans doute l’absence actuelle de version console.
Si vous aimez les dinosaures et que le genre FPS vous parle, l’expérience peut malgré tout valoir le détour malgré ses défauts. Il est facile d’y consacrer 15 à 20 heures, et c’est typiquement le genre de jeu que l’on peut streamer tranquillement sur Discord entre deux repas de fêtes, histoire de rire avec un ami face aux situations improbables. Pour cet usage précis, il remplit parfaitement son rôle. Vraiment.
-V-
Pro :
+ Une réalisation graphique correcte
+ Une histoire étonnamment convenable
+ La possibilité de contrôler des dinosaures
Contre :
– Une impression de jeu inachevé
– Un premier contact raté
– Une intelligence artificielle faible
Développeur : Omyog
Éditeur : TinyBuild
Date de sortie : 4 décembre 2025
Genre : FPS
Ferocious
Jouabilité - 5.2
Graphics - 7.3
Histoire - 7.2
Musique/Audio - 5.1
Ambiance - 7.5
6.5
FAIR
Chasser des dinosaures est spectaculaire et amusant, mais plusieurs éléments viennent freiner l’expérience. Il reste encore du travail.





