Pour Ryukishi07, scénariste de Silent Hill f, la peur et la fascination qu’inspirent les femmes sont au cœur des récits d’horreur les plus marquants. Le créateur de When They Cry explique pourquoi les personnages féminins occupent une place centrale dans le nouveau chapitre de Konami.
Après des années d’attente, on peut enfin affirmer que le premier véritable nouvel épisode de Silent Hill est arrivé, si l’on met de côté l’expérience plus discrète mais remarquable qu’était The Short Message. Développé par NeoBards Entertainment et scénarisé par Ryukishi07, Silent Hill f rompt avec les codes établis, tant par son décor que par ses thématiques. Harcèlement, familles dysfonctionnelles, conservatisme social et misogynie dans le Japon du milieu du XXe siècle constituent le socle d’un récit façonné par un auteur qui reconnaît lui-même sa peur des femmes.
Deux mois après sa sortie, Silent Hill f a certes été ignoré par certaines cérémonies de récompenses, mais son accueil public est sans équivoque : le jeu affiche un « A+ » sur Steam. Ce succès a permis à NeoBards Entertainment de s’imposer comme un studio à suivre, tandis que Ryukishi07 est revenu sur la genèse de ce projet ambitieux, au point d’influencer Konami dans son désir d’explorer d’autres pays que les États-Unis pour l’avenir de la saga.
Selon le scénariste, le public de l’horreur est majoritairement masculin, et la distance émotionnelle avec l’autre sexe engendre un mélange complexe de fascination, d’affection et de terreur. « Les émotions nées de l’existence des femmes sont la source de drames profondément complexes », explique-t-il, voyant dans cette ambivalence l’un des piliers du genre.
Pour Ryukishi07, ses récits n’existeraient pas sans les femmes
Silent Hill f incarne pleinement cette vision. Situé dans le Japon rural des années 1960, le jeu transforme les attentes sociales imposées aux femmes — être de bonnes filles, des épouses exemplaires ou des mères dévouées — en véritables horreurs cosmiques. Les créatures, comme ces tumeurs enceintes donnant naissance à des monstres meurtriers ou ces mariées spectrales diffusant le brouillard comme une infection, agissent comme des métaphores de la pression sociale, tandis que la jeune héroïne Hinako doit affronter ce monde par une violence brute.
Pour Ryukishi07, cette approche découle d’un rapport profondément contradictoire aux femmes. « Les femmes me font peur », confesse-t-il, tout en les décrivant comme des figures presque cosmiques, à la fois aimées et redoutées. Il affirme que ses récits d’horreur seraient impensables sans elles, car elles en constituent le cœur émotionnel et symbolique, même lorsque la peur qu’elles inspirent reste impossible à expliquer pleinement.
Le créateur de When They Cry va jusqu’à affirmer que travailler autour de figures féminines représente pour lui « la plus grande marque de respect » possible. Cette philosophie imprègne totalement le nouvel opus de la saga Konami. « Prétendre comprendre l’autre sexe serait présomptueux », a-t-il confié à GamesRadar, comparant l’horreur qu’il associe aux femmes à une forme de dévotion. Pour Ryukishi07, ces histoires ne relèvent ni de l’exploitation ni de la provocation gratuite, mais bien d’un profond respect, d’une admiration sincère et d’un amour assumé.
Source : 3djuegos



