Neil Newbon juge l’IA inadaptée au jeu vidéo et ne comprend pas pourquoi les studios ne réenregistrent pas les répliques avec de vrais comédiens une fois le succès au rendez-vous.
L’usage de l’intelligence artificielle dans le développement de jeux vidéo a alimenté d’innombrables discussions tout au long de 2025, et tout indique que les mois à venir continueront d’opposer partisans et détracteurs. Cette fois, Neil Newbon, la voix d’Astarion dans Baldur’s Gate 3, remet le sujet sur la table en s’attardant sur l’emploi de ces outils pour générer des voix dans les jeux. L’acteur ne se contente pas de dénoncer les résultats et les implications d’une généralisation de cette pratique: il vise aussi des entreprises comme Activision (Call of Duty: Black Ops 7) et Embark Studios (Arc Raiders) pour avoir eu recours à l’IA afin de fournir des voix à leurs productions.
Dans un entretien récent accordé à PCGamesN, Newbon résume sa position par une formule sans détour: « Screw AI in voice acting. » En se concentrant strictement sur la génération de voix, il ajoute que « le coût de création de ces lignes de dialogue, comparé au reste du développement du jeu, est négligeable ». Il admet que beaucoup de développeurs n’ont pas les moyens d’embaucher des comédiens et que l’IA apparaît alors comme une option extrêmement bon marché, mais, selon lui, la situation change dès qu’un jeu rencontre un succès hors norme.
Interrogé sur le recours à l’IA chez Activision et Embark Studios pour produire du contenu vocal pour Call of Duty: Black Ops 7 et Arc Raiders, Newbon pointe une solution qu’il estime ignorée: « Quand un jeu marche, je ne comprends pas pourquoi [les développeurs] ne disent pas: ‘À l’époque, on ne pouvait pas se le permettre (c’était trop cher ou trop compliqué), mais maintenant qu’on a eu beaucoup de succès, pourquoi ne pas revenir en arrière et réenregistrer les dialogues avec des acteurs?’ C’est une option, c’est tout ce que je dis. »
Parce que cela touche directement son métier, Newbon insiste sur le fait que l’IA porte préjudice à des professionnels qui n’ont même pas donné leur accord pour que leur voix serve à entraîner ces outils. Et il juge le rendu très loin de ce qu’offrent de véritables interprètes: « J’ai entendu de l’IA générative; c’est incroyablement ennuyeux. Je n’y crois pas; ça casse l’immersion. Certains disent que ça aide l’immersion parce que c’est réactif. Pour moi, ça brise l’expérience, parce que tout ce que j’entends, c’est quelque chose qui ne ressemble pas à un être humain en danger, en combat, enthousiaste, ou avec l’émotion que vous cherchez. Ça ne paraît pas ‘réel’. Peu importe à quel point ça sonne bien, il y a quelque chose qui ne colle pas, et on tombe dans l’uncanny valley. »
Larian Studios au cœur de la controverse autour de l’IA générative
Ironiquement, Larian Studios se retrouve au centre d’une nouvelle controverse liée à l’IA générative. Swen Vincke, fondateur du studio et directeur de Baldur’s Gate 3, a affirmé que l’équipe utilise une intelligence artificielle générative dans le développement de Divinity. D’après ce qui a été dit jusqu’ici, l’outil ne servirait qu’à « explorer des idées, créer des présentations PowerPoint, développer du concept art et rédiger des textes temporaires ». Malgré ces précisions, de nombreux joueurs critiquent le studio pour avoir introduit cette technologie controversée dans ses processus de production.
Source: 3djuegos
