Dispatch – Tu n’as pas besoin d’être un héros

TEST – Depuis l’effondrement du Telltale original, il est devenu rare de voir sortir un jeu épisodique. Celui-ci fait figure d’exception – il pourrait bien être l’un des meilleurs jeux de l’année, avec de très nombreux moments où l’on se surprend à se demander ce qui se serait passé si l’on avait pris une autre décision. Il en résulte que la rejouabilité des huit épisodes est excellente.

 

Il faut préciser que les huit épisodes sont déjà disponibles, donc cet avis porte sur l’ensemble complet, pour un total d’un peu plus de quatre mille six cents caractères.

 

 

D’où vient tout ce buzz ?

 

Au fil de la parution des épisodes, de plus en plus de joueurs s’y sont mis, et c’est largement mérité. Dès le début, on profite d’un tutoriel malin, lorsque Mecha Man Shroud pénètre dans sa planque. À cette occasion, on apprend le fonctionnement des QTE et des choix de dialogue. Sans surprise, notre héros échoue et doit ensuite s’en sortir en tant que Robert, son alter ego, son équipement ayant été détruit. Une autre héroïne, Blonde Blazer, vient alors le voir pour le recruter au sein du SDN, une sorte d’abonnement de super-héros. Robert ne va plus se battre directement, mais agir comme dispatcheur, et c’est à nous de décider comment gérer cette équipe de costauds.

Il y a d’ailleurs un vrai gameplay côté dispatching : sur la carte de Torrance, on voit les appels d’urgence arriver, et on doit envoyer le héros le plus adapté. Plus notre choix est pertinent, plus les chances de succès sont élevées, ce qui permet aux héros de monter de niveau et de gagner des points de compétence pour améliorer leurs statistiques. Est-ce que cette partie du gameplay nuit à l’expérience ? Non. Au contraire, c’est précisément ce qui permet au succès d’AdHoc de se distinguer des jeux Telltale, tout en s’intégrant très bien aux histoires individuelles des héros. Plus tard, ces derniers commenceront même à se saboter entre eux, ce qui mettra sérieusement le joueur à l’épreuve.

Il faut aussi parler du piratage. Le hacking fait partie du jeu, mais il freine peut-être un peu le résultat final, tant cette mécanique semble omniprésente dans d’autres productions. Les énigmes ne manquent pas, et elles deviennent assez complexes avec le temps, mais on a tout de même l’impression que le hacking détonne un peu par rapport au reste de l’univers. En contrepartie, le scénario équilibre très bien les choses. Le point de départ est classique, mais la différence, c’est que cette fois, c’est nous qui sommes le moteur de l’équipe. Nous avons aussi notre propre arc narratif, qui progresse sans écran de game over, qu’on le veuille ou non. Chaque décision fait avancer l’histoire.

Tout cela garantit qu’on termine le jeu au moins deux fois (et il le mérite, sans aucune discussion). Tout peut changer de façon radicale selon que l’on avoue ou non à l’équipe que nous étions Mecha Man, et selon la réaction (ou l’absence de réaction) de Flambae. Chaque épisode possède son propre mini-arc narratif en plus de l’histoire qui s’étend sur les huit parties. Une chose reste constante tout au long de l’aventure : l’humour. Le jeu sait aller vers un certain réalisme, il peut se montrer violent, mais il parvient en même temps à faire rire, sans imiter qui que ce soit ni forcer le trait. Si l’on a l’impression de regarder une sitcom, ce n’est pas un hasard : le jeu peut vraiment donner cette impression.

 

 

Un mentor qui ne torture pas

 

L’attente fondamentale de Dispatch est à la fois simple et complexe : nous devons agir en tant que mentors. Cela a forcément un impact sur Robert, et nous amène à réfléchir à ce que nous avons fait ou pas fait. Pour cette raison, certains éléments peuvent passer inaperçus au premier run (c’est là que la rejouabilité montre tout son intérêt). C’est peut-être le cas du doublage, par exemple, qui est pourtant fantastique. Les voix collent parfaitement aux personnages et donnent une impression très personnelle.

Côté animations, c’est un double pouce levé, sans hésitation. AdHoc a déjà expliqué que c’est aussi pour cela que le développement du jeu n’a pas été bon marché, mais il est bien possible que le titre soit déjà rentable. Le design des personnages est tout aussi réussi, qu’il s’agisse de la chauve-souris ou du personnage déguisé en chat. Shroud et son équipe de méchants auraient peut-être mérité un peu plus d’attention, car ils semblent légèrement en retrait en termes de focalisation et de finesse de réalisation.

Tout cela est certainement déjà au centre des discussions sur Internet. Dispatch est parfait pour ça : il suscite l’intérêt du public, qui a envie de partager ses ressentis et ses expériences. AdHoc a réussi, dans le monde rempli de haine qui est le nôtre, à inspirer des pensées empreintes de bienveillance chez les joueurs. Et le studio y est parvenu sans recourir d’aucune manière à l’intelligence artificielle – ce dont un pourcentage croissant de studios AAA (probablement sur ordre des éditeurs) est incapable.

 

 

Le hit de cette fin d’année

 

Dispatch décroche un 9/10 sans la moindre discussion. C’est un chef-d’œuvre qui se vend si bien que les développeurs doivent déjà réfléchir à une suite. Et il s’agit du tout premier jeu du studio ! Il est difficile de le décrire sans utiliser de superlatifs : c’est tout simplement un travail de grande qualité, extrêmement bien ficelé, qui prouve qu’il existe bel et bien une vie au-delà des jeux à 60–80 euros, de plus en plus formatés en live service. Pour les fans des jeux Telltale, c’est un achat obligatoire. Il tourne parfaitement sur PlayStation 5 et PC. Point final. On ne peut que féliciter les développeurs.

-V-

Pro :

+ Excellentes animations et direction artistique
+ Le gameplay de dispatching
+ Une réalisation solide dans presque tous les domaines

Contre :

– Le hacking paraît un peu forcé
– L’équipe de Shroud semble avoir été négligée
– Pas vraiment de troisième point négatif, ce serait chipoter


Développeur : AdHoc Studio
Éditeur : AdHoc Studio
Date de sortie : 12 novembre 2025
Genre : action-aventure indie

Dispatch

Jouabilité - 8.3
Graphismes - 9.2
Histoire - 8.8
Musique/Audio - 9.7
Ambiance - 9

9

EXCELLENT

Dispatch a prouvé que l’on peut créer quelque chose de vraiment qualitatif sans énorme budget ni éditeur.

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Grabbing controllers since the middle of the nineties. Mostly he has no idea what he does - and he loves Diablo III. (Not.)