TEST – La franchise point and click lancée en 1993 revient avec un nouvel épisode qui, comme son titre le laisse entendre, sert de préquel. Il a de quoi attirer à la fois un nouveau public moderne et les vétérans qui suivaient déjà les aventures du petit apprenti sorcier dans les années 90. Il faut toutefois préciser que ce jeu parlera surtout aux fans des premiers épisodes, ce qui n’est pas forcément un défaut.
Le gamin a toujours le sens de l’humour, c’est une marque de fabrique de la série, mais l’ensemble a malgré tout une petite saveur nouvelle.
Nouveau lieu, ancien style
L’histoire de StSO commence lorsque Simon s’installe dans un nouvel endroit et se retrouve très vite dans un lieu mystérieux et imprégné de magie. Le jeu ne se prend jamais vraiment au sérieux, et c’est souvent hilarant de l’entendre commenter nos actions quand on essaie d’utiliser le mauvais objet au mauvais endroit. Le ton est volontiers cru, surtout lorsqu’il tente de communiquer avec les habitants de la nouvelle zone… mais c’était déjà le cas à l’époque. Visuellement, en revanche, on est ailleurs. Les sprites sont agréablement bien animés, les scènes sont mises en valeur avec soin, et l’ensemble dégage parfois une ambiance qui rappelle presque un « Walt Disney présente ». Les personnages et les décors sont suffisamment variés, et côté doublage, StSO ne faiblit pas non plus (Chris Barrie revient prêter sa voix à Simon !). Les protagonistes prennent vie, appuyés par un humour bien dosé. Le choix musical pourra en revanche surprendre : dès la scène d’ouverture, on entend Rick Astley. (Never Gonna Give You Up, bref le Rickroll. Faut-il vraiment en dire plus ?) Au final, le jeu mise clairement sur le rétro, et il s’en sort très bien. Avec le recul, ce choix musical colle parfaitement.
Mais qu’en est-il du gameplay ? Pas de panique : il ne s’éloigne pas vraiment de ce que proposaient les épisodes précédents. On se balade d’un écran à l’autre, on ramasse des objets, on les combine, et on choisit nos répliques lors des dialogues. Il faut un peu de patience, car cela fait partie intégrante du genre, tout comme le fait que le jeu ne nous bombarde pas d’indices en permanence. À nous de deviner, par exemple, qu’une plume peut servir à chatouiller quelqu’un pour récupérer une clé. Là-dessus, le jeu assume à fond son approche old school : pas de peinture jaune pour indiquer où cliquer, pas de flèche géante pour nous dire où aller, à moins que le jeu ne l’explicite clairement. Pour notre défense, la difficulté de StSO n’est jamais au point de nous faire balancer la manette à travers la pièce. Il suffit d’un peu de persévérance et de patience, et les pièces du puzzle finissent par s’assembler. On se surprend alors à se gifler le front en se disant à quel point la solution était logique, et qu’on aurait dû y penser plus tôt. Comme toujours, il y a cependant des points sur lesquels on ne peut pas fermer les yeux. Ce sont eux qui expliquent pourquoi le jeu n’a pas décroché une note « excellente », mais simplement « très bonne ».
Allers-retours, encore et toujours
On a beaucoup aimé la façon dont les marqueurs de carte apparaissent dans le monde sous forme d’énormes punaises. On apprécie aussi les nombreuses animations cachées et les petits gags qui surgissent par surprise. Mais pour en profiter, il faut expérimenter, et tout le monde n’aura pas forcément envie de s’y coller. Pourtant, ça vaudrait le coup. Un autre point un peu agaçant, c’est la quantité de déplacements en aller-retour entre les zones. À force, cela rend le gameplay répétitif, ce qui entraîne inévitablement une petite baisse d’ambiance. Côté performances sur PlayStation 5, en revanche, rien à signaler (comment pourrait-on se plaindre ?). La prise en main est correcte : dans le schéma de commandes classique, R2 sert à courir, L2 affiche les hotspots, le pavé tactile ouvre la carte, et le stick analogique gauche déplace le curseur. Avec l’option Direct Control, le stick gauche permet de déplacer Simon, et en gardant R2 enfoncé, il se met à courir.
Il faut toutefois souligner un dernier défaut : le jeu est assez court. On peut le terminer en trois heures, et même si l’on bloque à un moment, il sera difficile de dépasser les quatre heures. Dans ces conditions, il n’y a pas vraiment d’argument en faveur de la rejouabilité. Autre point potentiellement clivant : le style visuel pourra sembler amateur à certains, alors que la direction artistique colle parfaitement à ce que la franchise proposait déjà auparavant.
Simon de retour aux affaires
Le jeu est sorti il y a un mois. Malgré cela, il ne compte que 139 avis sur Steam, dont 85 % sont positifs. Comment se fait-il qu’il y en ait si peu ? Il en mériterait au moins dix fois plus ! Simon the Sorcerer Origins est un excellent jeu. Il est convaincant sous tous les angles, même s’il est un peu court, qu’il comporte pas mal d’allers-retours et que certains joueurs n’auront peut-être pas la patience nécessaire. En revanche, si vous aimez la franchise ou simplement le point and click, sortez sans hésiter les 25 euros pour l’acheter : il les VAUT largement. Le jeu de Smallthing Studios ressuscite la série avec brio, et il ne faudrait surtout pas que le public l’ignore… il mérite clairement qu’on s’y attarde.
-V-
Pro:
+ Un vrai retour dans le passé, sans jamais donner l’impression de forcer la nostalgie.
+ Expérience audiovisuelle très agréable (Chris Barrie !).
+ L’humour est au rendez-vous du début à la fin.
Contre :
– Un peu trop court.
– Beaucoup d’allers-retours.
– On peut douter de la patience du public moderne face à ce rythme old school.
Détails :
Développeur : Smallthing Studios
Éditeur : Inin Games
Date de sortie : 27 octobre 2025
Genre : point and click
Simon the Sorcerer Origins
Jouabilité - 7.2
Graphismes - 7.8
Histoire - 8.3
Musique/Audio - 9.2
Ambiance - 7.5
8
EXCELLENT
Il ne vous tiendra pas occupé très longtemps, mais pendant ces quelques heures, il vous scotche à votre siège... C’est une très belle réussite, qui aurait même pu aller encore un peu plus loin.





