Last Samurai Standing – Un battle royale de samouraïs trempé de sang sur Netflix

CRITIQUE DE SÉRIE – À première vue, la nouvelle série japonaise de Netflix Last Samurai Standing ressemble à une simple déclinaison de Squid Game en version katanas et chignons tirés. Au bout de quelques minutes pourtant, il devient évident que le projet vise beaucoup plus haut : l’ordre social vacillant du début de l’ère Meiji, la lutte désespérée de samouraïs déclassés pour sauver un reste de dignité et un jeu de survie d’une brutalité extrême se télescopent à l’écran. En seulement six épisodes, la série enchaîne cascades de niveau international et duels au sabre spectaculaires, tandis qu’une couche d’histoire sombre et un mystère savamment tendu grondent en permanence sous la surface.

 

Pour moi, Last Samurai Standing s’impose sans difficulté comme l’une des séries d’action les plus marquantes de l’année : chaque affrontement a un vrai poids physique, les duels sont chorégraphiés avec une telle précision qu’on se surprend à se contracter sur son canapé, et la mise en image parvient à être à la fois fidèle à l’époque et stylisée comme un grand film de cinéma. Junichi Okada mérite d’être cité à part, car en tant que comédien principal, producteur et chef d’orchestre des scènes d’action, il fournit un travail qui pourrait porter sans problème un blockbuster de salle. Ce qui emporte vraiment l’adhésion, toutefois, c’est que la série ne se résume pas à un décompte de cadavres, elle place aussi sous nos yeux, de façon très directe, les derniers soubresauts d’une classe sociale en train d’agoniser.

 

 

Bien plus qu’un simple clone samouraï de Squid Game

 

Difficile de ne pas tracer un parallèle entre Squid Game et Last Samurai Standing, puisque là aussi, tout tourne autour d’un jeu de mort démesuré dont, en théorie, un seul participant ressort vivant. Adaptée des romans Ikusagami de Shogo Imamura, la série jette près de trois cents samouraïs dans une longue compétition meurtrière mise en scène par une élite de l’ombre, immensément riche, avec à la clé une fortune promise au survivant. On pourrait se contenter de cette accroche et vendre le programme comme un Squid Game version samouraï, mais ce serait passer à côté de l’essentiel pour au moins deux raisons. D’abord parce que cette nouvelle série d’action de Netflix était déjà en développement avant l’explosion mondiale de Squid Game, ensuite parce que les deux œuvres abordent une situation de départ comparable avec des angles, des priorités et un ton profondément différents.

Squid Game est devenu un phénomène planétaire parce qu’en plus de son scénario millimétré, de son interprétation solide et de son esthétique marquante, il capturait avec une précision glaçante l’asphyxie d’un capitalisme moderne saturé de dettes. L’ultra spectaculaire Last Samurai Standing, lui, nous ramène dans le sillage de la guerre de Boshin (1868-1869), ce conflit civil qui a fait tomber le shogunat Tokugawa et transformé, en l’espace de quelques années, une caste respectée en population sans ressources, reléguée aux marges. Au cœur du récit, une conspiration sombre sert de moteur permanent, même quand les épées sont rangées, et donne au show une vraie tenue, indépendante de toute comparaison. Ces six épisodes pourraient sans peine supporter une saison plus longue et plus ample, mais le dispositif historique singulier et la qualité du travail des cascadeurs suffisent déjà à placer la série tout en haut du panier de l’action télévisuelle.

 

 

Un pèlerinage sanglant le long de la route du Tokaido

 

Le point de départ est d’une simplicité brutale : 292 samouraïs ruinés, déclassés, reçoivent une invitation pour un tournoi légendaire, le Kodoku, au cours duquel ils doivent franchir sept postes de contrôle en suivant la route du Tokaido vers Tokyo. La règle qui conditionne leur progression est à la fois limpide et terrifiante : ils doivent récupérer des plaques d’identification sur les autres participants, ce qui signifie que chaque pas en avant se paie par la chute de quelqu’un d’autre. Le public comprend très vite quels sont les moyens les plus efficaces pour mettre la main sur ces plaques, et la série n’a aucune intention de ménager ni ses personnages, ni l’estomac des spectateurs.

Au centre du récit se trouve Shujiro Saga (Junichi Okada), assassin de légende qui se lance dans le jeu pour gagner l’argent nécessaire au sauvetage de sa femme et de son enfant, tous deux frappés par le choléra. En chemin, il décide de protéger la plus jeune participante, Futaba Katsuki (Yumia Fujisaki), et se retrouve peu à peu à la tête d’un petit groupe disparate mais redoutablement efficace. Parmi ses alliés, on trouve sa belle-sœur, la très talentueuse Ironha Kinugasa (Kaya Kiyohara), le ninja quasi spectral Kyojin Tsuge (Masahiro Higashide), ainsi que l’archer profondément croyant Kocha Kamul (Shota Sometani). Ensemble, ils doivent non seulement survivre en respectant les règles du jeu, mais aussi démêler, pas à pas, les fils d’une conspiration d’une puissance inquiétante qui tire les ficelles en coulisses.

Les séries situées à l’époque des samouraïs vivent un véritable âge d’or, et l’immense succès de la nouvelle adaptation de Shōgun en est un exemple éclatant, avec ses personnages complexes, ses romances condamnées d’avance et ses intrigues de palais qui ont captivé le public. Last Samurai Standing observe avec une sensibilité comparable les forces de modernisation qui bousculent le Japon, mais depuis le bas de l’échelle sociale : ici, il n’est pas question des dilemmes de l’élite au pouvoir, mais du combat de samouraïs ordinaires qui tentent de tenir debout dans un monde où le rang conquis par l’épée ne vaut soudain plus rien. Le groupe secret qui orchestre le jeu mortel constituerait déjà un crochet narratif accrocheur, mais la vraie force de la série reste l’action qui vient remplir ce cadre. Le mystère qui bat au cœur de l’intrigue donne progressivement du poids à un postulat qui pourrait sembler invraisemblable, jusqu’à se transformer en une radiographie sociale d’une précision tristement convaincante.

 

 

Un héros charismatique et une galerie de seconds rôles mémorables

 

Junichi Okada incarne avec beaucoup de justesse Shujiro Saga, guerrier autrefois respecté qui passe désormais son temps à tenter d’échapper à son propre passé, cet homme que tout le monde connaissait sous le nom de Kokushu, le Massacreur. Son jeu reste à la fois retenu et chargé d’émotions : on voit un combattant lacéré par les traumatismes, qui trouve pourtant la force de reprendre le sabre pour protéger une jeune fille sans défense et sa propre famille. Okada n’est pas seulement le premier rôle, il est aussi l’un des producteurs et le chef d’orchestre des scènes d’action, et l’on perçoit clairement, à l’écran, à quel point il maîtrise le moindre détail de ce qui fait fonctionner un bon combat au corps à corps fondé sur la mémoire musculaire.

Masahiro Higashide apporte en continu un mélange de décontraction, de malice et de gravité à son personnage de guerrier, et injecte dans les affrontements un style comme un tempo très différents de ceux du héros. Hideaki Ito impose lui aussi une présence forte et menaçante dans la peau de Bukotsu Kanjiya, brute sanguinaire et impitoyable pour qui le jeu de la mort ressemble davantage à un loisir sanglant qu’à une stratégie de survie. La série regorge de seconds rôles capables de capter la lumière le temps d’une scène, tout en restant crédibles et cohérents dès qu’il s’agit de jouer en collectif. Dans l’ensemble, la troupe réussit à glisser de petits moments d’humanité au milieu de la boucherie, si bien que le show profite des codes du genre sans hésiter à s’en écarter quand c’est nécessaire.

Au final, Last Samurai Standing fonctionne à la fois comme drame de personnages, fresque de temps de guerre et série d’action à grand spectacle. Ces combattants ne sont pas de simples pions interchangeables sur un échiquier sanglant, leur passé, leurs fautes et leurs motivations donnent un vrai relief à chaque affrontement. Quand l’un d’eux tombe, il ne s’agit pas seulement d’une mort spectaculaire de plus au compteur, mais de la fin d’une trajectoire, et la série a le bon goût de ne pas l’effacer d’un revers de main.

 

 

Des duels au sabre de niveau mondial et une action sous haute tension

 

L’atout maître de Last Samurai Standing reste incontestablement la qualité de ses duels : on n’avait pas vu un tel niveau de chorégraphie au sabre depuis, sans doute, le brillant 13 Assassins de Takashi Miike. La série aligne quelques-unes des meilleures scènes d’action de l’année, au point que de nombreux amateurs n’hésiteront pas à la placer aux côtés d’un autre titre très remarqué comme The Furious. Styles de combat bien différenciés, coups d’épée fulgurants, flèches qui semblent épouser des trajectoires impossibles, tout concourt à rendre ces affrontements inoubliables, chaque combat arrivant avec son lot de trouvailles et de petits écarts visuels.

Ici, la barre est placée très haut : chaque confrontation paraît soigneusement construite, tandis que décors, costumes et lumière s’emploient ensemble à souligner à la fois la brutalité brute et une certaine beauté de l’époque. Last Samurai Standing aurait pu n’être qu’une succession d’excès, un festival d’action ne reposant que sur son concept, mais les créateurs visent manifestement beaucoup plus loin. Le contexte historique, profondément troublé, ancre la prémisse dans une forme de vraisemblance dérangeante, avec cette impression qu’un tel jeu aurait presque pu exister dans un moment où une classe entière était poussée au bord du gouffre.

Le casting solide et la direction artistique foisonnante ajoutent encore des couches au récit, si bien que la série dépasse très largement le cadre d’un simple jeu de survie. En tant que héros et maître d’œuvre de l’action, Junichi Okada se montre irréprochable : son personnage est à la fois abîmé, complexe et d’une détermination sans faille, et chacun de ses gestes donne l’impression que chaque coup porte vraiment. Les styles de combat singuliers, les éclats d’héroïsme et les retournements de situation placés au bon moment parviennent à garder un parfum de nouveauté, même dans un genre déjà saturé.

Certes, quelques intrigues secondaires, histoires passées et éléments de contexte auraient pu justifier une saison plus longue et plus détaillée, mais la série n’en fonctionne pas moins comme une machine d’action parfaitement réglée, tendue et impitoyable. Last Samurai Standing place la barre des séries de samouraïs en prises de vues réelles à un niveau que très peu de productions télévisées atteignent, et a tout pour devenir une référence durable chez les amateurs du genre.

-Gergely Herpai “BadSector”-

 

Last Samurai Standing

Direction - 9.2
Acteurs - 8.8
Histoire - 9.4
Visuels/Musique/Sons/Action - 9.2
Ambiance - 9.2

9.2

EXCELLENT

Last Samurai Standing est à la fois sanglante, spectaculaire et étonnamment émouvante, une plongée dans un moment de l’histoire où les samouraïs n’avaient plus que deux options, s’adapter ou disparaître. La série mêle la tension d’un jeu de survie, le poids du drame historique et la physicalité des meilleurs films d’action, si bien que chaque épisode arrive comme un direct en plein estomac. Pour celles et ceux qui apprécient les duels au sabre méticuleusement mis en scène, les récits centrés sur les personnages et une action sombre, traversée de tragédie, ce programme tient tout simplement du passage obligé.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)

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