Harlan Coben: Lazarus – Deuil familial, fantômes et psychologie de l’invisible dans le nouveau thriller de l’auteur

CRITIQUE DE SÉRIE – En six épisodes, la création Prime Video signée Harlan Coben et Danny Brocklehurst marie la précision du polar aux frissons d’un récit psychologique. Sam Claflin campe Joel « Laz » Lazarus, de retour au pays après la mort brutale de son père, et découvre vite que le deuil ne vient jamais seul: vieilles blessures, vieilles fautes et angoisses très contemporaines remontent en surface. La série n’a de cesse d’explorer la frontière où la raison s’arrête et où la brume commence: cet entre-deux où les fantômes, ou la culpabilité, semblent prendre la main.

 

Lazarus convoque les codes maison de Coben tout en restant étonnamment épuré. Pas de détours gratuits ni de faux-semblants: l’histoire d’une famille s’épluche couche après couche, tandis que la tension s’alimente du frottement constant entre phénomènes apparemment surnaturels et explications douloureusement humaines. Les amateurs de « encore un épisode ce soir » seront servis, même si un léger parfum de déjà-vu, typique de l’univers cobenien, persiste.

 

« Fantômes » chez le docteur

 

Le père de Joel « Laz » Lazarus, Jonathan, psychothérapeute respecté, est retrouvé mort dans ce qui ressemble à un suicide. Laz rentre pour veiller avec sa sœur Jenna et rouvre, ce faisant, la plaie de l’assassinat non élucidé de leur sœur jumelle, survenu il y a vingt-cinq ans. Jenna assume son tropisme bohème – réglage de chakras et séances de reiki à la chaîne –, tandis que Laz s’accroche à une logique clinique… jusqu’à l’irruption d’une patiente, Cassandra, obsédée par l’idée de tuer son compagnon, puis la « réapparition » de Jonathan lui-même, affirmant à son fils qu’il a été assassiné.

À partir de là, le dispositif Coben se met en place: point de vue fragile, traumatismes mal enterrés, vieilles fautes jamais lavées. Soit Laz cède sous le poids du deuil, soit il fait face à des âmes qui n’ont pas traversé. Dans les deux cas, la note à payer est salée.

Heureusement, son ami le plus proche, Seth (David Fynn), fait office de soupape comique et de boussole terre-à-terre. Grande gueule quand il faut, franc quand c’est nécessaire, il ramène le récit au concret. Policier de métier, il devient précieux lorsque Laz transforme ces « messages » en enquête parallèle – au risque d’attirer sur lui les soupçons de la maison.

 

L’univers Coben, enfin resserré

 

Là où d’autres adaptations s’égaraient en intrigues secondaires, Lazarus garde le cap: les à-côtés servent d’abord à épaissir les personnages, sans vampiriser le mystère central. Des squelettes tombent des placards – au sens propre comme au figuré –, les corps s’accumulent et la vérité familiale remonte par strates successives.

La distribution joue juste. Bill Nighy apporte ce capital d’affection nationale qui hausse instantanément les enjeux dès que le soupçon criminel s’installe. Sam Claflin tricote, sans forcer, deuil, colère, devoir et besoin de reconnaissance – suffisamment solide et attachant pour embarquer même les sceptiques. Face à lui, la Jenna d’Alexandra Roach fonctionne en contrepoint: sa voie « spirituelle » n’est pas un gag, mais l’un des idiomes possibles du deuil.

Le rythme connaît quelques creux, mais les révélations sont bien cadencées. La question centrale – effondrement psychique ou au-delà du voile – n’est pas un artifice: elle pilote la dramaturgie, et chaque réponse reconfigure la lecture de la saga familiale. En six volets, cette discipline sert remarquablement le matériau.

 

Regardable, parfois oubliable – mais efficace

 

Tout n’est pas parfait: Lazarus s’abandonne parfois à ce confort « regardable mais vite évacué ». Reste que l’équilibre entre drame intime et mécanique policière tient la structure d’un bout à l’autre. Mention spéciale à Seth: son alliage d’humour et de franchise maintient le récit au ras du réel, surtout quand Laz finit par ressembler à un suspect officiel.

Au final, Lazarus ne réinvente pas le genre, mais se montre plus tendu et plus propre que nombre de séries estampillées Coben. Le format six épisodes est le bon choix: la boucle se referme, pas de rappel inutile, pas de tentation de s’étirer. Pour une soirée d’automne sous tension mais sans épuisement, Lazarus fait le travail – et pourrait bien remettre quelques « fantômes » à leur place.

-Gergely Herpai « BadSector »-

Mise en scène: 55
Interprétation: 52
Scénario: 46
Image/Musique/Son: 62
Atmosphère: 56

CORRECT

 

Résumé en trois phrases

 

 

Harlan Coben’s Lazarus

Direction - 6.5
Acteurs - 6.1
Histoire - 5.5
Visuels/Musique/Sons - 6.6
Ambience - 6.1

6.2

CORRECT

En six épisodes, Lazarus mêle polar et horreur psychologique tout en déterrant, strate après strate, les secrets d’une famille. Sam Claflin et Bill Nighy donnent du poids au tiraillement entre rationalité et inquiétante étrangeté, tandis que l’intrigue reste plus disciplinée qu’à l’accoutumée chez Coben. Imperfectible et parfois oubliable, certes – mais l’équilibre et le cap tiennent jusqu’au bout.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines - including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)

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