Le paradoxe est saisissant : l’alliance salue Roblox, tandis que des poursuites sont engagées contre la plateforme…
L’Attorney General Alliance (AGA), un groupe bipartite réunissant des procureurs généraux d’États américains et travaillant sur des sujets émergents comme la régulation du cannabis ou les paris sportifs, lance une nouvelle initiative pour la sécurité des jeunes en ligne. Son premier partenaire dans le jeu vidéo n’est autre que Roblox. L’AGA a félicité Roblox pour la promotion d’expériences numériques plus sûres et plus positives grâce à un meilleur design produit. Un contraste étonnant, puisque deux membres de l’AGA, Liz Murrill (Louisiane) et Russell Coleman (Kentucky), poursuivent Roblox en justice.
Le projet Partnership for Youth Online Safety vise à réduire les risques en ligne via des mesures de protection pratiques, collaboratives et mesurables, fondées sur la conception. Il s’agit notamment d’élaborer des standards et bonnes pratiques de design sûr ; de mettre en place des systèmes de prévention de l’exploitation, du grooming et du harcèlement des mineurs ; de définir des standards de partage de données entre entreprises privées et forces de l’ordre ; d’améliorer l’information et la formation des parents ; et de bâtir des partenariats durables et fondés sur la confiance entre pouvoirs publics, industrie et associations, afin d’accélérer la réponse aux nouvelles menaces. Les premiers partenaires annoncés sont le Center for Humane Technology (ONG prônant une technologie au service de l’humain) et Roblox, l’une des plateformes de jeu les plus populaires, notamment chez les jeunes.
« Ce partenariat avec l’Attorney General Alliance marque une étape importante dans notre engagement constant pour la sécurité des enfants en ligne. En combinant nos décennies d’expérience avec l’autorité des procureurs généraux, nous pouvons co-concevoir et déployer rapidement la prochaine génération d’outils et de cadres de protection. Cette collaboration contribuera à fixer de nouveaux standards de sécurité dans l’écosystème numérique utilisé par les enfants et les adolescents. Chez Roblox, nous innovons et investissons en continu dans les dispositifs de sûreté — IA et modération humaine, filtrage des chats en temps réel, contrôle proactif des contenus — afin d’offrir un environnement positif et sûr aux millions de personnes qui créent et jouent chaque jour sur la plateforme », a déclaré David Baszucki, PDG de Roblox.
Ce partenariat tranche avec les poursuites déposées par la Louisiane en août et par le Kentucky en octobre, ainsi qu’avec l’enquête pénale ouverte récemment en Floride. Elles se sont accompagnées de déclarations très sévères : Liz Murrill a décrit Roblox comme un terrain libre pour les prédateurs sexuels ; Russell Coleman a parlé d’un « terrain de chasse » pour ces derniers, accusant l’entreprise de refuser délibérément des mesures de base. Murrill, qui a réagi sur Twitter à l’annonce, n’a pas paru impressionnée, tout en atténuant nettement le ton polémique : au-delà du lobbying, elle réclame des protections substantielles pour les enfants.
L’AGA ne dicte pas la politique publique ; c’est surtout un groupe de travail où des procureurs généraux partagent idées et analyses, et se réunissent ponctuellement. Le partenariat de Roblox n’empêchera donc pas directement les procédures, mais il peut les compliquer : il est plus ardu d’accuser une plateforme d’être un refuge pour prédateurs lorsque votre groupe professionnel la cite en exemple en matière de protection… Ce positionnement pourrait aussi aider Roblox à écarter d’éventuelles actions à venir.
Source : PC Gamer, PR Newswire



