Les compressions dans le secteur ne touchent pas que les studios: des rédactions entières se vident, et au cours des deux dernières années au moins 1 200 journalistes spécialisés ont quitté le métier.
Quand on parle de licenciements dans le jeu vidéo, il ne s’agit pas seulement des équipes qui programment le prochain AAA. Les marketing, les ingénieurs moteurs, les RH, les formateurs — et bien sûr les journalistes — sont également impactés. Depuis le début de la crise de l’emploi, la presse jeux vidéo subit des dégâts collatéraux, et l’on dispose enfin de chiffres pour en mesurer l’ampleur.
Press Engine — un outil utilisé par de nombreux reporters pour accéder aux communiqués, contacts studios et clés de test — dresse un constat alarmant. Selon VGC, sa base a perdu 600 journalistes sur les 12 derniers mois, autant que l’année précédente. Au total, cela fait 1 200 journalistes jeux vidéo partis en deux ans, rien que d’après cet outil.
En proportion, le haut du panier est le plus touché: Press Engine évoque −25 % d’effectifs dans les médias « Tier 1 » (sites à audience à sept chiffres). On parle notamment des grands anglo-saxons comme IGN, Polygon ou GameSpot, aux équipes plus étoffées que dans des pays comme l’Espagne. Chez les pigistes, temps partiels et amateurs, la chute grimpe toutefois à environ 4 000 personnes.
Un coup dur aussi pour les indés et les jeux mid-market
Auprès de VGC, Gareth Williams, co-fondateur de Press Engine, décrit un recentrage des grands médias sur quelques mastodontes, au détriment des niches, des indés et des titres plus modestes — une dynamique aggravée, selon lui, par des changements néfastes du moteur de recherche de Google. Comme il le résume: « A combination of factors has led to the loss of some of the brightest talent in video game journalism. »
Pour les jeux qui cherchent à émerger, c’est problématique: de moins en moins de médias et de plumes peuvent leur accorder du temps — surtout si, de facto, il n’y a de la place que pour une poignée de sorties. Sur ResetEra, les discussions vont dans le même sens: c’est une mauvaise nouvelle, et les créateurs de contenu ne peuvent pas, à eux seuls, combler tout le vide laissé par la presse.
Outre la baisse des revenus publicitaires, les sites spécialisés affrontent d’autres défis majeurs: la montée de l’IA menace la portée des contenus evergreen comme les guides, et la dépendance aux plateformes de recherche, capables de bouleverser le trafic en une nuit via un simple ajustement d’algorithme, accroît la fragilité du modèle.
Source : 3djuegos



