ACTUALITÉS CINÉMA – Paul Thomas Anderson n’est pas réputé pour des démarrages tonitruants, mais One Battle After Another a battu son record personnel dès son deuxième week-end. Avec 22,4 M$ aux États-Unis et une dynamique internationale solide, l’intérêt du public dépasse largement les pronostics pessimistes. Certes, le budget élevé (~130 M$) complique l’équation finale, mais le récit du « flop » ne colle pas aux données.
Si Anderson privilégie d’ordinaire le prestige à la surenchère commerciale, son nouvel opus a déjà dépassé le cumul mondial de There Will Be Blood (un peu plus de 77 M$). Les 22,4 M$ du week-end d’ouverture, meilleur lancement de sa carrière (loin devant les 5,7 M$ de Magnolia en 2010), ne suffisent pas à eux seuls à effacer un budget de ~130 M$, mais témoignent d’une audience plus large.
La « guerre » du box-office n’est pas tranchée
Sur 162 minutes, One Battle After Another aligne courses-poursuites et fusillades spectaculaires, porté par un casting singulier mené par Leonardo DiCaprio (Bob Ferguson, alias « Ghetto » Pat Calhoun), ex-révolutionnaire en fuite qui tente de protéger sa fille d’un officier corrompu. A l’international, l’ouverture a atteint 26,1 M$ ; l’enjeu clé restait donc la tenue au deuxième week-end.
À titre de repère, le précédent film de DiCaprio, le très long Killers of the Flower Moon, a chuté de 60 % après une ouverture à 23 M$ (pour finir à 68 M$ domestiques et 158 M$+ mondiaux, sur un coût de 200 M$+). Ici, la baisse est de 49 % à 11,1 M$ : honorable, mais pas de quoi garantir 100 M$ domestiques sans un maintien prolongé jusqu’à la saison des prix, où des nominations multiples pourraient doper la fréquentation.
Le « plancher » DiCaprio fait toujours la différence
Avec 96 % sur Rotten Tomatoes et un bouche-à-oreille solide, le film est porté par l’enthousiasme critique ; mais les 22,4 M$ de départ tiennent d’abord à la force de frappe de DiCaprio. C’est son 11e film non-franchisé à dépasser les 20 M$ en ouverture – de Titanic à The Revenant. Hormis Tom Cruise, peu d’acteurs garantissent encore un tel plancher.
Sans lui, Anderson serait sans doute resté sur sa trajectoire « niche » – comme There Will Be Blood, qui n’avait cumulé qu’un peu plus de 40 M$ domestiques malgré son statut de chef-d’œuvre. Ici, la proposition la plus « grand public » de sa carrière et la star ont ouvert le spectre.
L’équilibre financier se jouera sur la durée
Au bout de trois week-ends, le cumul mondial avoisine 138 M$. Avec ~130 M$ de production et ~70 M$ de marketing, le seuil de rentabilité cinéma se situe près de 300 M$ mondiaux. Un schéma « combustion lente » façon Argo (19,4 M$ → 136 M$ domestiques) ou The Departed (26,8 M$ → 132 M$) serait alors le scénario-type.
La marche paraît haute, mais le prestige peut payer : des projections évoquent jusqu’à 14 nominations aux Oscars (à l’égal de All About Eve, La La Land, Titanic), dont scénario adapté, réalisation et meilleur film pour Paul Thomas Anderson — potentiellement son premier Oscar avec l’œuvre la plus « commerciale » de sa filmographie.
Source : MovieWeb