Little Nightmares 3 – Cauchemar dans la rue Fares

TEST – Quand une franchise change de développeur, cela se sent toujours, et Little Nightmares 3 ne fait pas exception. Cette fois, ce n’est plus Tarsier Studios (occupé désormais par Reanimal) qui s’en charge, mais Supermassive Games, connu pour Until Dawn. Le résultat ? Un troisième épisode qui conserve l’âme de la série, mais perd une bonne partie de sa magie. Il faut être honnête : on est loin du niveau d’excellence que Tarsier avait su atteindre jusqu’ici.

 

Le concept reste le même : de petits personnages dans un monde immense et terrifiant. Ce qui change, en revanche, c’est la manière dont cette formule est exploitée.

 

 

La vie après Embracer

 

Depuis que Tarsier Studios a été racheté par l’Embracer Group, les droits de la série sont restés entre les mains de Bandai Namco Entertainment. Le choix de confier la suite à Supermassive Games semblait logique : le studio a déjà prouvé son savoir-faire narratif avec The Dark Pictures Anthology et Until Dawn. Il aurait été risqué de bouleverser la formule de Little Nightmares, et pourtant, malgré une apparente fidélité, Supermassive n’a pas su retrouver la subtilité du studio suédois.

Dans ce troisième volet, nous incarnons deux protagonistes inquiétants mais enfantins : Low et Alone (des noms qui, ironiquement, résument bien leur destin). Ensemble, ils doivent traverser plusieurs niveaux thématiques, en résolvant des énigmes et en coopérant. Leur taille minuscule contraste avec la grandeur de l’univers : pour franchir les obstacles, il faut souvent improviser des échelles ou s’entraider. L’influence de Josef Fares (It Takes Two, A Way Out) est évidente, mais ici la coopération reste optionnelle. On peut jouer en solo, tandis que le mode coopératif n’est disponible qu’en ligne. Pas de coopération locale, et c’est un énorme manque à gagner. Dommage, car la synergie entre les deux héros, dotés de compétences complémentaires, aurait pu être un vrai atout. Low utilise un arc et des flèches, Alone un outil plus brut – une clé anglaise – pour briser des murs fragiles. Les deux doivent combiner leurs forces pour progresser. Les énigmes sont simples, parfois trop, et se répètent rapidement. Heureusement, l’intelligence artificielle s’en sort honorablement : le partenaire agit de manière autonome et indique souvent la direction à suivre. Sans cela, l’expérience serait bien plus frustrante, tant le jeu peine parfois à montrer clairement ce qu’il attend du joueur. Les objets interactifs ne sont pas toujours évidents, et la direction artistique, bien que réussie, souffre d’une luminosité qui masque les indices visuels.

 

 

Petits héros, grands frissons

 

Malgré ses faiblesses, l’ambiance de Little Nightmares 3 fonctionne. Les environnements oppressants, les sons étouffés, les ombres mouvantes : tout concourt à une immersion sincère. Le jeu parvient même à provoquer de vrais moments d’angoisse, comme cette scène où une main gigantesque défonce un mur pour attraper nos minuscules héros. Joué à deux, le stress devient presque palpable. Pourtant, la mise en scène et les graphismes ne suffisent pas à masquer le manque de profondeur du gameplay. Trop souvent, on ne sait pas quoi faire : les morts s’enchaînent, on recommence, on tâtonne. Le jeu finit par ressembler à un labyrinthe d’essais et d’erreurs plus qu’à une aventure maîtrisée. Et au bout de quelques heures, l’ennui s’installe. Ce n’est pas un Rick Dyer, mais parfois, on a l’impression d’être revenu à l’époque de Dragon’s Lair : mourir, recommencer, encore et encore, jusqu’à comprendre la séquence. L’idée de déformer la réalité aurait pu être brillante… si la répétition n’avait pas tout étouffé. Trois heures suffisent pour en faire le tour, et la frustration grandit à mesure que les situations se répètent. Même la DualSense, censée renforcer l’immersion, finit par accentuer cette impression de lourdeur mécanique. L’intention était bonne, la réalisation beaucoup moins. Supermassive porte bien son nom, mais ici, l’échec l’est tout autant.

 

 

Retour aux sources ?

 

Little Nightmares 3 mérite son 6,5/10 : le jeu offre de jolis moments visuels, une atmosphère prenante, mais se perd dans la répétition et le manque d’inspiration. Low et Alone ne parviennent jamais à faire oublier Six et Mono, les héros des précédents volets. Supermassive Games devra oser davantage s’il veut donner un vrai souffle à la série, faute de quoi le quatrième épisode risque bien de sombrer dans l’oubli. Et soyons francs : d’ici un an, ce troisième volet finira sans doute dans le catalogue PlayStation Plus Essential. On prend les paris ?

-Gergely Herpai “BadSector”-

Pro :

+ Jouable en coopération (en ligne uniquement)
+ Exploite habilement les fonctionnalités de la DualSense sur PS5
+ Superbe direction artistique et animations expressives

Contre :

– Absence de mode coopératif local, une vraie occasion manquée
– Trop répétitif et bien trop court
– Certaines séquences peu lisibles et confuses


Développeur : Supermassive Games
Éditeur : Bandai Namco Entertainment
Genre : Plateforme / Puzzle / Horreur psychologique
Date de sortie : 10 octobre 2025

Little Nightmares 3

Jouabilité - 4.7
Graphismes - 7.3
Histoire - 6.8
Musique/Audio - 7.2
Ambiance - 7.5

6.7

CORREKT

Little Nightmares 3 conserve l’atmosphère oppressante qui a fait le succès de la saga, mais perd en inventivité et en précision. Une aventure brève et frustrante, sauvée par sa direction artistique et sa musique envoûtante. Un cauchemar qu’on aurait aimé plus audacieux… et un peu moins répétitif.

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Grabbing controllers since the middle of the nineties. Mostly he has no idea what he does - and he loves Diablo III. (Not.)

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