Blood of Mehran – Quand les Mille et Une Nuits croisent cent un bugs

TEST – Jadis guerrier légendaire, aujourd’hui veuf enragé : sur le papier, l’histoire de Mehran avait tout d’une épopée tragique et mystique. Mais le studio Permanent Way semble avoir transformé ce voyage de vengeance en une odyssée sablonneuse truffée de bugs. Entre sang, trahison et grains de pixel, Blood of Mehran voulait toucher au mythe… mais finit par s’écrouler comme un château de sable trop ambitieux.

 

Situé dans la Mésopotamie antique, le jeu nous place dans la peau de Mehran, un guerrier brisé par la perte de sa famille. L’introduction démarre sur un duel à mort face au roi responsable du massacre de sa femme et de son enfant. Après ce bref affrontement, le récit remonte dans le temps : Mehran est capturé, sa famille arrachée, et commence alors sa quête de vengeance — une évasion sanglante des geôles vers le désert brûlant.

Le scénario suit les codes classiques du récit de vengeance, tout en y ajoutant des touches de folklore oriental rappelant les Mille et Une Nuits. Dommage que ces éléments magiques ne soient qu’effleurés : on aurait aimé voir ce souffle mythologique se déployer pleinement. Le potentiel est là, mais la narration reste superficielle, comme une légende à moitié contée, dispersée par les vents du désert.

 

 

En sandales sous la tempête de pixels

 

Techniquement, Blood of Mehran semble bloqué dans une autre époque. Le modèle du héros est plutôt détaillé, mais les autres personnages paraissent sortis d’une vieille carte mémoire de PS2. Les animations sont raides, les cinématiques involontairement comiques, et les personnages se déplacent comme des pantins en bois. Les combats, un peu plus fluides, souffrent d’ennemis amorphes, insensibles aux coups d’épée qu’ils encaissent sans broncher.

Pop-in constant, textures qui s’affichent à la dernière seconde, caméra à donner le mal de mer : même la désactivation du flou de mouvement n’y change rien. Le framerate oscille entre 15 et 25 images par seconde, et plusieurs plantages se produisent avant même d’atteindre le menu principal. Côté audio, la bande-son mélancolique et orientale parvient à sauver un peu les meubles, mais le doublage est catastrophique. Entre cris théâtraux et répliques déclamées sans émotion, les scènes supposées tragiques tournent souvent à la farce.

 

 

Lames, arcs et nerfs à vif

 

Sur le plan du gameplay, Blood of Mehran reprend la formule du jeu d’action-aventure classique : niveaux linéaires, quelques détours pour ramasser des objets et des combats qui cherchent la mise en scène sans jamais atteindre l’intensité voulue. Mehran manie plusieurs armes – le shamshir à une main, les doubles lames, l’épée et le bouclier ou encore l’arc. Les attaques légères et lourdes sont assignées aux touches habituelles (R1/R2), et une jauge spéciale permet de déclencher des mouvements puissants, plus spectaculaires qu’efficaces. L’arc apporte un peu de variété mais manque de puissance, et lorsque les ennemis affluent en masse, les roulades deviennent capricieuses, voire inutiles. Il n’est pas rare de mourir piégé entre deux coups imparables pendant que l’IA s’acharne avec un plaisir sadique.

Les affrontements sont rapides mais rarement satisfaisants. Une fois la jauge de rage remplie, Mehran peut libérer une série d’attaques dévastatrices, impressionnantes visuellement mais dénuées de véritable stratégie. L’infiltration, censée offrir une alternative, est tout aussi bancale : le meurtre furtif utilise la même touche que l’attaque légère, si bien qu’on finit souvent par frapper bruyamment la cible au lieu de la neutraliser discrètement. Quant à l’intelligence artificielle, elle frôle le ridicule : les gardes ignorent les cadavres à leurs pieds comme s’ils faisaient partie du décor. Facile, certes, mais sans la moindre immersion.

 

 

Sang, sable et illusions perdues

 

Blood of Mehran regorge de bonnes intentions – et de bugs. Par moments, il rappelle pourquoi on aime les jeux indépendants : leur audace, leur sincérité, leur volonté de sortir des sentiers battus. Mais ici, le courage s’effondre sous le poids des problèmes techniques. Entre les saccades, les animations de bois et les dialogues risibles, l’aventure sombre dans une tragédie involontairement comique. Peut-être qu’un patch salvateur en fera un jour une expérience correcte, mais pour l’instant, c’est une épopée de vengeance transformée en leçon d’humilité pour les développeurs.

-Gergely Herpai “BadSector”-

Pro :

+ Bande-son envoûtante et mélancolique
+ Cadre historique original, teinté de mythologie
+ Quelques combats intenses et réussis

Contre :

– Performances désastreuses et bugs en pagaille
– Doublage ridicule et animations figées
– Récit prévisible et sans véritable émotion


Développeur : Permanent Way
Éditeur : Permanent Way
Genre : Action-Aventure
Date de sortie : 12 juin 2025

Blood of Mehran

Jouabilité - 6.4
Graphismes - 5.5
Histoire - 6
Musique/Audio - 7.5
Ambiance - 5.8

6.2

MÉDIOCRE

Blood of Mehran avait le cœur d’une épopée, mais l’âme d’un bug report. Malgré une musique envoûtante et une ambiance prometteuse, les problèmes techniques et la narration bancale plombent l’ensemble. Un voyage sanglant à travers le désert, à réserver aux plus indulgents des aventuriers.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)

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