Nintendo Switch 2 : un lancement réussi mais des développeurs frustrés par les Game-Key Cards

Tout le monde n’est pas satisfait de la Nintendo Switch 2, et cela pourrait être déterminant pour l’avenir de la console. Bloomberg rapporte que de nombreux éditeurs tiers réclament plus de souplesse dans la distribution de leurs jeux sur la machine.

 

C’est désormais un fait incontestable : la Nintendo Switch 2 a démarré en fanfare, et les premiers chiffres de ventes laissent présager une génération prometteuse pour les fans de Super Mario. Dès les premières semaines, les joueurs se sont plongés dans Mario Kart: World, Donkey Kong: Bananza et d’autres titres phares, tout en attendant impatiemment des expériences à venir comme Metroid Prime 4: Beyond ou Fire Emblem: Fortune’s Weave. Mais derrière l’enthousiasme général, des voix discordantes s’élèvent : plusieurs développeurs tiers s’inquiètent déjà des performances commerciales de leurs productions.

C’est du moins le ressenti perçu autour du Tokyo Game Show 2025. Ce festival japonais, devenu l’un des événements vidéoludiques majeurs du pays du soleil levant, ouvre ses portes aujourd’hui, 25 septembre, et accueillera des centaines de visiteurs jusqu’au 28. Des sociétés venues du monde entier – Xbox, 2K Games, Annapurna Interactive ou encore Bloober Team – se sont déplacées à Tokyo pour présenter leurs nouveautés au public passionné. Pourtant, selon Bloomberg, l’ambiance n’est pas aussi euphorique qu’espéré : l’élan suscité par la Switch 2 ne profite pas aux éditeurs tiers, dont beaucoup espéraient voir leurs ventes dopées, mais qui se disent finalement déçus.

 

Le dilemme des Game-Key Cards

 

Bloomberg, après avoir interrogé des développeurs anonymes, évoque un obstacle majeur : le très critiqué format Game-Key Card. Ces cartes physiques, proposées comme option de distribution, ne contiennent pas l’intégralité du jeu. Elles servent uniquement de clé pour activer le téléchargement de la version numérique, imposant ainsi aux joueurs d’insérer la carte tout en effectuant malgré tout une installation. En pratique, elles cumulent les inconvénients du physique et du digital.

Cette approche tranche avec les habitudes passées de Nintendo, qui offrait auparavant plusieurs tailles de cartouches permettant aux développeurs de choisir la plus adaptée à leurs besoins, optimisant ainsi les coûts de production. Avec la Switch 2, le choix est désormais réduit à deux options : des cartouches de 64 Go (chères à produire) et les Game-Key Cards (plus abordables, mais bien moins appréciées).

Sans surprise, ces dernières ne séduisent guère les joueurs. Sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui dénoncent l’absurdité d’acheter une cartouche physique sans jeu complet. Comme l’explique Kazunori Ito, analyste chez Morningstar, dans l’article de Bloomberg : « La key card paraît inachevée, puisqu’elle combine les défauts des versions physiques et numériques. On ne peut pas jouer sans la carte, mais il faut tout de même télécharger le jeu. »

 

Les Game-Key Cards sont-elles vraiment coupables ?

 

Bloomberg illustre l’impact de ce format sur les ventes. L’exemple de Daemon X Machina: Titanic Scion de Marvelous est parlant : sorti sur cartouche classique au Royaume-Uni, le jeu a réalisé 72 % de ses ventes physiques sur Switch 2 (données NielsenIQ). Au Japon, en revanche, il a été distribué en Game-Key Card, et seules 40 % des ventes physiques ont concerné la nouvelle console de Nintendo (via Famitsu).

Ce n’est pas la première fois que ce format est pointé du doigt pour expliquer les faibles ventes des jeux tiers. Quelques semaines après la sortie de la Switch 2, plusieurs éditeurs signalaient déjà des résultats décevants, accusant directement les key cards. Mais Daniel Ahmad, analyste chez Niko Partners, nuance : selon lui, le véritable problème est lié au fait que les joueurs doivent acheter une nouvelle console pour accéder à ces versions, alors que les mêmes titres sont disponibles sur PlayStation ou Xbox. « Les Game-Key Cards sont peut-être le quatrième ou cinquième facteur expliquant la mévente des jeux tiers », observe-t-il. « En dehors des cercles d’initiés, ce n’est pas un véritable problème, et la majorité des joueurs ne rechignent pas à posséder une édition physique nécessitant un téléchargement. »

Reste que ce format a une justification économique : les jeux modernes deviennent de plus en plus volumineux, et les cartouches de Nintendo coûtent davantage à produire que les disques des PS5 et Xbox Series. Bloomberg estime qu’une cartouche capable de contenir certains de ces mastodontes ajouterait 10 à 20 dollars au prix final. Pourtant, les développeurs présents au Tokyo Game Show 2025 s’accordent sur une chose : Nintendo devrait réintroduire davantage d’options de stockage pour ses cartouches. Comme le conclut Ito : « Pour que la Switch 2 réussisse à long terme, elle doit devenir une plateforme plus attractive pour les développeurs tiers. C’est pourquoi je vois là un signe préoccupant. »

Source : 3djuegos

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