Pour conserver ces titres dans son catalogue, Steam n’a pas d’autre choix que de faire payer ce qui était auparavant gratuit, bien que les développeurs assurent que « ce n’est pas la faute de Valve. » Le conflit entre les prestataires de paiement et les créateurs oblige désormais à sortir les mises à jour sous forme de DLC payants.
Ce n’est pas nouveau : les jeux vidéo abordent depuis longtemps des thèmes adultes. Dès les débuts, des sociétés comme Atari n’hésitaient pas à publier des titres osés, avec des graphismes pixelisés laissant peu de place à l’imagination, réussissant pourtant à échapper à la censure. Quarante ans plus tard, les jeux “adultes” existent toujours, mais les tensions entre prestataires de paiement et développeurs compliquent leur distribution, forçant Valve à agir.
Le dernier épisode de ce bras de fer sur la définition du « contenu acceptable » touche désormais les mises à jour des titres NSFW (Not Suitable for Work – pour leur contenu sexuellement explicite ou leur violence graphique). Les développeurs ne peuvent plus proposer de correctifs gratuits : ils doivent désormais les publier sous forme de DLC payants pour obtenir l’aval de Steam.
Une astuce pour publier des « mises à jour »
Parmi les premiers à adopter cette solution, on trouve Crimson Delight Games, créateurs du RPG érotique Tales of Legendary Lust: Aphrodisia (inutile de chercher le lien). Sorti le 15 septembre et clairement indiqué comme réservé aux adultes, le jeu devait recevoir rapidement de nouveaux “chapitres” et “scènes” afin de patienter jusqu’au gros DLC prévu en 2026.
Mais ces ajouts ne paraîtront plus de la façon habituelle : autrement dit, pas gratuitement. Les prestataires de paiement exercent une pression croissante sur les plateformes comme Steam, créée par Gabe Newell. Pour qu’un tel titre soit jugé « acceptable », l’éditeur doit examiner son contenu afin de vérifier sa conformité aux règles. Comme Valve n’a jamais pratiqué une politique de censure stricte – sauf dans des cas extrêmes, comme des jeux montrant une violence explicite contre les femmes – elle a proposé aux développeurs adultes une solution intermédiaire : publier les mises à jour comme des DLC. La logique découle des normes imposées par des sociétés comme VISA, qui visent surtout les projets en développement ou en Early Access ; une fois un jeu terminé, le contrôle se relâche, que ce soit sur Steam ou sur Itch.io, autre plateforme impactée.
« Le problème, ce n’est pas Valve »
Même si la mesure peut sembler anti-consommateur – les correctifs étant normalement gratuits, sauf s’ils sont annoncés comme DLC – Crimson Delight a remercié « les efforts de Steam » pour éviter que leur travail ne soit censuré ou retiré. Lorsque la polémique a éclaté il y a quelques mois, Valve aurait pu supprimer d’un coup toute la section adulte de son catalogue. Mais selon les développeurs, « le problème ne vient pas de Valve, mais des sociétés qui gèrent les paiements. »
Tant que ces jeux n’affichent pas de scènes d’abus ou de dénigrement excessif, ils ne seront ni bannis ni censurés. En transformant les mises à jour en DLC – du contenu finalisé et validé par l’auteur – elles restent accessibles aux joueurs. Pendant ce temps, des associations comme Collective Shout et Women In Games continuent de dénoncer « l’objectification » des femmes dans les jeux vidéo. S’il est évident que les contenus dégradants doivent être exclus, dans le cas précis de ce RPG (que nous ne montrons pas pour des raisons évidentes), les scènes sont consensuelles et les personnages masculins sont également sexualisés. La solution de Steam apparaît donc comme un compromis : elle n’empêche pas la publication des titres adultes et de leurs contenus, sans obliger Valve à adopter d’autres méthodes de paiement, contrairement à Itch.io.
Source : 3djuegos