The Thursday Murder Club – Meurtres, humour et élégance britannique sur Netflix

CRITIQUE DE SÉRIE – La mort plane sur The Thursday Murder Club, non seulement parce que ses membres dissèquent des affaires criminelles, mais aussi parce qu’ils vivent dans une résidence pour seniors où la fin de vie est omniprésente. L’adaptation par Chris Columbus du best-seller de Richard Osman (2020) ne bouleverse pas le genre policier, mais elle livre un récit attachant, parfois drôle et souvent émouvant. Portée par Helen Mirren, Pierce Brosnan et Ben Kingsley, la série équilibre noirceur et légèreté avec une aisance remarquable. Si l’ensemble reste imparfait, il dispose d’assez de charme et de prestige pour capter deux heures de l’attention des abonnés Netflix.

 

L’intrigue met en scène des retraités qui refusent de se laisser glisser dans la torpeur du grand âge et veulent démontrer qu’ils gardent encore de l’énergie et de la vitalité. La mise en scène de Columbus privilégie la chaleur et la convivialité, et même si la réalisation laisse apparaître des fissures, le charisme de la distribution compense largement. Avec Mirren, Brosnan et Kingsley en têtes d’affiche, la production bénéficie d’un éclat qui retient le spectateur malgré ses faiblesses.

 

 

Une nouvelle venue, une vieille affaire

 

Malgré les réticences de sa fille Joanna (Ingrid Oliver), gestionnaire de fonds spéculatifs, Joyce Meadowcroft (Celia Imrie) s’installe à Coopers Chase dans l’espoir de se faire des amis. Elle ne tarde pas à croiser Elizabeth Best (Mirren), Ron Ritchie (Brosnan) et Ibrahim Arif (Kingsley), penchés sur un mur couvert de photos et de preuves. L’affaire qui les occupe remonte à 1973 : une mystérieuse femme en blanc morte dans des circonstances troubles, son compagnon louche rejetant la faute sur un cambrioleur masqué.

Le calme de Joyce devant ces images macabres révèle à Elizabeth son passé d’infirmière. Quand cette intuition se confirme, Joyce rejoint le club, fondé à l’origine par Elizabeth et sa meilleure amie Penny, policière désormais alitée, inconsciente, veillée par son mari John (Paul Freeman). L’état de Penny, comme la démence du mari d’Elizabeth, Stephen (Jonathan Pryce), rappellent douloureusement à ces personnages que le temps est compté, même si l’existence conserve encore des instants lumineux.

 

 

Une Miss Marple contemporaine

 

La série ne cache pas la tristesse ni la fragilité liées à l’âge, mais elle les contrebalance par une tendresse qui rend ses personnages attachants. Helen Mirren, en Elizabeth, impose autorité et ruse, une Miss Marple moderne et acérée. Brosnan et Kingsley apportent un contrepoint amusant : Ron, ex-syndicaliste au tempérament combatif, et Ibrahim, psychiatre méticuleux dont le costume impeccable et le nœud papillon traduisent la personnalité. Joyce trouve rapidement sa place dans ce groupe, juste au moment où Coopers Chase devient le théâtre d’événements inquiétants. Peu après que le quatuor surprend une altercation entre les copropriétaires Tony Curran (Geoff Bell) et Ian Ventham (David Tennant), Tony est retrouvé battu à mort.

Ian, empêtré dans un divorce coûteux et désireux de transformer le domaine en appartements de luxe — projet impliquant même l’exhumation du cimetière, contre la volonté de Tony — devient le suspect idéal. Mais rien n’est simple dans The Thursday Murder Club. D’autres victimes apparaissent, et les soupçons se portent tour à tour sur Bogdan (Henry Lloyd-Hughes), l’entrepreneur d’Ian, et sur Jason (Tom Ellis), le fils boxeur de Ron. Columbus insuffle une certaine vivacité, mais l’image souffre de la patine sombre habituelle de Netflix. Quant au scénario, signé Katy Brand et Suzanne Heathcote, il demeure le talon d’Achille de la série.

 

 

Dialogues fades, comédiens éclatants

 

Malgré des rebondissements nombreux, le ton vire parfois vers la sitcom, affaibli par des dialogues figés et simplistes. Brosnan et Kingsley insufflent de l’énergie, mais ne parviennent pas à sauver des répliques trop plates. Richard E. Grant rejoint l’intrigue dans la peau d’un personnage trouble lié à Tony et Ian, tandis que le club s’allie avec l’agente Donna De Freitas (Naomi Ackie), dont l’accord officieux avec Elizabeth irrite régulièrement son supérieur, l’inspecteur Chris Hudson (Daniel Mays).

Un soupçon de féminisme, grâce à la présence de Donna et à un retournement final, donne un peu de relief, mais l’ensemble préfère rester un divertissement policé, plus confortable que subversif. Avec ses deux heures, la série paraît trop longue, et la multiplication des cadavres n’accroît guère la tension. Certes, les grands noms du théâtre et du cinéma britannique trouvent chacun un instant pour briller, mais l’écriture émoussée empêche l’œuvre de s’élever.

 

 

Humour discret, occasions manquées

 

Hormis quelques plaisanteries liées à l’âge, la série mise davantage sur ses intrigues que sur un vrai sens comique. Pourtant, malgré leurs détours, ces enquêtes manquent d’ingéniosité, tandis que la menace de fermeture de Coopers Chase n’apparaît jamais comme un enjeu crédible. La tension et le danger se font rares, compensés seulement en partie par la force d’attraction des interprètes. L’ensemble, toutefois, pose les bases d’une formule qui pourrait se révéler plus efficace à l’avenir. À l’ère du streaming, le public ne se lasse pas des récits de crimes et de chaos : entre de meilleures mains, Mirren, Brosnan, Kingsley et leurs partenaires pourraient bien former une redoutable équipe de détectives sexagénaires et plus.

-Gergely Herpai „BadSector”-

The Thursday Murder Club

Direction - 6.4
Acteurs - 6.6
Histoire - 6.3
Visuels/Musique/Sons - 6.8
Ambiance - 5.8

6.4

CORREKT

The Thursday Murder Club n’est pas exempt de défauts, mais son charme et son casting prestigieux lui donnent une véritable valeur. L’écriture reste en retrait, mais la présence de Mirren, Brosnan et Kingsley garantit toujours de l’intérêt. Une base prometteuse qui, avec des scénarios plus acérés, pourrait devenir une franchise à suivre de près.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)

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