CRITIQUE DE SERIE – Les quatre premiers épisodes de la deuxième saison de Wednesday ressemblaient à un joyeux désordre – ce qui est déjà beaucoup dire pour une série qui se nourrit de chaos, de désordre et de facéties surnaturelles. La seconde moitié, en revanche, remet enfin de l’ordre : les intrigues superflues sont bouclées, le récit retrouve sa véritable essence et deux drames familiaux s’entrecroisent pour porter la tension à son paroxysme – et réveiller les morts une dernière fois. Jenna Ortega reste impeccable dans son rôle de gothique violoncelliste adorée de tous, mais cette fois, c’est un zombie qui s’approprie la scène.
Comme le montrait déjà la bande-annonce de la seconde partie, Wednesday sort de son coma… sans le moindre répit. Dès qu’elle ouvre les yeux, elle se retrouve dans le bureau spirituel de Larissa Weems (Gwendoline Christie), l’ancienne directrice de la Nevermore Academy, récemment décédée. Weems est techniquement sa cousine au treizième degré deux fois éloignée, et puisque son « guide spirituel » doit obligatoirement être un membre de la famille, elle devient littéralement l’ange sur son épaule. Toujours prompte à lui reprocher ses choix égoïstes et arrogants, elle lui prodigue pourtant des conseils indispensables. Wednesday est persuadée qu’il lui suffit d’éliminer Tyler (Hunter Doohan) avant qu’il ne tue Enid (Emma Myers) et elle-même pour annuler la prophétie… mais la menace qui plane s’avère bien plus vaste qu’elle ne l’imaginait.
Zombies et obsessions
La surprise, ce n’est pas Grandmama (Joanna Lumley) qui vient réparer la relation brisée entre Wednesday et Morticia (Catherine Zeta-Jones) – ce que l’on pouvait croire au départ –, mais bien Weems, la rivale de longue date de Morticia, condamnée à vivre dans son ombre à Nevermore. Ce n’est là qu’un des nombreux petits retournements que réserve cette seconde partie. Plusieurs intrigues secondaires, qui semblaient jusque-là anecdotiques ou ennuyeuses, reprennent vie avec force dans les quatre derniers épisodes. Pugsley (Isaac Ordonez) reste toujours aussi fade, mais son idée insensée de déterrer la tombe d’un ancien élève finit par donner naissance à l’un des moments les plus marquants de la saison.
C’est alors que Slurp (Owen Painter) s’impose comme une figure centrale, éclipsant tous les autres. À mesure qu’il retrouve peu à peu conscience et forme humaine, on découvre qu’il est bien plus qu’un simple animal de compagnie. L’interprétation de Painter est saisissante – à la fois inquiétante et stylée, rusée et magnétique – rappelant le mauvais garçon d’un slasher des années 80-90, ou encore Dan Stevens dans The Guest. Scène après scène, il devient plus captivant, jusqu’à voler carrément la vedette à Ortega. Honnêtement, un épisode entier centré uniquement sur lui n’aurait pas été de trop. Slurp ne se contente pas d’apparaître dans l’histoire : il l’accapare.
Toutes les routes mènent quelque part
Bien sûr, toutes les intrigues secondaires ne débouchent pas sur de grandes révélations. Certaines se terminent en un chaos dramatique sans lien direct avec Wednesday ni avec l’intrigue principale. Le proviseur louche de Steve Buscemi paraît gâché, tout comme le professeur sans tête incarné par Christopher Lloyd. Pourtant, la scène où il anime un groupe de soutien pour membres désarticulés est un petit bijou – et Thing ne manque jamais une séance. À un moment donné, Agnes (Evie Templeton) – la harceleuse invisible de Wednesday – s’y glisse, meurtrie par un nouvel affront.
Agnes s’impose comme l’un des atouts majeurs de cette saison. À la fois effrayante et attendrissante, son attachement maladif à une Wednesday totalement indifférente crée une dynamique étonnamment touchante. Sa jalousie envers Enid est aussi drôle que compréhensible. Leur amitié se développe avec une belle délicatesse et devient l’un des liens les plus forts et les plus crédibles de la série entière.
Affaires de famille
Même si la saison place clairement la famille Addams au centre, Gomez (Luis Guzmán) et Pugsley peinent à convaincre. La chimie entre Guzmán et Catherine Zeta-Jones est inexistante, et avec Ordonez, on peine à ressentir le moindre lien familial. Peut-être est-ce parce que l’interprétation mythique de Raul Julia, ou celle de John Astin dans la série des années 60, reste gravée comme référence. Transformer Grandmama en une figure froide, élégante et presque antagoniste semble également une erreur, la privant de l’excentricité chaleureuse qu’on lui connaît. En revanche, Fred Armisen incarne un Uncle Fester impeccable : fidèle à l’esprit du personnage et capable d’arracher plusieurs fous rires.
Certes, Gomez et Pugsley manquent encore de développement cette année, mais j’espère que la saison 3 reviendra à l’essence « creepy, kooky, altogether ooky » qui fait le charme de la famille Addams depuis des décennies. La série souffre toujours d’un manque de cohérence et de digressions qui ne servent pas l’intrigue principale, mais tout laisse penser que la prochaine saison pourrait offrir des retournements aussi surprenants que pleinement mérités.
-Gergely Herpai “BadSector”-
Wednesday Saison 2 Partie 2
Direction - 7.1
Acteurs - 7.2
Histoire - 7.3
Visuels/Musique/Sons - 7.2
Ambiance - 7.2
7.2
BON
La seconde partie de la saison 2 de Wednesday fait le ménage dans les intrigues inutiles et met en avant les dynamiques familiales ainsi qu’un zombie inattendu. Jenna Ortega reste le pilier de la série, mais Owen Painter, grâce à Slurp, rafle toute la vedette. Malgré un manque de focus persistant, la conclusion pose des bases solides pour une troisième saison pleine de promesses.