Conjuring: L’Heure du jugement – Une idée prometteuse, plombée par des longueurs et des frayeurs édulcorées

CRITIQUE DU FILM – Quatrième et dernier chapitre de la saga, Conjuring : L’Heure du jugement clôt le parcours surnaturel d’Ed et Lorraine Warren. Si l’univers s’est enrichi de spin-offs comme Annabelle et La Nonne, les films principaux Conjuring en ont toujours constitué l’ossature. Voici donc l’heure du dénouement. Mais cette conclusion est-elle à la hauteur des attentes, ou bien n’est-elle qu’un adieu étiré et affaibli ?

 

Difficile de croire que douze ans se sont écoulés depuis la sortie du premier Conjuring. La franchise a connu des triomphes spectaculaires et des détours beaucoup plus contestés, avec une qualité inégale d’un film à l’autre. Pour ce dernier volet, l’enjeu était colossal : offrir une sortie digne à Patrick Wilson et Vera Farmiga, indissociables du couple Warren. Le précédent opus, Conjuring 3 : Sous l’emprise du Diable (2021), avait osé bâtir son intrigue autour d’un procès où la possession démoniaque servait de défense. Une idée séduisante en théorie, mais affaiblie par une réalisation sans relief. James Wan s’était retiré, Michael Chaves avait pris les commandes, et l’essoufflement de la saga devenait évident. Son retour pour ce final a donc suscité plus de méfiance que d’enthousiasme — y compris chez moi.

 

 

Banlieue tranquille, miroir maléfique

 

L’action se déroule en 1986, cinq ans après les événements du troisième film. Les Warren mènent une existence discrète : Ed se remet difficilement de ses problèmes cardiaques, tandis que Lorraine s’efforce de maintenir la sérénité du foyer. Leur fille Judy, désormais adolescente et en couple, goûte à une vie paisible qui pourrait presque sembler ordinaire. Mais cette accalmie est vite brisée : une famille de Pennsylvanie tombe sur un miroir hanté, lié à la fois au passé de Judy et aux anciennes affaires du couple.

Le film s’ouvre par un flashback : Ed et Lorraine, plus jeunes, confrontés à ce même miroir avant la naissance de leur fille. Des décennies plus tard, l’objet réapparaît dans la maison des Smurl et ramène inévitablement les Warren dans la tourmente. Sur le papier, ce double récit pouvait donner au final une dimension familiale forte et émouvante. Mais la lenteur et la structure dispersée du film enterrent vite cette ambition.

 

 

Un démarrage poussif, des frissons recyclés

 

Le défaut le plus évident reste la durée et le rythme. Avec plus de deux heures au compteur, le premier acte s’étire à l’infini : barbecues de voisinage, conversations banales, visite des reliques. Ces scènes humanisent certes les personnages, mais un film d’horreur ne peut se contenter de ce vernis domestique. Quand la menace surnaturelle finit par apparaître, la patience du spectateur est déjà bien entamée.

Le récit des Smurl, quant à lui, enchaîne les clichés : un père sceptique jusqu’à sa propre possession, des silhouettes tapies dans l’ombre, des visages flous en arrière-plan et le jump scare accompagné du silence brutal. Autrefois redoutablement efficaces, ces ressorts paraissent ici usés jusqu’à la corde. Le mélange d’une mise en place trop lente et de frayeurs prévisibles épuise plus qu’il ne terrifie.

Chaves cherchait clairement à bâtir une tension façon « slow burn », mais la mayonnaise ne prend pas. Les deux intrigues — la vie tranquille des Warren et le cauchemar des Smurl — cheminent trop longtemps séparément avant de s’entrechoquer sans finesse. Le troisième acte apporte enfin un regain d’énergie et de spectacle, mais demeure inégal et parfois bâclé.

 

 

Des acteurs solides, un parfum de nostalgie

 

Ce qui empêche le film de sombrer, ce sont Patrick Wilson et Vera Farmiga. Depuis le premier Conjuring, ils incarnent le cœur de la saga et leur alchimie fonctionne toujours à merveille. Leur complicité rend crédible leur relation, et leur adieu est teinté d’une émotion sincère. Ce dernier tour de piste s’impose comme l’un de leurs plus beaux.

La reconstitution des années 1980 est également réussie. Costumes, décors et ambiance restituent avec précision une atmosphère rétro. Les amateurs de Stranger Things y trouveront des échos familiers, tandis que le climax rend un hommage appuyé à Poltergeist. Ce n’est pas de l’innovation, mais cela fonctionne. Et surtout, la conclusion n’ajoute pas de sursaut gratuit ni de teaser de suite : les Warren se retirent pour de bon et la saga s’incline avec eux. Une fin assumée, bienvenue.

 

 

La peur et l’adieu côte à côte

 

Conjuring : L’Heure du jugement ne révolutionne pas le genre, mais clôt la saga avec une certaine dignité. Le rythme poussif, les ficelles usées et le manque de souffle l’empêchent de retrouver l’intensité des débuts. Mais la sincérité des acteurs et l’esthétique rétro lui évitent le naufrage. Les Warren restent le cœur battant de la franchise et la portent jusqu’au bout. Faut-il pour autant payer une place de cinéma ? Probablement pas : c’est en streaming que ce film trouvera vraiment sa place.

-theGeek-

 

 

Conjuring: L’Heure du jugement

Direction - 6.2
Acteurs - 7.1
Histoire - 6.4
Éléments horrifiques - 4.2
Ambiance - 6.1

6

CORREKT

Conjuring: L’Heure du jugement offre un adieu étiré mais honnête à une saga emblématique de l’horreur. Les prestations des acteurs et l’ambiance des années 1980 compensent partiellement une durée excessive et des procédés horrifiques usés. Pas un désastre, mais un film qui se dégustera mieux en streaming qu’au cinéma.

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